lundi 11 juin 2012

Pourquoi les choses (de la vie) vont-elles (souvent) mal ?

Me voilà plongée dans une question existentielle épineuse qui me renvoie à ma khâgne, trois ans en arrière. C'est Kielut qui me l'a posée, et bigre, ce n'est pas évident. Je vais essayer de dérouler ma pensée en l'organisant un peu, sans vous en faire une dissert en 3 parties non plus (j'ai eu 2 en philo à mon concours HEC, donc je ne suis pas très douée dans cette matière qui, scolairement, m'horripile).

D'abord, il me semble qu'on ne s'écoute pas assez : lorsqu'on est face à un problème, un choix, une difficulté, une opportunité et que sais-je, est-ce qu'on écoute l'écho que cela provoque en nous ? Est-ce qu'on écoute notre corps, notre cœur, ce qu'on ressent au plus profond de nous ? La malheureuse réponse est non, sauf lorsqu'on a fait un très (très) gros travail sur soi, et encore. Nous sommes depuis presque toujours conditionnés par les convenances, l'image des hautes études qui nous confèrent un statut important, d'élite, et cette idée que rien d'autre ne pourrait nous élever aux sommets (quels sommets d'ailleurs, dites le moi ?) On a toujours appris à raisonner avec notre mental et non notre ressenti, on apprend très vite à se couper de ses émotions pour penser carrière, CV, opportunité à saisir, cursus, parcours, élitisme... Mais quand est-ce qu'on pense à SOI dans tout ça ? Je ne parle pas de faire tourner le monde autour de son nombril, mais d'apprendre à se connaître soi avant de s'engager dans une voie souvent spécialisée qui ne permettra pas de retour en arrière ? Il y a les fonceurs, qui sacrifient la beauté de l'instant en prévision de leur bonheur futur, et malheureusement, je crains que dans ce cas, des choses de leur vie se passent souvent mal : problématiques relationnelles, identification à des valeurs qui ne nous appartiennent pas, déni de soi... je caricature peut-être, mais malheureusement j'ai des exemples autour de moi qui sont criants. Souvent, ce sont ces mêmes personnes qu'on retrouve à 40 ou 50 ans, en pleine crise, sur le divan d'un psy parce qu'ils sont tellement perdus qu'ils pensent qu'un psy les aidera (heu... non, sachez qu'il y a d'autres moyens que celui-là)

Et il y a ceux qui écoutent uniquement leurs aspirations, qui rêvent éveillés, qui réalisent très tôts leurs rêves de voyages, d'humanitaire, ou de bébés, de mariage... mais je crains que si l'on fonce aussi tête baissée vers ses rêves sans être certains qu'ils nous appartiennent réellement et constituent une partie de nous (est-ce que je veux faire de l'humanitaire parce que je l'ai dans la peau, ou parce que mes parents ont toujours voulu faire ça, et inconsciemment, je sais que si je prends cette voie, ils seront fiers et j'aurai de la reconnaissance de leur part?) ou est-ce une projection d'autrui sur nous ? Ces gens qui sont fantastiques, ils écoutent leur coeur, ils ne pensent pas CV mais humain. C'est génial... et pourtant on en retrouvent beaucoup (trop) qui pètent aussi un plomb car ils se sont tellement oubliés qu'ils en arrivent au Burn Out (Clés a fait un magnifique article là-dessus dans son avant-dernier numéro). Alors pour eux aussi, il y a des choses qui se passent mal : quelle est leur identité ? Qui a pensé à eux pendant qu'ils s'escrimaient à sauver le monde ? Que vont-ils faire demain ? Quel est le but de tout ce qu'ils ont fait jusque là ? Quel en est le sens profond ?

Je suppose donc que les choses de la vie vont souvent mal parce qu'on ne sait pas jauger le mieux pour SOI avec toutes nos composantes. Il faudrait qu'on nous apprenne à écouter notre instinct, notre corps, notre cœur, notre raison aussi (oui, car c'est tout de même important pour ne pas faire n'importe quoi) de façon stratégique pour servir au mieux nos envies et nos aspirations sans se mettre en danger. Il faudrait avant tout savoir qui on est, ce qui nous compose et être capables de dessiner cette personne pleinement réalisée et épanouie que l'on souhaite être tous les jours de notre vie, et se donner les moyens de l'atteindre. Celui qui sait faire ça, je le salues bien bas !

Les choses se passent sans doute mal également parce qu'au fond, parfois, ça nous arrange bien, ou ça arrange notre inconscient. Est-ce que c'est anodin à votre avis qu'une jeune femme qui allait passer son concours (examen ?) de Pompier pour réaliser son rêve après des années d'entrainement, se casse bêtement la jambe la veille ? Histoire vraie ! Après travail sur elle, elle a compris d'où lui venait cette envie dévorante, et elle ne venait pas d'elle. Au fond, c'était le rêve que quelqu'un d'autre a projeté sur elle, elle l'a accepté et a occulté ses véritables désirs des années, jusqu'à ce que son être profond se rappelle à elle. Grâce à un travail personnel poussé, elle a pu démêler tout ça et mettre le doigt sur ce qu'elle avait réellement envie de faire de sa vie...

Qu'en pensez-vous ? Suis-je complètement à côté de la plaque ? J'en ai perdu beaucoup en route ? Et à votre avis, pourquoi les choses se passent souvent mal dans la vie ? Bon, je vous avoue que j'ai dû m'arrêter car je ne veux pas vous saouler de mes élucubrations mais j'aurais bien continué un peu ... (et puis j'ai hésité 1000 ans avec l'image à choisir, et j'aime tellement celle-là que je n'ai pas pu résister à la mettre ici...)
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6 commentaires:

  1. L'image est très bien !! Je me retrouve très bien dans les fonceurs qui se veulent rêveurs. L'un comme l'autre je fonce dans le mur, si je comprends bien...
    Pourquoi çà se passe toujours mal ? Parce qu'on est humain tout simplement : pleins de contrariétés, de contradictions, de jugements, de remords, de regrets, de doutes... Quoiqu'on fasse, il y aura toujours une part de nous qui dira "et si ?"
    Je suis à l'aube de faire mon bilan de compétence car mon emploi ne me correspond pas, et je suis morte de peur. Je découvre soudain tout ce que je pourrais quitter en risquant une autre vie, un autre métier.
    Figures-toi que je viens de découvrir que je pourrais prendre des cours de théâtre l'an prochain avec mon entreprise, sans que celle ci occupe une once de l'espace... et je me dis : c'est trop bête ! Si je fais mon bilan, je vais rater la chance de pouvoir faire du théâtre, continuer l'écriture etc...

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  2. C'est intéréssant ce sujet et il y à très souvent une raison que l'on trouve ...qui apparait bien plus tard et l'on se dit alors c'est donc pour Cela...

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  3. Fleur de Camille12 juin 2012 à 04:53

    C'est la première fois que je viens sur ton blog, j'ai trouvé ton article via Hellocoton et je me suis bien retrouvée dans ce que tu racontes.
    Moi j'ai 25 ans et je suis diplômée d'une grande école de commerce, je me suis lancée la dedans, soit disant, parce que ça ouvrait plein de portes. Mais, quelles portes? Aujourd'hui, après avoir pris une pause d'un an pour me chercher, je me lance à la rentrée prochaine dans des études de sage-femme: mon désir véritable. Si je m'étais écoutée, si j'avais pris le temps de mieux me connaître, aujourd'hui je n'aurais pas à tout recommencer! Mais on apprend de ces erreurs... et je me sens plus forte aujourd'hui et surtout je sais mieux ce que j'aime et quel sens je veux donner à ma vie.

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  4. Comme il est difficile de savoir ce que l'on veut vraiment!! Ecouter son coeur et son corps c'est vraiment la derniere chose qu'on apprend à l'école!

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  5. Plusieurs réflexions me viennent mais tout d'abord, je tiens à te féliciter pour cet article si intéressant chère Blanche :)

    D'une part, je pense que l'échec fait avancer. On retient toujours de ses erreurs... Et elles nous font avancer de façon plus juste pour soi.

    D'autre part, j'ai l'impression que beaucoup font des choses pour les autres, pour "faire bien", pour suivre la masse ou tout simplement parce qu'on a l'impression que c'est bien pour soi parce que quelqu'un d'autre nous l'a dit. Genre "Ah toi, je te vois bien infirmière, c'est un métier fait pour toi!", "Ah bon?! Ah oui tu as peut-être raison! C'est vrai que j'aime bien m'occuper des gens".

    Enfin, je pense qu'on apprend énormément avec l'âge, la maturité. Que ce soit à 25, 35 ou 45 ans. A un moment donné de notre vie, tout semble plus clair. On a l'impression, comme par magie, de savoir exactement ce que l'ont veut, alors que tout paraissait flou quelques mois ou années auparavant.

    Je pense que les choix qu'on pose sont faits d'erreurs et de réussites, c'est ça la vie. Savoir se relever et/ou se réjouir des bonnes choses.

    Enfin (oui une 3ème fois lol), rien ne nous empêche de faire ce qu'on trouve bon pour soi, sans croire qu'il est trop tard car on a toujours une seconde chance (et même une troisième, une quatrième...). Il suffit de s'en donner les moyens et surtout, de croire en soi, en ses rêves et en son destin.

    Passe une belle soirée chère Blanche :-)

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  6. Bonsoir Blanche,
    Très belle ou bonne réflexion... Ca fait du bien de lire cela, dans la cohue du quotidien. C'est déjà une bouffée d'oxygène que de se poser, lire et réfléchir à la vie que l'on mène et s'interroger sur celle que l'on voudrait mener.
    Personnellement, je me reconnais dans ceux qui n'écoutent plus leurs corps, leurs émotions, qui sont embarqués dans une voie et qui donnent tout pour réussir dans celle-ci.
    Tu parles d'écouter ce que l'on ressent au plus profond de nous, mais je crois que cela ne se fait pas facilement. Je ne saurais pas faire aujourd'hui je pense, ou du moins je ne ressentirais rien... Il faut sûrement du temps et des efforts pour aller écouter notre petite voie intérieure, celle qu'on a mis de côté et enterrée depuis longtemps.

    Enfin, je dirais à Fleur de Menthe, que je te recommande vivement le théâtre... c'est là où je me sens la plus vivante et je regrette de ne pas en faire aujourd'hui. Si cela t'attires, n'oublies pas que tu pourras en faire en dehors de ton entreprise.

    à Fleur de Camille, je suis contente pour toi que tu aies trouvé ta voie. N'aie pas de regrets sur ce que tu as fait jusque là. Peut être que sans cela tu ne serais pas venue à te poser les bonnes questions.

    Portez vous bien jolies fleurs...

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