lundi 30 décembre 2013

Ces petites choses barcelonaises qui vont me manquer #1

Au coin de la rue où j'habitais à Barcelone, il y avait un petit café ravissant, digne d'un café parisien, avec une petite terrasse au soleil, très verte. L'intérieur était sobre, très élégant, à l'ancienne mais pas vieillot... Les serveurs étaient sympa, toujours habillés avec des hauts marins. Un vrai look de titis parisiens. J'adorais aller là-bas, seule ou accompagnée. Parfois je disais "Je pars faire ma parisienne", et j'allais m'installer là, mon carnet à la main, et j'observais la vie et les gens, et j'écrivais des heures, sirotant mon Café con Leche et dégustant leur extraordinaire Pan con Tomate (des simples tomates coupées en dé, sur une baguette à l'ancienne, arrosées d'huile d'olive, mais les meilleures tartines du monde, je vous assure). A n'importe quelle heure de la journée, j'allais là-bas et avais mes habitudes. Un de mes derniers soirs barcelonais, à l'heure de l'alcool et des tapas, j'y ai emmené un ami qui s'est étonné de me voir prendre un café au lait quand lui en était à la bière. Mais ce qui l'a étonné le plus, ça a été de me voir faire. Avant cela, je ne m'étais pas rendue compte de ce que je faisais. En bonne française, je trempais impunément mon Pan con Tomate dégoulinant d'huile dans mon café. Le regard horrifié qu'il a eu m'a choquée, j'ai cru que derrière moi, on égorgeait un âne. Mais non, ma pratique étrange, à une heure indue de la soirée, était seule responsable de ce regard.
Ah, cette terrasse responsable de tant d'inspiration, ce café qui m'a parfois réchauffée et ces tartines, ça va bien me manquer...Si vous passez par Barcelone, vous irez pour moi ?
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jeudi 19 décembre 2013

Les résultats du concours de noël....ENFIN !

J'ai eu de jolies participations à ce concours, par commentaires et mails. C'était bien agréable de lire vos histoires, merci de votre implication à toutes. J'ai mis beaucoup plus de temps que prévu pour les résultats, parce que la fin de mes cours (j'ai finiiiii mes études!!) mon déménagement de Barcelone, mon retour en fanfare (enfin, malade comme un chien) à Paris, et la préparation de mon voyage en Argentine, tout ça ne m'a guère laissé de temps et d'énergie... Je suis désolée donc de vous avoir fait tant attendre !
Avec ma partenaire chez Les Folies de Mélanie, nous avons décidé de récompenser ZazaDoudouDif, dont l'histoire nous a beaucoup touchées. C'était difficile de trancher, mais il faut parfois choisir... Je vous remets son histoire ici, je la félicite, j'espère que toutes vous avez passé un joli noël et que vous vous reposez bien !

(PS : ZazaDoudouDif, envoie moi tes coordonnées par mail ! bl.de.castille@gmail.com) 

Mon moment de Noël le plus mémorable est celui du 25 décembre 2009.
Et de façon solennelle et très affirmative je peut dire que jamais plus je ne revivrais plus marquant dans toute ma vie...
De bonne heure, dans le froid, mon mari et moi nous levions pour prendre la route direction de Reims et la PMA pour tenter notre FIV...
A cette époque ça fait déjà plusieurs années que nous essayons d'être parents, plusieurs fois je suis tombée naturellement enceinte mais chaque fois sans que nous puissions savoir pourquoi mon ventre que je détestais rejettait ces mini-nous qui essaient de s'y nicher... 
Nous étions en parcourt d'adoption et nous voulions tenter la PMA après tout, plusieurs chemins peuvent nous amener à être parents !
Je suis tellement triste dans ce corps qui me refuse un enfant, ma vie n'a aucun sens et être mère est une obsession qui me tue à petit feu et qui abîme notre couple car j'en veux à la terre entière et comme pour punir mon mari de ce dont il n'est absolument pas responsable je suis désagréable et toujours morose... Quelle tristesse de vivre avec moi à cette époque !
Heureusement pour nous, noël va nous apporter ce merveilleux cadeau, le plus beau de toute une vie, nous ne le savions pas encore mais ce jour de Noël 2009 allait faire de nous enfin des parents...
Nous étions plein d'espoir et de peurs nous allons timidement mais excités à la fois vers notre destin...
Comme des enfants nous voulons croire en la magie de Noël !
Ce que cette garce de cigogne nous a toujours refusé, toi Père Noël tu ne peux nous le refuser n'est ce pas ?! pas toi...
Cette chanson "Petit Papa Noël" résonne dans nos têtes et nos coeurs ce jour là...
Ces paroles prennent tout leur sens et nous mettions tant d'espoir en ce jour, que si ça n'avait pas fonctionné je ne sais pas ce qu'il aurait resté de moi après... Sans doute pas grand chose !
Je suis en train de prier que le ciel remplisse enfin mon ventre du plus beau des cadeaux...
Comme dit la chanson : 
"C'est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc
Et les mains tendues vers le ciel,
A genoux, les petits enfants,
Avant de fermer leurs paupières,
Font une dernière prière.
...
Petit Papa Noël... N'oublit pas mon petit soulier
...
Il me tarde tant que le jour se lève
Pour voir si tu m'as apporté
Tous les beaux joujoux que je vois en rêve
Et que je t'ai demander
...
tu vas pouvoir commencer... Ta distribution de surprises
...
Viens d'abord sur notre maison
Je n'ai pas été tous les jours très sage
Mais je t'en demande pardon"

Et oui je n'avais toujours bien fait, mais je méritais d'être maman et lui papa...
Et nos prières ont été exaucées, notre fille est issue de cette FIV de Noël, Ambre est née le 22 septembre 2010...
Noël c'est magique et d'ailleurs notre petit deuxiéme à été conçu naturellement le jour de l'arbre de Noël de la créche en 2012... 
Et oui nous les infertiles à 97% les gens incapables de faire un enfant sans la PMA et sans une FIV nous avons réussit à concevoir un bébé couette le jour de la rencontre avec le Père Noël à la créche alors que médicalement notre "cas" s'aggravait...
La cigogne est une garce... Et le père Noël existe !!! 
En tout cas c'est ma vérité... Il n'a pas forcement une barbe blanche et un manteau rouge, il est peut être juste le "destin" :)
Et grâce à lui je suis celle que je suis aujourd'hui, une maman épanouie de 2 enfants :)
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dimanche 8 décembre 2013

Le tango dans la peau...et l'Argentine dans mes bagages



J'avais déjà écrit ma découverte du tango il y a presque un an, la passion qui en était née, l'inspiration que cela m'avait donnée dans l'écriture, l'ouverture aux autres que cela m'avait permise de développer. Aujourd'hui, je danse trois, quatre, cinq fois par semaine. C'est fou, car j'ai beaucoup de travail, je suis en pleine rédaction de mon mémoire de fin d'études, j'ai des projets par milliers, je veux profiter de mes dernières semaines dans cette ville de Barcelone que j'aime tant. Je garde aussi un contact fort avec le monde hors-tango. J'ai des livres qui soupirent d'impatience sur ma table de nuit, des expos à voir, des lieux à visiter. J'aimerais me dupliquer pour tout faire. Cela semble épuisant à mes amis, mais non, j'ai une énergie décuplée, un enthousiasme débordant. Je parviens à tout faire, surtout donner la priorité à mes études. Je réussis même à prendre le temps pour moi, me reposer, être tranquille et seule (sinon, de toute façon, je ne pourrais pas être aussi énergique à l'extérieur). Comme si je vivais à plusieurs vitesses. J'ai lu hier un article dans le magazine "Clés" : "Il faut reconnaitre la multiplicité des temps, et choisir celui qui nous convient en fonction du moment". C'est exactement ça !
Et le tango me donne cette impression de plénitude, de cohérence, de temps qui se suspend dans l'éternité. La rencontre de chaque nouveau danseur est une nouvelle rencontre que je fais avec moi-même, c'est étonnant, ennivrant. Passionnant à un tel point, que je ressens depuis presque deux mois le besoin impérieux d'aller à la source de ce qui m'apporte tant de choses, qui me fait vibrer... Alors me voilà dans mes bagages, mes préparatifs : j'ai décidé de partir deux mois en Argentine, à la découverte de Buenos Aires, des milongas argentines, des asados et des empanadas, du vin et de la viande de boeuf. Vivre au rythme du tango, écrire, danser, prendre des cours et améliorer mon tango... L'itinérance indienne commence à me manquer, j'ai soif de découvrir, de voyager, d'aller encore plus loin, rencontrer des gens différents, des cultures, des paysages. Me nourrir d'un ailleurs que je sens en moi chaque fois que j'enlace un nouveau danseur.
Je pars le 5 janvier, pour bien commencer l'année qui s'annonce sous le signe du tango, je vous en reparlerai... Let's dance !



Source images : weheartit 
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dimanche 17 novembre 2013

Un petit concours de Noël

Noël approche encore une fois cette année à trop grands pas... Je ne raffole pas de cette fête que je trouve de plus en plus commerciale et insensée. J'essaye d'offrir des choses symboliques, délicates, qui ont du sens.
J'ai découvert un monde adorable, récemment, celui de Mélanie (les folies de Mélanie), qui vend des bijoux tous plus ravissants les uns que les autres. Elle choisit avec soin chaque créatrice, chaque bijou qu'elle met en scène, en photos et dessins, d'une façon qui me plait bien. J'ai craqué pour la collection de sautoirs "L'arche de Na", de Claire Naa, qui crée des bijoux "pour petites filles et grands enfants". J'adore le concept ! Et j'ai aimé ce clin d'oeil à l'Arche de Noé, qui est une histoire qui a beaucoup de sens, surtout en cette période de l'année... Mélanie et moi avons donc décidé d'offrir un de ces sautoirs à l'une de vous, pour Noël. Pour celà, j'aimerais que vous me racontiez votre plus beau souvenir de noël, qu'il soit drôle, touchant, inattendu... Laissez vous porter par l'écriture et la mémoire !


Le sens ? Faire connaitre la jolie boutique de Mélanie et la soutenir ainsi dans son projet d'auto-entrepreneur qui lui tient à coeur depuis longtemps, faire découvrir Claire Naa mais aussi toutes ces  créatrices et valoriser leur travail, et enfin échanger avec vous !

Comment participer ?
Me raconter en commentaire ou par mail à bl.de.castille@gmail.com un moment de noël mémorable (pas de limites de texte, vous pouvez vous épancher, donner des détails, nous faire rêver !). Vous pouvez relayer le concours également.
La date limite de participation est le 15 décembre à minuit, et le choix des meilleures histoires et du tirage au sort se feront le 16 décembre, pour que vous receviez votre sautoir pour Noël !

Qu'en dites-vous, ça vous tente ?
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samedi 2 novembre 2013

Nouvelle - Vivre

Ecouter "People among us" de Bliss m'a inspiré ces images violentes, déchirantes, ces émotions d'enfant sans défense, seul au monde. J'ai senti la pluie, le désespoir, l'odeur de la boue et des blés...

"Rien n’aurait pu l’arrêter. Courir, fuir le plus loin possible de l’impossible. La pluie déchira le ciel, drue, violente, brûlante comme sa colère. S’éloigner, disparaitre, oublier. Soudain, il trébucha et s’effondra dans la boue du champ de blé, s’époumonant et hurlant à en perdre la voix. Laisser le silence s’emparer de lui serait renoncer, comme son père l’avait fait. Les oreilles bourdonnantes, la tête lourde, il ne voyait presque plus rien tant la douleur l’élançait. Il pleura longtemps. Pourquoi Dieu laisse les mères mourir quand elles ont des petits garçons qui ont si désespérément besoin d’elles ?"
 Ceci est ma participation au concours de la plus petite nouvelle, en moins de 100 mots - lien ici sur Welovewords
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vendredi 27 septembre 2013

Que la vie est belle !

C'est ce que je me dis tous les matins. Je me réveille chaque fois la joie au coeur, le sourire aux lèvres. J'ai beau être épuisée par des insomnies répétées, ça n'entâme pas mon plaisir de vivre. J'aime l'appartement dans lequel j'habite, j'y suis bien, j'aime m'y réfugier, inviter des amis, je me sens chez moi, pleinement. Barcelone est une ville formidable, qui fourmille de curiosités, d'étrangetés, chaque coin de rue me surprend et me subjugue. J'adore sortir très tôt, voir le soleil se lever sur les jolies façades peintes typiquement catalanes, enfourcher mon vélo chaque fois que l'envie m'en prend, et aller voir la mer. Parler à des inconnus, rencontrer des gens passionnants, discuter jusqu'au petit matin à refaire le monde, dévorer un roman, regarder une petite fille courir dans les bras de son père, des amoureux qui s'embrassent fougueusement, découvrir des nouvelles saveurs, me promener dans les allées des marchés, qui regorgent de couleurs et d'odeurs ennivrantes, retrouver des gens que j'avais aimé rencontrer, danser dans des endroits superbes comme un petit kiosque à musique face à une fontaine illuminée dans la nuit... J'aime tout, je suis bien ! On me regarde drôlement, dans la rue, parce que je passe mon temps à chanter. Mais c'est communicatifs, je lie du contact avec beaucoup de passants, de commerçants. Chaque instant, je le vis avec magie. Les choses sont fluides, belles, simples. Je crois que le paradis, ce n'est pas un lieu en particulier, mais il est en nous si on y prend soin. Même dans les moments difficiles, on peut toujours y retourner, le faire rayonner, et retrouver de belles raisons de vivre. Que j'aime passionément la vie ! Pas vous ?
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jeudi 19 septembre 2013

Colocation avec un fantôme

Barcelone, la ville des tapas, de la sangria, de la plage et de la fête, du rire, du partage, de la jeunesse. Alors avec toutes ces choses, je m'attendais à de la gentillesse, de l'ouverture, lorsque je m'y suis installée. Je voulais vivre avec une catalane, pour en savoir plus sur la culture de cette région indépendantiste si intéressante, avoir plein d'informations de première main sur l'Espagne, où je suis jusqu'à noël.
Je suis tombée amoureuse de l'appartement, j'ai adoré la fille qui y habitait lorsqu'elle a répondu à mon mail : elle avait l'air passionnante (Fashion designer de 35 ans qui lance sa marque). Mais voilà. Depuis 3 semaines qu'on vit ensemble, je redécouvre son visage chaque fois que je la croise - je la vois si peu ! La plus longue discussion que nous ayons eue fut sur le tri sélectif des déchets et le partage des tâches ménagères (je ne m'étendrai pas là-dessus, mais on dirait qu'on n'a pas vraiment la même conception du niveau minimal acceptable de la propreté) et hier soir elle m'a demandé alors qu'on se croisait pour la première fois dans la cuisine, ce que j'étudiais.
Elle est très peu là et a un rythme de vie complètement différent et passe son temps dans sa chambre, alors j'ai cette agréable sensation de vivre seule dans un grand appartement, mais parfois je suis presque choquée de la voir dans le salon, je me rappelle soudain que non je ne vis pas seule. Et imaginez l'étrangeté de trouver de la vaisselle sale dans l'évier, alors que j'ai cette impression qu'elle ne vit pas là...
Alors mon expérience de colocation est mitigée, au moins je me félicite de ne pas vivre dans une "auberge espagnole" car ma sauvagerie ne l'aurait pas supporté, mais c'est dommage de co-habiter avec quelqu'un dont le visage ne parvient pas à s'imprimer dans mon esprit... J'adorerais lui faire goûter mes plats indiens, partager des expériences... Vivre ensemble en harmonie, quoi !
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samedi 14 septembre 2013

Renouer avec un monde

Voilà des semaines, des mois, que je me dis qu'il faudrait peut-être fermer ce blog. Il stagne depuis trop longtemps, je ne sais plus quoi écrire. Ce n'est pas faute de vivre des choses fascinantes au quotidien, de découvrir, de rêver. Mais là est le soucis : je vis tant de choses, en moi et a l'extérieur, que je ne sais distinguer ce qui pourrait être intéressant ou non. Je ne sais plus, et peut-être aussi n'ai-je plus autant envie qu'avant de passer tant de temps à écrire sur la vie plutôt que de la vivre pleinement.
L'autre matin, je me suis réveillée avec en tête de fermer mon blog. A quoi bon le garder? Je ne suis plus dans le coup dans la blogosphère, je ne rattraperai jamais mon retard sur mon voyage en Inde, je ne lis plus guère de blogs et je ne sais même plus ce qu'on aime lire. D'ailleurs, qui dit que j'écrirai toujours de la même façon, que ça plaira? Pas mal de choses qui me décourageaient un peu. Et puis quelques heures après, j'ai reçu le message de quelqu'un croisé il y a des années, sans que je n'en ai eu de nouvelles depuis, qui me disait lire mon blog depuis et, ravie, espérait que je continuerais à faire rêver et voyager mes lecteurs. Quel beau cadeau, quel joli signe ! Mes craintes se sont envolées, je me suis dit que c'était avant tout un espace de plaisir d'écrire et de partager.

Alors je pense que finalement, Blanche De Castille va reprendre du service, doucement.  Sans prise de tête. Vous serez là?


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vendredi 14 juin 2013

Voyage voyage...

Encore dans mon lit, je visse mes écouteurs sur mes oreilles, je laisse mon iPod choisir sur quelle note démarrer ma journée... et c'est un clin d’œil magique...
Telle une douce complainte, le violon entraîne mon âme dans la lointaine argentine. Soudain je suis dans une rue pavée à peine éclairée, habillée d’une robe noire fendue, un rouge vif colore mes lèvres. Une ombre s’approche, m’étreint, et sur le rythme de ce Nuevo tango, suivant la voix du violon, nous dansons dans l’obscurité chaude de cette nuit. Plus rien n’existe que nos deux corps enlacés, la musique qui semble émaner de l’intérieur de nos poitrines. Nous partageons le même air, avons la même respiration. Je n’existe plus, lui non plus. Seule cette étreinte à cet instant précis est réelle. Le reste n’a plus d’importance ni même de consistance. Sa chemise pourpre colle de sa sueur perlée qui me rappelle une odeur d’enfance heureuse, d’étés à courir dans les champs de coquelicot, à plonger dans l’eau fraîche des ruisseaux, à dorer au soleil en mâchouillant un brin d’herbe. Le sourire enfantin de ceux qui retrouvent la mer après une longue absence. Découvrir qu’on s’est manqué, ne plus vouloir se quitter, ne plus dormir tant les étoiles sont belles et envoutantes, s’hypnotiser avec la lune, s’enivrer de l’odeur de l’herbe coupée, danser et tournoyer sous la pluie estivale, sans plus jamais vouloir s’arrêter. Un rire à gorge déployée, la joie pure et sans artifice de l’enfance. Un voyage dans les méandres de mon âme, ai-je retrouvé la trace d'une vie antérieure ?

La journée peut commencer !
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lundi 20 mai 2013

L'urgence de partir

Je suis rentrée à Auroville comme prévu, après avoir découvert un lieu extraordinaire, Dharamsala, une colonie Tibétaine où est installé le Dalaï Lama. J'ai découvert la vie des réfugiés tibétains, été bénie par un Rimpoche, pris un cours d'initiation au bouddhisme dans un centre de médiation, dans les montagnes, où règne une atmosphère si paisible que cela réduit au silence. Bref, j'y étais bien, et les quatre jours que j'y ai passés m'ont semblé être plutôt quatre semaines ! Un étrange sentiment m'animait quant à mon retour à Auroville, je sentait que je ne devais pas y retourner maintenant. Mais je m'y étais engagée, je devais aussi profiter d'un ami qui allait partir six semaines en France. J'avais prévu de garder la maison d'un autre ami, et de donner un coup de main dans une librairie. Quelle erreur d'avoir pris de tels engagements ! Dès mon arrivée, déjà, la chaleur a été très difficile à supporter : je n'y suis pas habituée. Si ça n'avait été que ça, il aurait seulement fallu quelques jours d'adaptation. Je me suis installée dans la maison il y a une semaine, et alors quelque chose m'a complètement plombée, impossible de lire ou d'écrire, juste l'envie de fuir. Que faire, respecter ma décision d'il y a plus de deux mois, alors que j'étais très enthousiaste sur le moment à propos d'Auroville parce que ça m'apportait exactement ce dont j'avais besoin ? Certaines conditions ne m'avaient pas été précisées sur le moment (la chambre avec la clim ne me serait pas laissée ouverte par exemple...). J'étais mal, pendant plusieurs jours je ne savais sur quel pied danser. Quelque chose dans l'air me parait très lourd, et ce n'est pas une question de température... je suis très sensible aux énergies des lieux, et là, ça n'allait pas du tout ...Je commence à compter les semaines, les jours, qu'il me reste en Inde avant mon retour en France : moins de six semaines maintenant. L'angoisse de regretter le choix trop facile de rester dans un lieu connu, dans un grand confort, et de ne pas aller dans les lieux que j'ai envie de découvrir. Je n'ai pas vu un dixième de l'Inde, et c'est normal, mais rester ici pour ces six dernières semaines m'a soudain Et alors avant-hier, j'ai paru grotesque. Alorsj'ai pris la décision que non, ça ne me convenait pas, ce n'était pas ce que je souhaitais emporter comme image d'Auroville et de la fin de mon voyage. Avant-hier, j'ai décidé d'écouter ça, malgré ma raison qui me martelait "Reste, tu t'es engagée". Nous avons trouvé des arrangements avec les autres personnes de la librairie, et le voisin qui s'occupera du chat de la maison. Depuis je me sens heureuse, très excitée à l'idée de reprendre la route, pleine d'énergie. J'ai l'impression d'être encore plus enthousiaste que lorsque je suis partie en septembre ! Savoir que je vais encore faire face à l'inconnu, tout est absolument possible, une belle rencontre, une belle expérience, l'Inde s'ouvre à nouveau à moi, quel bonheur ! J'ai donc arbitrairement décidé de partir jeudi soir, pour Madurai, puis j'ai trouvé une retraite bouddhiste pour quelques jours, puis j'ai d'autres jolis projets de lieux dont je vous parlerai lorsqu'ils se confirmeront (une chose est absolument certaine : je remonte à Dharamsala !) L'urgence de suivre mon coeur était si forte que je me devais de lui être fidèle, malgré tout ! Je refais ma valise pour la millième fois, avec beaucoup de plaisir et d'excitation, l'idée des heures interminables de train ou de bus m'enchante. J'ai pris la bonne décision, c'est évident. Je n'en dors presque plus, j'ai l'impression d'avoir 5 ans et de savoir que demain on part à Disneyland ! 
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mercredi 15 mai 2013

Un moment de douceur inouïe


J’étais ce week-end à Bangalore, pour revoir des amis rencontrés il y a plusieurs semaines, et pour suivre un workshop de tango. Après deux heures de cours, nous avions une « practica », c’est-à-dire une heure de danse libre pour nous permettre de nous entraîner  Une jeune femme a annoncé au prof qu’elle quittait définitivement l’Inde quelques jours plus tard, et que son déménagement l’empêchait de rester pour la practica. Il en était désolé, abasourdi. Alors il a annoncé à tous les cavaliers qu’ils se devaient de danser un tango chacun avec elle. Elle a paru touchée mais alarmée : elle devait partir, et danser avec 10 personnes prendrait un temps fou. Les lumières un peu crues ont été éteintes pour ne laisser dans la pièce qu’une douce lumière rouge, tamisée,  agréable. La musique a commencé, le morceau était calme dans cette chaude atmosphère. Quelqu’un l’a invitée à danser, et ils ont glissé sur la piste tels deux cygnes sur l'eau, jusqu’à ce qu’un autre cavalier vienne prendre la place du premier, après quelques pas seulement. Cela m’a semblé si naturel, comme une entente tacite entre ces deux hommes.  Et ainsi de suite : pendant trois minutes, tous se sont relayés pour la faire danser. Il n’y a pas eu de faux pas, d’embarras, cela semblait presque chorégraphié à mes yeux. Il se dégageait une douceur infinie, chacun prenait soin d’elle comme s’il eut s’agit d’un nouveau-né ou d'une porcelaine précieuse. Le premier semblait confier au suivant un objet d’une valeur inestimable. Le temps s’est comme suspendu, ma respiration également. Je goûtais cet instant intemporel avec délice. De chacun des couples qui se formaient toutes les vingt secondes se dégageait quelque chose de différent mais de beau, terriblement beau. C’est un cadeau de départ superbe qu’elle a reçu là, j’en ai été bouleversée.
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vendredi 3 mai 2013

Barcelona Lovers : I need help !

Alors que j'ai des milliers de choses à vous raconter, alors qu'il me reste 2 mois d'aventures indiennes avant de rentrer en France, je me rend compte que le temps passe vite et que la rentrée scolaire (au secours) approche à grands pas ! Et oui, en septembre, je retourne sur les bancs d'école, et pas n'importe où : à Barcelone !
Bien entendu, comme je ne fais jamais les choses simplement, je ne parle pas (enfin, plus depuis le Bac) Espagnol (ce qui de toute façon ne m'aurait guère aidée à Barcelone, n'est-ce pas ?) et je dois avouer que l'Espagne ne m'a jamais attirée que pour l'Andalousie... mais depuis que j'ai découvert le tango et que surtout j'ai peut-être trouvé une très bonne prof argentine là-bas, l'idée de m'y installer à mon retour d'Inde !

Donc je me suis dit que je pourrais faire appel à vous pour Barcelone, car j'ai besoin de trouver une collocation, et puis peut-être avez-vous des coups de coeur à partager, des conseils, que sais-je ? J'entend mille et une histoires sur cette ville qui semble magique, et je commence à avoir hâte de la découvrir !

Merci pour votre aide ! (et les aventures indiennes continuent !)
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lundi 15 avril 2013

Mysore, la ville aux milles trésors

J’avais entendu beaucoup de bien de cet endroit, qu’on me décrivait comme « Magique, magnifique, reposant », et quantité d’autres adjectifs plus convaincants encore. Alors j’y suis allée, sans trop de programme. La veille de mon départ, j’étais à Bangalore pour un workshop de tango (Oui, vous savez, je suis mordue…) et là j’y ai rencontré RAKESH, très bon danseur qui se rendait justement à Mysore, sa ville natale, pour deux jours. Gentillesse indienne oblige, il s’est occupé de moi pendant tout mon séjour, m’emmenant partout, là où jamais je n’aurais pu aller sans me payer des galères pas possibles et surtout, il m’a chaque fois expliqué l’histoire des lieux. Quelle chance ! En plus d’un agréable compagnon, j’ai eu droit à un guide bien au fait de son sujet ! Saurais-je être aussi précise à propos de Paris ? Je n’en suis sincèrement pas certaine…

Mysore restera pour moi le lieu où j'aurai gravi une montagne en empruntant un escalier de 1000 marches à 7h du matin, la ville des épices et des couleurs, du bois de santal, de l'encens, plus que partout ailleurs. C'est là où j’ai mangé les meilleures dosas de mon voyage, découvert des sweets absolument divins, me suis régalée de street food jusqu’alors inconnue, j'ai adoré me promener dans le marché de la ville qui est d'un calme incroyable (je me suis d'ailleurs demandé ce qu'il se passait pour que ça soit si tranquille et silencieux, mais c'est simplement que dans cette ville, les gens ont un rythme à la cool !). J'ai vu des écrivains publics pour la première fois de ma vie, c'est idiot mais ça m'a fascinée... Nous avons visité des Palais superbes, assisté à un spectacle son et lumière avec des jets d'eaux dans un jardin un peu à la française, sur des chansons bolywoodiennes, nous nous sommes promenés dans des parcs, avons vu des animaux, été dans des temples... bref, une très belle expérience, une très belle rencontre aussi, et comme premier pas (après Bangalore, mais ça ne compte pas vraiment) de reprise de la route, je trouve que c’était vraiment parfait ! Le tango m’aura permis de belles rencontres, simples, sincères, inattendues ! Que me réserve donc la suite ?

1000 marches, c'est pas une blague !




Palais de Mysore...une vraie merveille à l'intérieur !


Des écrivains publics ! Du jamais vu !

encens et parfums faits sur demande

Bois de Santal... un régal pour les sens !

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vendredi 22 mars 2013

Danser la vie


Le silence se fit un instant dans la pièce, avant de faire place à un swing endiablé, signe d’un entr’acte bien mérité pour les danseurs épuisés. Elle regarda à travers la foule qui reprenait son souffle, timide, mal assurée. Elle croisait des regards qu’elle n’accrochait pas, se demandant avec qui elle passerait le prochain quart d’heure. Si elle espérait qu’il fut un bon danseur, elle se préoccupait surtout de l’attitude de ce partenaire : serait-il bienveillant, à l’écoute, humble ? Serait-ce un bavard, un drôle, un guindé, un prétentieux ? La tiendrait-il très serrée ou au contraire à bout de bras ? Allait-il la guider avec douceur, mollesse, vigueur, brutalité ? Tant d’inconnus la rendaient nerveuse, comme à chaque intermède musical. Ses yeux balayaient l’espace, elle ne savait pas si elle voulait ou non être invitée. Chaque fois le même combat se livrait en elle : elle redoutait et adorait cet infime moment de la rencontre avec l’autre ; instant d’éternité empli des promesses de l’inconnu. Elle oscillait entre regarder ostensiblement le sol, signe qu’elle ne souhaitait pas danser, ou bien au contraire promener son regard sur les uns et les autres. Elle ne s’était pas encore décidée lorsqu’un regard l’accrocha, à l’autre bout de la pièce. Malgré la pénombre, elle ne put s’en défaire. D’un mouvement perceptible d’eux seuls, ils s’accordèrent cette danse. Personne n’aurait su dire comment ils avaient communiqué mais déjà, ils étaient reliés par quelque chose que rien ne pourrait entraver.
La musique reprit, d’abord doucement puis de plus en plus dynamique. Ils se rapprochèrent tandis que les sonorités latines offraient à l’imaginaire des évasions exotiques. Très proches maintenant, face à face, ils prirent une profonde inspiration, les yeux toujours plongés dans ceux de l’autre. Il l’enlaça d’un bras et lui offrit sa main libre. Elle répondit à son invite, et tandis que leur étreinte se mettait naturellement en place, chacun apportant les infimes arrangements pour qu’elle fût parfaite, elle ferma les yeux et ensemble, ils commencèrent, imperceptiblement, à tanguer d’un pied sur l’autre afin d’accorder tous leurs mouvements à l’autre et à la musique. Et la danse commença, unique, concordance parfaite, éternité momentanée, beauté intemporelle et magique d’une rencontre des âmes…

Voilà deux semaines que j’ai commencé à prendre des cours de tango argentin, de façon quasiment intensive puisque pendant 10 jours j’ai eu des cours quotidiens. Des soirées de pratique et des  Milongas (sortes de Bals) étaient organisés, à l’occasion du Holi Tango Festival d’Auroville. Ce fut pour moi une révélation. Je suis plutôt une danseuse de rock (comme je vous le racontaislà), je n’avais jamais pensé au tango que comme une danse incroyable, inaccessible, terriblement sensuelle et vraiment difficile. Bref, pas pour moi. Et pourtant… Et pourtant, je prévois déjà de trouver des cours lorsque je m’installerai à Barcelone dans quelques mois, je pars avec plaisir à Bangalore la semaine prochaine car je sais que je pourrai y suivre un cours, je bouscule mes plans pour aller suivre un cours et une pratique à Pondichéry. Cela ne m’apprend pas uniquement des pas, mais une posture face à l’autre, une ouverture, une écoute. La sensation que j’ai dans les bras d’un danseur est magique, intraduisible pour le moment ; je ne cherche même pas à l’expliquer. Si j’aime danser, regarder les couples se mouvoir sur la piste est pour moi un vrai bonheur : il est quasiment impossible de savoir quand le danseur va lancer l’impulsion du premier pas, et pourtant je m’étonne toujours de voir que la danseuse va presque instantanément suivre son partenaire dans un mouvement miroir. Incroyable synchronisation, jeux de pieds qui paraissent si complexent et beaux,  corps qui semblent liés presque comme dans une étreinte amoureuse et ne forment plus qu’une entité souple, mouvante, quasiment divine… Si le danseur est expérimenté, il pourra emmener sa partenaire dans des figures qui l’intimidaient lorsqu’elle voyait d’autres femmes les exécuter. Mais si elle est totalement à l’écoute de l’homme, et si lui met le soin et la précision nécessaires à chaque pas, alors elle sera capable de ce que même en rêve elle n’osait espérer.

Je suis complètement débutante, donc j’ai eu pas mal de difficultés avec certains danseurs, et puis on ne s’accorde pas toujours bien, expérience ou pas. Mais j’ai eu aussi des tangos fantastiques, durant lesquels je ne me sentais plus maîtresse de mon corps. Quelque chose de magique s’opérait ; comme m’a dit un ami : ces tangos-là, ce sont de vrais voyages, et ce sont des cadeaux qui n’ont pas de prix. 
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mercredi 27 février 2013

Je n'avais jamais pleuré devant un paysage...

... mais c'est maintenant chose faite ! Depuis deux jours, je cours un peu histoire de voir un peu du pays Sri Lankais, qui est si merveilleusement beau et culturellement riche (bien que je ne prenne pas le temps de me pencher plus avant sur les histoires de chaque grotte, temple, Bouddha et ruine). Après avoir visiter Anuradhapura en vélo hier et avoir gravi la colline fantastique de Mihintale pour le coucher du soleil, après avoir exploré les grottes et admiré le temple d'or de Dambulla, je suis arrivée à Sigiriya en fin de matinée aujourd'hui, épuisée. Après un petit déj tardif fait de plats typiques Sri Lankais et d'un divin jus d'avocat au miel (j'en totalise 3 en une seule demi-journée, c'est pour vous dire à quel point il est délicieux), à deux heures, j'ai coiffé mon nouveau chapeau de paille-cow boy et chaussé mes lunettes de soleil de starlettes qui, avec mes habits indiens, me donnent un look absolument hors du commun et complètement grotesque - ce qui ne me déplaît pas totalement. Et j'étais prête à affronter le soleil qui tapait pour grimper sur le Rocher de Sigiriya (le "rocher du lion"), à 370m de hauteur. Lorsque je suis arrivée en haut, après pas mal d'aventures (entre autre un groupe de trois sri lankais travestis et se dandinant, hélant tout le monde et me gratifiant à chaque passage de "helloooo sisteeeer", et courant après chaque beau garçon qui passait en réclamant des baisers), la vue m'a littéralement coupé le souffle. Le rocher lui-même est impressionnant mais le paysage était époustouflant, à un tel point que cela m'a arraché des larmes de stupéfaction et de bonheur. La nature se révèle là dans toute sa splendeur. C'était tellement magique que je suis restée scotchée là deux bonnes heures, imperturbable ("darliiiing, do you maditate ?" me demandaient mes trois nouvelles "copines"). J'aurais pu y passer la nuit je crois. J'ai dû m'arracher de cet endroit si spécial au coucher du soleil, puisque rentrer seule à pied est un peu dangereux. Du coup je n'ai rien visité de ce lieu à part le haut du rocher ainsi qu'une cave où l'on peut admirer de ravissantes peintures. Mais j'ai eu l'impression de faire un grand nettoyage intérieur. L'air me semblait plus pur, plus plein, comme capiteux. Je ne savais où poser le regard tellement tout me paraissait magnifique, vert, riche, éclatant. On pouvait apercevoir la vallée entourée de montagnes qui apparaissaient telles des estampes japonaises, de plus en plus mangées par la brume au loin. Les nuages semblaient jouer à assombrir certaines forêts, tout en laissant passer des rayons du soleil qui offrait une lumière à chaque instant différente.
Je ne pensais pas qu'on pouvait être si profondément et viscéralement ému devant un paysage... maintenant je saurai ce que ça veut dire lorsque je lirai "cette vue m'arracha un cri de surprise" ou quelque chose dans le genre... Instant magique d'intemporalité.


La voilà ma nouvelle copine















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lundi 25 février 2013

Et le voyage continue

Voilà bientôt un mois que je n'ai pas écrit ici. Le temps passe à une vitesse folle, bien que de façon complètement distendue. Et il s'est passé tant de choses !  Je suis restée à Auroville 6 semaines en tout, et je vous écris maintenant depuis un ravissant petit jardin d'une guesthouse d'Anuradhapura, au Sri Lanka. Et oui, je ne suis plus en Inde... C'est une visite éclair, le temps de refaire mon visa, que je récupérerai avec un peu de chance vendredi, pour un retour en Inde samedi aux aurores. Être loin de la terre indienne me donne un peu l'impression de ne pas être entière... cela n'augure rien de bon pour mon retour cet été ! Heureusement, le Sri Lanka a beaucoup de similarités avec l'Inde, bien que ça soit tellement différent que c'est finalement difficilement comparable. Ce que j'ai vu pour le moment me paraissait propre, civilisé, soigné, construit. Les femmes sont souriantes, presque toutes en jupes et petits hauts, les amoureux s'embrassent face à la mer et se tiennent la main en marchant, les rickshaws s'arrêtent aux passages piétons et des policiers vérifient qu'on ne traverse pas sauvagement la rue (je me suis fait reprendre deux fois déjà). L'eau est potable, on peut manger les fruits et la street food sans trop de risques, les gens parlent globalement bien anglais, ils sont souriants, accueillants, et paraissent bienveillants. J'aime l'Inde, mais j'avoue que c'est un bon petit bol d'air que de me retrouver ici quelques jours, bien qu'avec Auroville, je n'étais plus trop en Inde depuis plusieurs semaines.

Je suis tombée en plein pendant le week-end de la Poya, qui célèbre la naissance de Buddha lors de la pleine lune de février. J'ai donc vu hier une procession incroyable avec des éléphants décorés, des danseurs, des artistes en tout genre qui défilaient pendant des heures. Cela m'a rappelé le défilé que j'avais vu à Cochin le 2 janvier, mais là c'était encore plus impressionnant. C'est une culture totalement différente, et après avoir croisé des moines tibétains à Delhi, ça me fait bizarre de voir des moines au faciès singalais !

J'ai prévu donc tris jours de visites à proprement parler, et je me sens peu à l'aise à l'idée que je suis là sans rien connaitre du pays, de la culture, des traditions. J'ai un peu l'impression de profaner quelque chose, comme ces gens que je croise en Inde et qui disent en se marrant "mais qu'est-ce qu'il fout celui-là avec sa peinture sur la tronche?!" (allusion à une bénédiction au temple de Shiva...) Et puis je sais que je pourrais rester là plus longtemps, profiter d'être sur place pour visiter ce magnifique pays, mais je ne souhaite qu'une seule chose : rentrer en Inde au plus vite. J'ai déjà en tête des petites virées dans certains coins du Tamil Nadu, et je prépare un peu un voyage dans le grand nord, pour avril... Est-ce que l'Inde coule dans mes veines ?
En tout cas, le voyage continue...

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dimanche 3 février 2013

Je suis parfaitement à ma place

Il y a un mois, j'étais mal. Très, très mal. Un sentiment d'insécurité, de manque de sens profond m'étreignait. Je ne savais plus ce que je faisais en Inde, en voyage, j'oscillais entre rentrer en France et partir ailleurs sans trop savoir où aller. Les pays asiatiques ne manquent pas autour de l'Inde, et il y a plus d'un paradis qui ferait saliver les français frigorifiés à ma place. Et pourtant, nulle part je ne sentais de sens. Aller à Bali, au Cambodge, en Thaïlande ? C'était pareil pour moi. Je n'avais plus envie de découvrir de choses à l'extérieur, voyager pour voyager ne m'intéressait plus parce que j'avais l'impression que cette période était bouclée. J'ai passé presque quatre mois très riches en rencontres, découvertes et expériences, mais un matin, j'ai senti que tout ça, c'était bouclé, terminé. Une nouvelle période de mon voyage avait commencé, une nouvelle étape, et il fallait savoir comment l'aborder. Je sentais que mon temps en Inde tel qu'il avait commencé était fini, abruptement certes, mais bien révolu. Sortir de ma chambre étouffante me paraissait même impossible : je voulais être ailleurs sans savoir où.
Et puis je suis arrivée à Auroville, lieu dont j'entends parler depuis peut-être 10 ans, et où je m'étais confusément promis de ne pas mettre les pieds. Peut-être qu'avant, je n'aurais pas été prête pour cet endroit, mais lorsque j'y suis arrivée, c'était le moment parfait pour moi. Le voyage intérieur a pu commencer. Je ne veux être nulle part ailleurs, je me sens profondément à ma place. Chaque journée est une découverte plus profonde de moi et de la vie que je trouve de plus en plus fascinante. J'ai l'impression que plus rien n'arrive par hasard, que chaque pas me permet de faire sereinement le suivant, que chaque rencontre littéraire ou réelle devait se faire MAINTENANT et de cette façon. Je me découvre plus ouverte, plus bienveillante, plus sincère, j'ose encore plus dire et faire, sans jugement, que ça soit dans les rencontres mais aussi dans l'écriture, la peinture, la lecture.
Cet endroit est fascinant, son histoire est passionnante. C'est une cité-expérience assez incroyable. Bien entendu, tout n'est pas rose, il y a des problèmes comme partout. Plein de gens s'en plaignent, mais pour moi, c'est le lieu où je dois me trouver en ce moment, ma place est ici, et j'ai fait une rencontre inattendue : mon vrai MOI ! J'ai l'impression d'être sur le chemin de la paix et de la conscience..

Alors finalement, ce moment de mal-être était très certainement un passage obligé vers la lumière ! En tout cas, je vous remercie de m'avoir soutenue dans ce moment difficile !

Voilà le lieu de méditation, beaucoup plus sombre normalement... Immense pièce immaculée digne d'un film de science fiction
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dimanche 13 janvier 2013

La crise est passée

Vous vous en souvenez, je disais que j'avais besoin de trouver un lieu de retraite le plus vite possible, sinon je ne donnais plus très cher de ma peau (ni de mon voyage !) Un matin, n'y tenant plus, j'ai téléphoné dans une guest-house à Auroville, j'ai dit "Je craque, je dois quitter Trivandrum, j'ai besoin que vous me donniez une chambre lorsque j'arriverai, dans deux jours." Malgré la période ultra touristique à Auroville, André m'a donné une petite chambre simple, m'a accueillie à bras ouverts, et j'ai enfin pu arrêter de pleurer toutes les cinq minutes.
J'avais hésité à aller à Auroville, j'avais entendu tant de choses contradictoires... et pourtant, il m'a paru clair que c'était le seul échappatoire possible. Dès que je suis arrivée, une paix intérieure m'a envahie, je me suis sentie terriblement mieux. Il y a quelque chose dans l'air qui apaise l'esprit. J'ai décidé de prendre mon temps, de laisser les choses venir à moi. Le temps passe toujours aussi lentement, mais cela permet de faire plein de choses. J'ai commencé à prendre des cours de yoga, à suivre des conférences, j'ai fait une journée de workshop sur l'Intelligence Collective (je vous en reparlerai plus tard, car c'était passionnant). Tout est à disposition ici pour le développement personnel, le calme, la découverte. Je n'ai pas encore percé tous les mystères du fonctionnement d'Auroville, mais comme c'est une Utopie qui fonctionne depuis pas mal d'années, je trouve intéressant de s'y tremper un peu. Je pense même y rester quelques semaines, voire jusqu'à l'expiration de mon visa, qui sait ? Il y a une concentration de gens passionnants (certains sont perchés, mais après tout, chacun trouve ici sa place me semble-t-il) et il y a quand même des villages indiens au sein même d'Auroville. Je suis allée deux fois à Pondichéry, j'essaye de me replonger dans le bain indien mais je dois avouer que j'ai du mal à supporter ça plus de quelques heures maintenant. Ici je suis bien, dans une sorte d'enclave où tout est possible. J'ai une petite mobylette qui me permet d'aller partout, et je découvre le plaisir de rouler sans but, pour laisser les pensées passer, ressentir la forêt, apprécier les paysages, sentir l'air frais sur le visage. Ca me plait bien !
Ma nouvelle question est : où vais-je donc aller après l'expiration de mon visa pendant le mois où je vais devoir attendre un nouveau visa indien ? Mystère...
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jeudi 3 janvier 2013

J'explose !

C'est sans doute la fatigue, c'est sans doute la nouveauté du sud vs nord, c'est sans doute que mes attentes sont déçues, c'est sans doute parce qu'il fait une chaleur de fou, c'est sans doute... il y a un tas d'hypothèses qui pourraient expliquer mon état. Cela fait plusieurs jours que j'essaye de passer outre mais je ne peux plus faire autrement que de le dire : JE N'EN PEUX PLUS !
Aurélie (du blog Itinérance asiatique) me dit que 3 mois est un cap difficile et important dans un voyage. Me voilà en plein dedans alors, puisque ça fait plus de 3 mois et demi que je suis partie. Depuis 3 semaines que je suis dans le sud, je ne pense qu'à une chose : LA FRANCE ! Si le nord était atrocement sale, les gens violents et que tout demandait un effort surhumain (surtout dans les négociations et l'échange en anglais), le Kerala m'aura complètement anéantie. J'ai eu droit au mercantilisme de noël autant qu'en France puisqu'il y a ici une majorité de catholiques, vous n'êtes pas les seuls. Tout est bien plus construit ici mais du coup, il s'en dégage une sorte d’obscénité qui me dérange. Tout est horriblement cher à cause de la période touristique, on voit des gambettes blanches et des soutiens-gorges à peine cachés par des tee-shirts trop lâches, bref on se croirait sur la plage de Saint-Tropez en plein mois d'août.... Avec des indiens qui n'en peuvent plus de toute cette chaire et vous sussurent des trucs quand vous passez près d'eux.
Le Kerala est un Etat réputé pour être le plus éduqué, le plus avancé, avec 100% de gens lettrés. Et pourtant. Et pourtant, les kéralais sont aussi grossiers qu'ailleurs, ils vous marchent dessus sans vergogne, ils vous aboient dessus quand vous approchez de leur magasin, les conducteurs de bus sont aussi fous qu'au Népal (rappelez-vous mon aventure), d'ailleurs hier mon bus a eu un accrochage avec un camion (le conducteur pensait peut-être que son bus était rétractable comme celui dans Harry Potter).
Je vous le dis, on ne se rend pas compte de la chance qu'on a en France. Fleur de Menthe me disait une chose très juste qu'a dit un auteur récemment : "Lorsque je rentre en France de mes voyages, je me dis chaque fois que je mets les pieds dans un Paradis où tous les occupants se croient en Enfer." 
Et c'est vrai. On se plaint, mais comme c'est bien : des prix fixes, des gens qui font la queue, des voiries propres, des autoroutes clean, du goudron partout, des trottoirs... Jamais je n'aurais cru parler un jour de raffinement français... je ne suis pas chauvine, en général...

J'ai besoin de me recentrer, de faire le point. Il faut que je retrouve le sens de ce voyage. C'est clairement une nouvelle phase qui se dessine pour moi, mais l'entre-deux est difficile à vivre. Comme j'aimerais pouvoir dormir jusqu'à ce que tout soit réglé, que décision soit prise, que l'aventure continue positivement ! Presque 4 mois de marathon, de visites, d'énergie dépensée, de rencontres. C'était chouette ! Mais je m'essouffle et mon moral est complètement à plat.
Avant je m'amusais des manières rustres des indiens, de leurs façons étonnantes de s'habiller et de se comporter. Aujourd'hui, c'est Hiroshima à l'intérieur. Je n'ai plus aucune patience, aucune compréhension. Un  hotel qui me prend une réservation et qui à mon arrivée me dit "no we are full sorry, pick season" a de quoi me faire faire un scandale. L'homme qui me tousse au visage ou rote devant moi tandis qu'on est à table manque de se prendre une raclée dont il se souviendra. Ce matin, j'ai explosé car alors que je faisais la queue au musée, des types en pagne, torse nu et pied nus (j'aime bien dire qu'ils sont en pagne, en fait c'est un dhoti) me poussaient, leur peau suintante et odoriférante collant à ma peau, et m'ont bousculée pour passer devant. Elle ne s'est pas laissée faire la Blanche, ça je peux vous le dire ! Mais ce que je peux dire aussi, c'est qu'en Inde on ne peut pas avoir une tolérance zéro, sinon on est fichu. Alors, est-ce que je suis fichue ? Ce que je sais, c'est que j'ai besoin d'isolement, et vite ! C'est une question de jours, d'heures...
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mercredi 2 janvier 2013

De la relativité de l'argent

Aujourd'hui, j'ai pris un bus de Fort Cochin à Trivandrum (oui, on dirait le nom d'un camp romain dans Astérix). Le trajet durait 6h, et coutaît 143 roupies. J'ai tendu au contrôleur moustachu mes 200 roupies, et il m'a rendu 50 roupies au bout de 2h. Je lui ai demandé le reste de ma monnaie : il m'a dit des choses fumeuses que je n'ai pas comprises, sans doute parce qu'il parlait moitié anglais moitié malayalam (la langue kéralaise). J'ai attendu, je me suis dit qu'il avait largement le temps de me rendre mes 7 roupies. Mais alors que je les lui ai demandé une seconde, puis une troisième fois, j'ai bien saisi qu'il ne me les rendrait jamais. J'ai bouilli de rage, mince alors, 7 roupies, c'est un grand chaï, c'est 2 bananes et demi, c'est un samosa, un sachet de peanuts grillés, c'est... la liste est longue. 7 roupies, c'est un dixième du salaire du paysan, un centième de mon budget quotidien... Bref, en Inde, 7 roupies ça n'est pas rien, et j'étais agacée de me faire encore voler (oui, j'ai plein d'histoires à vous raconter...). Mais alors que j'allais les lui réclamer pour la quatrième fois, je me suis retenue et j'ai tenté de mettre les choses en perspective. 7 roupies, c'est un centime d'euros. Ce centime qui fait toute la différence pour les consommatrices, entre un produit à 9,99€ et 10€. Mais qui n'a pas fait tomber un centime d'euro et l'a laissée là parce que ce n'est pas grand chose ? Un centime d'euros, ça n'achète rien. C'est psychologique. Mais ici ça peut remplir un ventre, payer des médicaments, réparer un vélo, payer un peu d'essence. Je les lui ai laissées bien sûr. Cette mise en perspective m'a fait avoir honte de mon comportement. Mais ce n'est pas pour quelques piécettes que je me bats, mais pour le fait que les étrangers se font sans cesse avoir ici. Pour tout. On a un pouvoir d'achat complètement dingue ici, si vous saviez ! Mais est-ce une raison pour payer 10 fois le prix local ? Pour ne pas récupérer sa monnaie ? Une indienne ne laisserait jamais un commerçant garder une roupie de monnaie. Alors pourquoi devrions-nous laisser passer ça ? Si on se place dans une nouvelle perspective, pouvons-nous imaginer en France de faire payer plus cher des japonnais juste parce que ça se lit sur leur visage qu'ils sont étrangers ?
Ici, ma relation à l'argent change. Je me bats pour quelques centimes d'euros tous les jours, alors qu'en France, je dépense bien plus volontiers. Pensez-y : une baguette coûte 1,10€. Ici, pour 100 roupies, on a beaucoup de choses... C'est le principe d'être vue comme un portefeuille sur pattes me déplaît tant, et je calque mon comportement sur les indiens, je les interromps pendant leur chaï pour leur demander combien ils l'ont payé, j'apprends les chiffres en hindi pour pouvoir comprendre les négociation au marché. J'essaye de tenir un budget très serré, rognant sur mon confort, sur la propreté, sur la tranquillité d'esprit. Mais il devient nécessaire de prendre en compte cette relativité de l'argent parfois, sinon toute l'énergie y passe. Trouver le juste milieu, mais ce n'est pas simple...
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