dimanche 26 février 2012

Petites considérations du dimanche soir

En ce moment, j'ai un peu moins envie de nourrir mon blog, malgré tous les articles que j'avais idée d'écrire. J'ai l'impression d'être dans un tunnel, les semaines passent à une vitesse folle, les week-end aussi malheureusement. J'avais prévu plein de choses chouettes ce week-end, malheureusement, j'ai été malade depuis vendredi soir, et comme par magie, tout va mieux pour aller travailler demain... comme quoi, il fallait peut-être que je reste chez moi seule deux jours, à manger des coquillettes à la crème et au jambon à des heures improbables, à alterner entre lecture et sieste, à rester en pyjamas et ne pas me soucier de la tête que j'avais.
J'ai dévoré Christopher et Colombus d'Elisabeth von Arnim, d'une traite. C'était super, mais je me suis rendue compte que dans mon état de mi-somnolence, c'est Anne, la maison aux pignons verts que j'aurais voulu lire, ce livre que j'ai découvert à 11 ans, lors d'une grosse pneumonie et que j'ai relu un nombre incalculable de fois. Manque de chance, il est à 1000 km de moi... je serai plus prévenante la prochaine fois, et je le garderai toujours avec moi, quoi qu'il arrive.

Pendant ce week-end un peu gris, j'ai eu envie de couleurs et de beauté, puisque je n'avais le goût de rien, même le thé m'était indifférent (je n'aurais pas cru cela possible...mais si), je me suis nourrie de belles images, et de beaux chants hindous.
En ce moment je suis obsédée par l'Inde, vous vous en êtes probablement rendus compte... alors j'aime regarder des images de ce pays, de ses habitants. J'aime revoir mes photos, j'aime imaginer que j'y retournerai bientôt... Peut-être que tout ça m'a redonné la santé !

Voilà donc quelques images que j'ai envie de partager, qui ne sont pas les miennes mais que je trouve très belles, parmi tant d'autres.

Et votre week-end, était-il plus productif que le mien ?


Source : http://www.thecherryblossomgirl.com/namaste-4/18114/

Source : http://www.chongas.com.br/2012/01/49-fotos-361/#more-19564

Source : http://shuchilove.tumblr.com/post/4353833277
Source : https://picasaweb.google.com/lh/featured?feat=featured_all#5624870543811860642

Source : http://sellmymemories.tumblr.com/

Source : http://iltuoprofumo.tumblr.com/post/11394085203/taj-mahal

Source : http://cometotheinfinite.tumblr.com/post/17726265521
Source : http://www.flickr.com/photos/jeeheon/4662760311/in/set-72157624039967312

Source : http://elena-mico.tumblr.com/post/17573977411

Source 1ère image : http://worldphotocollections.blogspot.com/2010/03/red-colour-india-colourful-photos.html


P.S. : Je vous rajoute à la dernière minute (lundi) une vidéo ridicule, certes, mais c'est la chanson que je trouve sublime. Belle semaine !



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jeudi 23 février 2012

Room - le meilleur livre que j'ai lu en 2012

On n'a même pas fini le mois de février, et pourtant j'ai déjà lu quelques pavés, et d'autres livres moins conséquents : Fin de Chapitre, de J.Galsworthy, Les aventures d'Arthur Gordon Pym, d'Edgar Poe, Le Sari Rose de J. Moro, Histoire de mes assassins de Tarun J Tejpal, La mise à nu des époux Ransome, d'Allan Bennett et Le Premier été d'Anne Percin. J'ai adoré Le Sari Rose, j'en parlais d'ailleurs ici et là.
Et dimanche soir, j'ai commencé Room d'Emma Donoghue, que Fleur De Menthe m'avait prêté car j'avais aimé sa critique ici.  Dès les 3 premières phrases, mes mains se sont accrochées aux pages et n'en décollaient que très difficilement pour dormir ou travailler. Je n'ai pas vu les 400 pages passer : un pur délice de lecture. Pourtant, l'histoire n'est pas très joyeuse, mais la narration la rend haletante, prégnante.

Le narrateur est un petit garçon de 5 ans, vif, intelligent, qui sait lire et écrire. Il est très créatif, et vit dans un univers particulier : il croit que le monde du vivant ne se réduit qu'aux 9m2 dans lesquels il vit avec sa maman depuis sa naissance. Le monde extérieur n'existe pas, Madame Télé montre la vie sur d'autres planètes auxquelles ils n'ont pas accès. Il ne s'agit pas de divagations de la part d'une maman un peu folle, ou de l'imaginaire d'un enfant qui connait Alice Aux Pays des Merveilles de Lewis Caroll par coeur. Non. Ils sont enfermés, séquestrés dans une "Room" aux murs, sol, plafond, lucarne insonorisés et infranchissables. Aucune possibilité de sortir, "Grand Méchant Nick" ne le permet pas. Mais que se passe-t-il quand s'évader est une question de vie ou de mort ?

Je me suis laissée absorbée par cette histoire à la narration inhabituelle. Pendant trois jours, je mesurais moins d'un mètre, je prenais encore mon "Doudou-Lait" et je dessinait en sachant qu'il faut économiser les crayons de couleur parce que sinon, on n'en aura plus, qu'il faut compter les céréales le matin pour faire durer le paquet le plus longtemps possible. J'ai été émue aux larmes, j'ai pas mal ri aussi. L'auteur parvient avec un grand talent à faire vivre ses personnages dans cet univers glauque et pourtant jamais immonde, ni larmoyant, ni infâme.

Une seule déception : il est déjà fini... j'aimerais recommencer à la première page, mais mon amoureux s'y est plongé au moment où je lisais la dernière ligne !

L'avez-vous lu ?  En avez-vous entendu parler ? En voyant la jaquette à la Fnac, j'avais été séduite mais je l'avais reposé : la 4ème de couverture ne me faisait pas envie. Pourtant, si vous enlevez la sur-couverture, vous verrez ça, et là, ça devient intéressant, on sent l'histoire qui palpite, qui veut être lue...
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dimanche 19 février 2012

Blanche De Castille, en fait, c'est qui ? - partie 2/4

Vous vous souvenez de mon premier tag, il y a quelques jours ? Les explications se trouvent ici! Deuxième tour : le tag de Marinouaustralie, que j'ai eu le plaisir de rencontrer il y a peu de temps ! Bon, je me lance, j'espère vous faire sourire un peu, vous apprendre des choses, bref, vous plaire.

1) Ce que t'apporte ton blog au quotidien ?
C'est un peu mon Quant à soi, un lieu que j'aime parce qu'il me permet de m'exprimer sur des sujets divers et il existe une véritable interaction avec les lecteurs, ce que je n'ai pas lorsque j'écris dans mes carnets.  

2) Ton juron favori ? (et oui, c'est permis pour une fois de dire des gros mots)
Quelle idée, une princesse n'a qu'un langage très châtié !

3) Le son, le bruit que tu aimes ? Pourquoi ?
En ce moment, j'aime les gazouillis d'enfants, leurs petits mots bafouillés, prononcés de façon un peu bancale. Non, je ne veux pas avoir d'enfant maintenant, mais je ne peux m'empêcher de fondre devant leurs petits bruits de bouche trop chou.

4) Une recette facile et rapide que tu connais par cœur sans lire la recette ?
Le gâteau de riz aux courgettes : Un verre de riz, 3 courgettes, un pot de crème fraiche, un sachet de parmesan, 5 œufs. Le riz cuit dans l'eau que dégorgent les courgettes en cuisant elles-mêmes, quand le riz est bien gonflé, attendre que tout refroidisse ! Puis, ajouter les 5 oeufs, la crème et le sachet de parmesan, passez au four pour bien tout griller : sortez-le et dégustez ce gâteau avec une bonne salade verte, chaud ou froid!

5) Un livre que tu ne te lasses pas de lire ou relire ? Pourquoi?
Anne...la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery. Je l'ai lu la première fois à 11 ans, soit au même âge que l'héroïne au début de cette saga en 10 tomes, alors que j'étais clouée au lit des semaines à cause d'une très méchante pneumonie. Depuis, je relis ce livre assez souvent, car il m'accompagne chaque fois différemment, aux différentes étapes de ma vie. C'est un concentré de poésie, de rêverie, d'enfantillages, de paysages, d'amour et d'amitié qui m'a toujours émoustillée !

6) Une chanson intemporelle que tu aimes par dessus tout ?
Il y en a plein ! Il m'arrive encore d'écouter les chansons-devinettes que j'écoutais quand j'étais toute petite, mais aussi des chansons de quand j'étais ado... je ne sais pas, pour moi, elles sont presque toutes intemporelles, en choisir une seule serait trop dur !

7) Le métier que tu n'aurais pas pu exercer ? Pourquoi ?
Tout ce qui touche à la finance, aux chiffres, au contrôle. Puis les métiers administratifs doivent être assez desséchants et j'admire les gens qui peuvent travailler dans ces métiers et être épanouis. 

8) Ton week-end idéal en quelques mots ?
Celui que j'ai toutes les semaines : du temps avec mon amoureux, à me promener dans Paris, des moments de lecture, du bon thé presque en continu, un dîner avec des amis, des découvertes, du farniente... voilà un aperçu d'un WE comme je les aime.

9) Le dernier film que tu as vu au cinéma ? Ta critique ?
J'ai vu Félins, et bien c'était génial. Très belles images, très belle musique, une véritable histoire contée par une belle voix d'homme : un Roi Lion plus vrai que nature !

10) Comment imagines-tu ta vie dans ... 5 ans ?
Je ne sais pas où je serai dans 5 mois, alors dans 5 ans, il me semble qu'il se sera passé plusieurs vies d'ici-là !

11) Un souhait pour ton blog en 2012 ?
Continuer à l'utiliser à bon escient, c'est à dire pour mon plaisir et non par sentiment d'obligation. Il changera peut-être d'allure un de ces jours, en tout cas je souhaite qu'il reste cette petite bulle d'air et d'échanges agréable. 

A bientôt pour les 11 prochaines questions ! (oups, j'espère que vous n'allez pas vous lasser de m'entendre parler de moi à tout bout de champ ?)

Source image : Weheartit
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vendredi 17 février 2012

Plume de vie - Jeu d'écriture

Elle s'était appliquée sur ses croquis, et allait passer à la mise en couleur à l'aquarelle - la partie qu'elle préférait. Elle avait pris exemple sur le couffin qu'elle avait trouvé dans le grenier de ses grands-parents lorsqu'elle était allée les voir l'été dernier. Dommage, la bourre était trop abîmée pour le récupérer pour Jules. Pendant ces vacances, elle avait croqué les coqs et les poules des voisins, qui essayaient de déformer le grillage de leur enclos pour picorer toujours un peu plus loin. Jules avait très peur du chapon, qui était énorme, mais semblait fasciné par le caroncule des coqs : il voulait sans cesse attraper cette excroissance disgracieuse d'un rouge dont la matière rappelait un peu celle de la langue. Ces bêtes lui avaient rappelé avec amusement les petits poussins de Claude Ponti : elle était allé fouiller dans ses caisses d'affaires d'enfant pour récupérer les livres qui avaient peuplé son monde imaginaire : Pétronille et ses 120 petits, Le Doudou Méchant, L'arbre sans fin... Elle les avait rapportés avec elle, et avait hâte que Jules soit assez grand pour les lui lire. En attendant, elle y puisait son inspiration.

Elle aimait son métier : elle faisait des dessins sur commande, sur divers supports. Là, elle confectionnait un faire-part de naissance. Elle avait aussi une commande d'illustration de livre pour enfant, il faudrait qu'elle s'y mette bientôt.
Elle perçut soudain du mouvement dans la chambre de Jules: il devait s'être réveillé de sa sieste. Un peu déçue, elle reposa son pinceau, ferma sa boite de couleurs, et alla retrouver son bébé. Lorsqu'il la vit, de son petit lit cage, il gazouilla de plaisir, tendant vers elle ses petits bras potelés réclamant amour et protection.
"Mon petit chéri, tu as bien dormi ? Est-ce que tu as faim pour un petit goûter ?" lui dit-elle en le prenant dans ses bras pour l'emmener au salon. Le changement climatique de ce début novembre avait été si inattendu que la maison n'était pas encore assez chaude : elle augmenta le chauffage de la pièce et alluma la radio pour écouter de la musique en le câlinant. Le chat vint ronronner près d'eux, au plus grand bonheur de Jules qui se mit à attraper convulsivement les poils de la pauvre bête qui se laissait faire, sachant qu'il ne lui ferait aucun mal.
L'andante de Chopin se terminait dans un grésillement, comme si les notes souffraient de mourir doucement, quand tout à coup, La Sonate au Clair de Lune de Beethoven fit entendre ses premières notes. Elle fut prise d'un vertige immédiat, sa respiration se serra dans une douleur qu'elle croyait apaisée. Le feu du souvenir se ranima dans son cœur qu'elle senti saigner de tristesse, comme on craquerait une allumette sur une feuille de journal : un embrasement. Cette musique, c'était celle qu'ils aimaient écouter ensemble. Ils avaient été si heureux, toutes ces années. Ils aimaient regarder les catalogue de déco, en écoutant leur disque de Beethoven, et particulièrement ce morceau, pour décider du style qu'ils voulaient donner à la maison de leurs rêves, qu'ils pourraient bientôt s'acheter. Le week-end, ils faisaient toujours un gâteau ensemble, et ils riaient en se gavant de la préparation crue, se barbouillant la bouche de cet épais mélange si délicieux. Il regardait des matchs tandis qu'elle allait à son cours de chant le mercredi. La vie était douce et tout n'était que prétexte au bonheur, aux rires, au retour en enfance.

Et puis un jour, elle s'était rendue compte qu'elle était enceinte. Elle portait son enfant, elle en était ivre de joie, elle s'était sentie légère comme une plume pendant les jours suivants, comme en apesanteur. Elle ne lui avait pas annoncé tout de suite : elle devait d'abord entrer en communion avec ce petit corps qui poussait en elle, elle avait attendu le bon moment pour lui aussi. Elle lui avait annoncé dans la douceur, sans le brusquer. Il était fou de joie. Il sautait partout, alternait entre rire et larmes. Ils firent l'amour toute la nuit, tendrement, heureux. Le lendemain, pour fêter ça, il avait sauté du lit pour aller chercher des bons croissants comme elle aimait. Elle était restée à la maison, se prélassant un peu dans les draps. Et le téléphone avait sonné. Elle avait hésité à répondre, elle était si bien. Et puis elle s'était décidée à descendre prendre le combiné, après tout, sa mamie était malade ces temps-ci. Une voix inconnue. Des mots dont elle ne comprend pas le sens. Le téléphone qui tombe, le hurlement déchirant le silence de la pièce. Fauché. Fauché par une voiture, son sac de croissants sous le bras. Fauché parce qu'il n'avait pas tourné la tête avant de traverser la route. Fauché parce qu'il n'avait pas entendu le moteur se rapprocher. Fauché parce qu'il était le plus heureux des hommes, à s'imaginer devenir papa. Il était mort. Et elle voulait mourir maintenant. A quoi bon vivre, à quoi bon donner la vie, s'il n'était plus là ?

Une lame s'enfonça dans sa poitrine, au souvenir de ce terrible évènement qui avait brisé ses rêves. Elle sanglotait, et Jules touchait les larmes qui coulaient sur les joues douces de sa maman. Il l'interrogeait de ses grands yeux verts, ceux de Mathieu, et le regard roboratif de ce petit être la toucha. Il avait besoin d'elle, elle ne pouvait pas se laisser trop aller. "Mama" interrogea-t-il. Elle se moucha, le serra tendrement contre elle, et lui murmura : "Oui mon petit poussin, maman est là. Je suis triste, mais je t'aime très fort. Même si tu es encore un petit bébé, je vais te parler de ton papa."


Les mots imposés pour Des mots, une histoire, 56 sont : grillage – chat – andante – apesanteur – caroncule – chant – contexte – plume – couffin – barbouillages – croquis – enfant – lame – livre – vertige – saigner – chapon – climatique – catalogue – match – roboratif – sangloter – allumettes – mouchoirs – enfance – préparation – délicieux
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samedi 11 février 2012

Blanche De Castille, en fait, c'est qui ? - partie 1/4

Non, vous ne trouverez pas un cours d'histoire ici. Vous n'aviez qu'à retenir vos leçons de primaire et collège. Il y a quelques temps, on m'a posé pas moins de 44 questions (rien que ça !) on ne peut plus inhabituelles. Alors, je vais essayer d'y répondre, courtoisement, et en essayant de vous faire un peu rire quand même. Prêts ? On y va.
Il y a une règle du jeu (qui a tellement tourné que vous devez la connaître par coeur, mais je la remets pour ceux qui ont la mémoire de Doris dans Némo) :


1. Vous devez poster les règles.
2. Chaque personne doit écrire 11 choses à propos d'elle sur son blog.
3. Répondez aux 11 questions, puis créez 11 nouvelles questions sur les personnes taguées.
4. Vous devez choisir 11 personnes et mettre un lien de leurs blogs sur votre post.
5. Rendez vous sur leurs blogs afin de leur dire qu'ils/elles ont été tagués.
6. Ne faites aucun tag sans les prévenir.
7. Vous devez obligatoirement taguer 11 personnes.

Je vais commencer par les questions d'Agoaye, parce que première arrivée, première servie !

1 - Qui inviterai-tu à ton dîner parfait (4 personnes toi compris. Personnalités vivantes, mortes ou imaginaires acceptées) ?
Je n'ai le droit d'inviter que 3 personnes ? Ils sont tristes, ces diners idéaux... Bon, alors on va dire Alice (celle du Pays des merveilles) qui nous raconterait comment aller dans "son monde des rêves", Béatrix Potter qui dessinerait ce joli monde, et Peter Pan, pour qu'il nous apprenne à vivre sans grandir. Ca donnerait des choses intéressantes !

2 - Tu as la possibilité de changer (tous changements confondus) une partie de ton corps, quelle serait-elle ?
Je voudrait pouvoir les rendre toutes invisibles, à volonté. Ca serait pratique, non ?

3 - On t'offre l'opportunité de faire disparaître (pouf, comme ça d'un coup, sans laisser ni traces ni souvenirs) une personne vivant actuellement, de qui s'agira-t-il ?
Une seule c'est trop peu... Peut-on voir les choses en grand ? Si oui, je dirais tous les cons. Problème de surpopulation résolu !

4 - Tu changes de sexe pour une journée. Que fais-tu ?
Je mange plein de choses interdites et pas bonnes, parce que de toute manière, cet énième hamburger, il ne viendra jamais sur mes hanches.

5 - Tu décroches le meilleur job du monde, à savoir être gardien de phare sur une minuscule île paradisiaque pendant un an (si si, ça existe). Pas de vacances. Tu acceptes ?
Pour moi ce n'est pas le meilleur job du monde, parce que ce n'est pas un job, ce sont des vacances de rêve, une retraite personnelle...et on se fait payer pour ça ! Où faut-il que je signe ?

6 - Quelle est la personnalité française avec laquelle tu coucherais le plus volontiers (interdiction de citer le conjoint et interdiction de zapper la question, nonméo !) ?
Johnny Depp. Bah quoi, il est marié à Vanessa, techniquement, 1 an après leur mariage, il était franco-américain ! 

7 - Si, après ta mort, on te proposait de rester un peu pour hanter certaines personnes, accepterais-tu ?
Oh oui, ça ce serait chouette !

8 - Quelle tirade/dialogue/monologue de pièce, roman ou film peux-tu citer là, comme ça, de tête?
"Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire 'je m'endors', et une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de trouver le sommeil, m'éveillait." Le début de Du côté de chez Swan. Bon, il y a certainement des erreurs... Promis, j'ai pas regardé !

9 - Si on faisait une adaptation de ta vie au cinéma, quel acteur/actrice choisirais-tu pour incarner ton rôle ?
Anne Hataway. Bah quoi, on peut rêver, non ?

10 - Qu'as-tu mangé de plus étrange dans ta vie ?
Je repense à ce truc violacé, dans un vrai resto japonais, il y a quelques semaines. C'était un goût si inconnu de mes papilles que je ne sais même pas si c'était bon ou mauvais, pâteux ou visqueux, mangeable ou empoisonné... 

11 - Que feras-tu même jour, même heure, mais dans dix ans ?
Quelle question ! Je ne sais même pas où je serai dans 5 mois, alors 10 ans... en tout cas, je ne serai certainement pas avec Bruel !

Pfiou, plus que 33 questions... je ne désigne personne pour le moment, je ferai ça lors du dernier post !

Source image : Weheartit
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vendredi 10 février 2012

Un matin - jeu d'écriture

Il ne pouvait se concentrer sur ce film d'Ingmar Bergman. Décidément, ce réalisateur qui avait tourné "Sarabande" il y a quelques temps ne savait plus quoi inventer pour vous perdre dans son univers un peu angoissant. Et puis il y avait la lettre. Il ne pouvait cesser un instant d'y penser. Quel culot il avait eu, Baptiste, de la lui envoyer ! Il l'avait reçue ce matin, alors qu'il se forçait à manger son pain tartiné de fromage mou, comme le lui avait conseillé le médecin. Rageur, blessé, il s'empara de la lettre qu'il avait laissé choir, quelques instants plus tôt, sur sa table de nuit.
 "... parce que tout est absolument incroyable ici ! Quand je pense que j'aurais dû faire ce tournage sur les jeunes de banlieue, je dois dire que c'est une aubaine que tu n'aies pas pu faire ce documentaire! Je n'avais jamais espéré un jour venir au Pôle Nord, d'ailleurs je n'en avais jamais eu l'idée. Mais tout est fou ! Hier, avec Audrey, alors qu'on avait prévu d'aller à la rencontre d'Esquimaux (je ne sais plus trop le nom de leur tribu), on a vu une horde d'otaries qui jouaient sur l'eau gelée, et qui plongeaient dans les trous que des pêcheurs avaient creusés il y a quelques jours. Donc on a pris la caméra, et pour donner un style un peu décalé, on s'est mis sur des patins et on a pris la mer pour une patinoire géante ! C'était dingue ! J'ai hâte de voir des ours, ça doit être marrant de les voir sur leur banquise comme ça. Leur fourrure ferait des épaulettes bien chaudes ! On est restés jusqu'à la nuit à filmer les animaux, et le froid est si mordant que mes cheveux ont un peu gelé, tu te rends compte ? Et le gel a même un peu abîmé ta caméra : il y avait comme du givre sur la lentille, mais bon, ça ne devrait pas être trop grave pour les prises de vue, on aura des excédents de pelloche d'ailleurs. 
Il fait si froid qu'avec Audrey, on se lance des gages pour savoir qui sortira en premier, le matin, ça pimente un peu nos journée, parce qu'il arrive qu'on s'ennuie à mort ici. Sinon, à propos de..."

Et la lettre continuait ainsi, plusieurs pages de logorrhée qui dégoûtaient Bastien. Il froissait frénétiquement les feuilles malgré son extrême faiblesse.  Cette lettre était presque blasphématoire pour lui, qui avait attendu toute sa vie de partir là-bas, et en avait été empêché au dernier moment alors que son rêve allait enfin se réaliser. Un pie se posa sur le rebord de la fenêtre, et béqueta le petit cactus rabougri dans son pot, pensant peut-être qu'elle y trouverait une graine à picorer. Quel gâchis ! Baptiste tournait tout en dérision, tout n'était qu'un jeu. Bastien ressenti une fureur teintée de désespoir. Le documentaire serait une blague désespérante qui couperait définitivement toute chance que lui, Bastien, y retourne. Des larmes de rage se mirent à couler. Il avait fallu qu'il se batte près de 10 ans pour que la prod accepte, 10 ans à les convaincre, et maintenant, c'était fini, anéanti. Tout était si calé qu'on n'avait pas pu retarder le départ.
Bastien replongea dans les abîmes de sa tristesse, qui l'entrainait au fond du précipice de son chagrin. Des illusions enfuies, des désirs perdus à jamais. Un rêve que tout petit, déjà, il chérissait. Attraper une bronchiolite en été, est-ce que ça n'était pas une horrible farce de la vie ?

Les mots imposés pour ce 55ème Des mots, une histoire sont : cactus – documentaire – blasphème – chérir – pie – pimenter – matin – ressenti – gel – graine – bronchiolite – fromage – sarabande – mordant – gage – épaulette – dérision – givre – précipice – otarie – patinoire – nuit – excédent – frénétique
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jeudi 9 février 2012

L'enfer c'est les autres... Episode 4 : Les magasins

Que les blogueuses mode et beauté ne me conspuent pas ni ne me lapident trop vite. Soyez indulgentes: je déteste faire les magasins. Voilà, c’est dit. Il me semble que c’est une perte de temps, d’argent, de moral, d’énergie, bref, pour moi les magasins n’ont pas d’intérêt. Attention, je ne parle que magasins pour se vêtir, se chausser, se coiffer, se ganter, se vernir, se poudrer… bref, vous m’avez comprise. Mais bon, aujourd’hui, on ne peut plus se permettre de sortir sans rien sur le dos, et comme j’évite de mettre de trop vieilles fripes, il faut bien que je me force, de temps à autre, à aller « faire les magasins ».
Alors, parfois, je prends des forces, je me bourre de vitamines pendant deux jours, je booste mon moral et j’y vais. Je franchis la porte, et là c’est l’enfer. Les néons qui vous agressent, la musique violente et forte, des mastodontes pour vigiles, des tas de fringues partout. Je veux ressortir, mais je me dis que c’est nécessaire, pour ma survie sociale et professionnelle.
J’arrive dans les lieux maudits : et là, le désespoir me submerge. Des habits absolument partout, dont la moitié sera mal coupée pour moi, l’autre sera composée de pièces moches voire hideuses, chères, détestables. Mais si seulement on était seules face à ce malheur. Mais non. Il faut TOUJOURS qu’il y ait des gens autour de vous. Des gens (ou plutôt des nanas) qui vont prendre toute la place devant le portique de fringues, ne vous laissant aucune alternative que celle de poireauter bêtement derrière, en priant pour que cette petite robe bleue, la dernière, que vous avez vue de loin, ne plaise pas. Et dans ce cas, vous pouvez en être sûre : non seulement la fille va voir cette robe, mais en plus ça va être exactement sa taille, et elle la prendra d’un air satisfait et content de soi. Elle va se retourner, voir votre mine déconfite et vous lancer un méprisant « Pardon » marmonné parce qu’il ne faut surtout pas avoir l’air chaleureux, gentil, aimable, humain. Dans les magasins, tout le monde se déteste, personne ne se parle mais chacun détaille les autres de la tête aux pieds, cherchant la faille, trouvant des raisons de se dire « Moi, je vaux mieux qu’elle… »
Dans les magasins, les gens ne prennent soin de rien. Ils font tomber quelque chose, ils le laissent traîner dans la poussière. Si une ceinture se détache du vêtement, croyez-vous qu’ils vont la remettre ? J’ai acheté deux trucs pendant les soldes. En rentrant chez moi, je me suis apperçu que ces deux tuniques étaient supposées avoir une ceinture. Sympa.
Dans les magasins, les gens râlent en permanence, contre tout. Trop de queue, trop d’attente, ça m’ira jamais, c’est trop moche, j’en ai marre… On a le droit de connaître toute la vie de notre voisine de rayon, qui, soit parle dans son portable en hurlant, soit a réussi à entrainer une copine et lui parle en hurlant aussi. Il y a celles qui poussent, qui tirent, qui s’énervent, qui sont prêtes à tout pour avoir ce qu’elles ont repéré dans les mains, même si c’est un 38 et qu’elles font du 44.
Dans les magasins, on se sent traquée en permanence, on n’est jamais entièrement sereine. Du coup, on devient très sauvage, tout n’est plus qu’une question de survie. Et les autres, elles font pareil… On a le droit alors à une ménagerie incroyable, chacun s’aboyant presque dessus dès qu’il se passe quelque chose. Sans être violent ou insultant, mais insidieux et odieux : « Non mais allez-y, si vous dites que vous étiez avant moi, c’est bon…pfff les gens j’te jure, tout ça pour une place dans la queue quoi… », le tout accompagné d’un air blasé, d’un haussement de sourcils, d’un regard qui se perd dans le lointain (ou au rayon des bijoux, près de la caisse, là, on ne sait pas trop).
En fait, dans les magasins, on est tous, vraiment, un enfer ambulant. Nous-mêmes compris.
Je n’ai mis les pieds dans un magasin de fringues qu’une seule fois en plusieurs mois, alors je suis un peu rouillée, dites-moi, l’enfer des autres dans les magasins, pouvez-vous me rafraîchir la mémoire ? Et puis moi, j’ai trouvé une solution… le vide-dressing des copines. Ca, c’est bon.

Article écrit pour le blogzine So Busy Girls que vous pouvez retrouver ici

Source image : weheartit
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lundi 6 février 2012

Deux semaines en Inde avec le Sari Rose

Tout a commencé il y a deux semaines, je vous racontais ici mes impressions au début de ma lecture. Vous pouvez aller le lire, parce que ce que j'y dis n'est pas répété dans cet article-ci : ils se complètent. Mes impressions ont beaucoup évoluées depuis.
Je m'attendais à une histoire d'amour passionnée, un roman à l'eau de rose, et au lieu de cela, j'ai eu l'immense plaisir de trouver là un livre retraçant l'histoire de l'Inde depuis les années 1970 sous l'angle politique. On m'aurait dit ça avant de le lire, ça ne m'aurait pas forcément emballée. Et pourtant, j'ai été subjuguée. Dès le début du livre, l'auteur nous plonge dans la tristesse, le danger, la violence qui entoure la famille des Nehru-Gandhi, la plus célèbre de l'Inde, héritière spirituelle du Mahatma Gandhi et héritière de sang de Jawaharlal Nehru, la grande figure de l'Indépendance de l'Inde. Rajiv, l'époux de Sonia Gandhi, à la veille de la fin des élections, alors qu'il allait sans doute devenir Premier Ministre de l'Inde, vient de mourir lors d'un attentat-suicide d'une fanatique pendant un meeting. Sonia est dévastée, et on ne peut s'empêcher de prendre d'affection ce personnage qu'on nous présente de façon brusque, brutale, qu'on ne connait que de nom, vaguement. Et pourtant, cette femme est l'une des plus puissantes du monde aujourd'hui. Sonia Gandhi est italienne de naissance, mais indienne de cœur. Lorsqu'elle a épousé Rajiv par amour, elle a accepté de respecter la tradition indienne qui offusquerait plus d'une occidentale : la mariée entre dans la famille de son époux, elle vit avec ses beaux-parents, se conforme à leurs désirs (jusqu'au choix du nom de ses enfants). Et elle n'a pas épousé une famille ordinaire, mais la famille la plus célèbre, celle qui donne de l'espoir à des millions de paysans dans les contrées les plus reculées du pays.

On apprend les origines de certains massacres qui sont vaguement venus nous toucher, dans un journal de 20h un jour, mais qui ont profondément meurtris les populations et ont détruit le patrimoine séculaire du pays : "la vie humaine en ce moment n'a plus aucune importance : ce qui compte en ce moment est d'en finir avec les symboles du voisin musulman (...) en un seul après-midi, un monument qui avait été le témoin d'innombrables convulsions de l'histoire, qui avait supporté les pluies battantes de plus de quatre cents moussons, est réduit à l'état de décombres par la fureur de quelques fanatiques." 

J'ai été blessée par ces massacres, scandalisée par les inégalités et les injustices, outrée par la soif de pouvoir des plus hauts dignitaires, des plus hauts dirigeants de ce pays. J'ai été entraînée auprès d'Indira et des siens pour prendre des décisions difficiles, pour déclarer un état de guerre, pour prendre des mesures drastiques afin de sortir le pays de sa tradition sclérosée.
J'ai découvert à quel point il pouvait être dangereux de vivre quand on s'appelle Gandhi. Rajiv disait à ses enfants : "Vous devez apprendre à vivre en sachant qu'un jour nous devons tous mourir", en faisant référence à sa mère Indira, menacée de mort par des extrémistes. De même, Indira disait à son autre fils Sanjay : "Souviens-toi, tout ce qui fait mal rend plus fort. Beaucoup de gens ne la supportent pas, mais un petit nombre de gens grandissent dans la souffrance. Sois fort dans ton corps et dans ton âme et apprends l'endurance". Des gens sages, qui se sont dévoués à une cause qui leur paraissait juste : sortir l'Inde de sa misère, la hisser sur la scène internationale. En plus d'être sage, cette famille est humble, bienveillante, et aime profondément le peuple. 

J'ai ressenti, à chaque mot, l'âme de l'Inde, celle que j'avais sentie en y allant en mai dernier. Cette impression d'y avoir toujours vécu. Cette âme qui est si attirante, si profondément humaine et belle, empathique, dévouée, aimante. J'ai retrouvé les visages creusés mais souriants, pleins d'espoirs. Les couleurs, les odeurs aussi. J'ai vu l'Inde à travers les yeux de ceux qui ont donné leur vie pour elle, sacrifiant leur confort, sacrifiant leur bonheur. Ainsi, quand Sonia essaye d'empêcher son mari Rajiv d'entrer en politique selon le désir d'Indira, elle sait bien que : "Quel poids pouvait avoir le bien-être bourgeois d'un couple et de ses deux enfants comparé au destin d'une contrée immense comme l'Inde ? Ces forces puisaient dans la longue histoire de la nation, elles oeuvraient au nom d'une population de plus de sept cents millions de personnes."

Des proportions gigantesques, des conditions de vie extrêmes, et pourtant, de la beauté. Voici un passage qui m'a beaucoup touchée : "On était au cœur de l'Inde éternelle, celle qui envahissait les ruelles autour de la Grande Mosquée, avec ses étals de vêtements bigarrés, ses marchands de fruits, de gâteaux, de lanternes, de piles électriques, ses cireurs de chaussures, ses coiffeurs en pleine rue, ses ateliers sombres où des enfants tissaient des tapis ou fabriquaient des instruments de précision... une explosion de vie, un chaos exotique et tapageur, un tourbillon de bruits, de couleurs et d'odeurs qui grisaient Sonia (...) pour rappeler combien l'Inde était un vieux pays. Nehru ne l'avait-il pas décrite comme 'un antique palimpseste où des couches conjointes de pensées et de rêveries ont laissé leur marque sans que personne ait pu les effacer ou occulter ce qui avait été inscrit en premier lieu'". 

Faire une critique de ce livre m'est très difficile, car je n'ai pas encore réussi à mettre des mots sur toutes ces vagues de sentiments qui m'ont submergée en permanence. J'ai adoré ce livre, parce que j'ai reconnu les lieux, j'ai retrouvé des choses que je croyais enfouies dans la mémoire de mon cœur. Mais tout est encore vif, pur, brut, comme lorsque je mettais le pied à New Delhi pour la première fois. Je me suis retrouvée avec cette part de moi que j'ai laissée en Inde. De la magie.

L'avez-vous lu ? Je serais curieuse et très intéressée de recueillir vos témoignages...même si vous ne l'avez pas lu : vous fait-il envie ? Pourquoi ?
Ici vous trouverez mon autre article à ce sujet.

J'ai lu ce livre en même temps que DouceurLittéraire, dont vous trouverez le témoignage sur son blog.
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jeudi 2 février 2012

Aller sans retour - jeu d'écriture

Le groupe dut se frayer un chemin pour trouver le compartiment qui leur avait été attribué par le chef de gare. Le quai était bondé, partout où l’on jetait un regard il y avait des vendeurs de nourriture et de bouteilles d’eau, des cireurs de chaussures, des marchants d’objets complètement hétéroclites, des familles qui dormaient à même le sol, des porteurs de bagages pour les nantis et les étrangers. Beaucoup de personnes semblaient errer, assommées par l’inexorable chaleur d’avant la mousson. Certains chiquaient, d’autres mâchonnaient des flocons de céréales de toutes sortes, comme c’était de coutume dans la région. Bien qu’il soit surexcité par ce voyage dont il avait toujours rêvé mais dont il n’avait jamais osé croire la réalisation possible, il était inquiet. Les trois jours de voyage lui faisaient peur : il n’avait jamais quitté sa bourgade avant d'arriver ici, et Devilal lui avait parlé des scolopendres qui grimpaient sur vous la nuit pour prendre possession de votre corps en entrant par votre bouche. Il disait que c’étaient des démons qui mangeaient les entrailles et les yeux. Cette idée le glaçait d’effroi, et il dut se secouer pour faire passer le frisson qui le parcourait, comme s’il avait soudain été couvert de neige. Le nœud de la bretelle cassée de son sac à dos se défit de nouveau, alors il s'arrêta pour le refaire. Tout à coup, il se sentit attrapé par la manche et tiré violemment à l’intérieur du train. Un peu plus et il l’aurait manqué ; heureusement que Yuyutsu avait remarqué qu’il était à la traine du groupe : c’était son rôle d’amener les enfants à bon port. Un peu désorienté, il sentait son cœur battre la chamade sous son maigre thorax, et ses oreilles bourdonner. Il se frotta les yeux qui s’habituèrent progressivement à la pénombre du compartiment étouffant où l’air chaud se plaquait sur les visage à chaque tour que faisaient les lentes pales du ventilateur bruyant. Il régnait un chahut et un désordre incroyables : tous les enfants étaient exaltés et s’attroupaient joyeusement aux fenêtres afin de regarder le paysage qui défilait de plus en plus vite devant leurs yeux émerveillés. Pour la plupart, c’était la première fois qu’ils quittaient le village, lorsque le bus cahotant les avait emmenés à la gare de Bangalore, et l’aventure qui les attendait maintenant allait changer leur vie à jamais.

Les familles qui voyageaient dans le même compartiment étaient amusées de l’enchantement de ces petits de six à huit ans, qui piaillaient comme des mésanges. Un musicien itinérant se mit à chanter, ce qui fit accourir tous les enfants autour de lui. Il avait des maracas de fortune qu'il faisait tinter en rythme, faites avec noix de cocotiers dans lesquelles il avait glissé des graines de margousier séchées. Très vite, les enfants l’accompagnèrent en tapant dans leurs mains. Bientôt, il fut l’heure de manger : Yuyutsu donna une tomate à chacun avant que les boys n’apportent les repas des cuisines. Maulik était fasciné par tout ce qu’il voyait. Ce petit orphelin, comme la plupart de ses camarades, n’avait jamais connu ses parents, morts lors de l’attaque de leur village par la guérilla, qui l’avait miraculeusement laissé en vie. Il avait été recueilli par le village voisin qui avait alors créé un orphelinat pour tous les enfants rescapés et sans famille des villages ayant subit l’assaut des Tigres. Alors que son destin de mendiant semblait tout tracé, un homme riche était un jour venu pour proposer aux 27 enfants, qui avaient tous moins de 8 ans, de venir chez lui, au Sri Lanka, afin d’être placés dans des familles nanties en mal d’enfants. Cet inconnu avait paru très influent, et l’argent qu’il donna aux responsables de l’orphelinat finit de les convaincre de se débarrasser de leurs protégés qui étaient devenus une charge trop lourde et trop peu rentable pour ce pauvre village. Il s'occupa de toutes les démarches administratives, comme trouver des passeports à chacun. Maulik avait donc été confié à Yuyutsu avec tous ses compagnons de parcours pour une vie meilleure.
Lorsqu’il s’allongea sur la couchette aux côtés de Devilal, veillant à bien fermer la bouche, il tenta de calmer son angoisse de la nuit qu'il allait devoir passer là en pensant à tout ce qu’on lui avait raconté de sa nouvelle vie : un véritable foyer, dans un pavillon confortable, rempli de la tendresse de parents qui lui liraient des livres d’histoires, lui permettraient d’aller à l’école pour faire des études et apprendre à lire et à écrire.

Mais il faisait erreur. Il ne savait pas que lorsqu’il serait descendu du train pour prendre le bateau qui l’accosterait à Colombo, ce n’est pas dans une belle maison coloniale qu’on l’amènerait. On le conduirait dans les profondeurs de la forêt Sri Lankaise, qui serait bientôt terriblement boueuse avec la mousson. Là, il apprendrait la lutte armée et serait, en 2 ans, transformé en machine à tuer pour renforcer les rangs de la guérilla, toujours plus forte, toujours plus violente. Mais pour l’instant, il s’était endormi en pensant à cette jolie vie qui se profilait, le reflet de son sourire toujours sur le visage.

* Plus de 5000 enfants ont été recrutés par les Tigres de Libération de l'Eelam tamoul (LTTE), et aujourd'hui l'ONU estime que 300 000 enfants soldats sont en activité dans le monde. 



Les mots imposés pour Des mots, une histoire 54  sont : erreur – tendresse – train – thorax – scolopendre – lutte – inconnu – inexorablement – boue – pavillon – compagnie – foyer – neige – étude – mésange – flocon – accoster – désorienté – parcours – tomate – chanter – gare – livre
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L’enfer c’est les autres… épisode 3 : le cinéma

J’allais samedi soir au cinéma avec une amie, et j’espérais que les gens seraient un peu plus civilisés que dans le métro bondé que je venais de quitter. Là, les voyageurs, tels des bœufs affolés, poussent, tirent, font les gros yeux, se crient dessus, critiquent, insultent, ignorent les autres et marchent sur tout le monde. Au cinéma (quelle idée aussi de vouloir aller sur les Champs…), les gens sont toujours les mêmes brutes égoïstes et pressées. Dès la queue, alors que nous arrivions en même temps qu’un couple à une borne, la fille a marmonné méchamment « Bon, allez ok, super, passe-moi devant je te dirais rien ! ». Je me suis tournée et lui ai dit « Ah, mais allez-y je vous en prie, il n’y a pas de problème », et je me suis éloignée. Surprise que je ne lui ai pas rétorqué une insulte ou applati mon poing sur son nez, l’homme, soudain soucieux de protéger sa belle, m’a aboyée dessus : « Mais c’est bon, laissez-nous le temps quoi ! » « Pas de problème monsieur je vous l’ai dit, je ne suis pas pressée, regardez, il y a une autre borne libre ». Je pense qu’il a mis du temps à se remettre de ma non-agressivité. Les gens vont se divertir au cinéma, et ils sont toujours aussi tendus, sur le qui-vive, comme si on allait leur voler leur place. D’ailleurs, devant les salles, personne ne se gêne pour vous passer devant impunément, en vous poussant grossièrement, pour avoir la place au milieu de la salle, au milieu de la rangée. Et arriver les premiers, pour être les conquérant de la salle. C’est très important pour eux.
Dans la file, on a aussi droit aux commentaires de ceux qui sortent d’une salle et descendent le film que vous allez voir. Il m’est aussi arrivé qu’une ouvreuse me dise que franchement, The Lady, c’est une bonne merde à la Besson. Merci, je viens de payer 10 euros pour entendre ça alors que je ne suis même pas encore assise. Salope.
Une fois passés les émois de la file d’attente pour les billets et celle pour entrer dans la salle, arrive le moment de regarder le film. Et là, vous regrettez déjà le canapé moelleux de votre salon, le silence qui règne tandis que vous vous régalez de ces images. Au cinéma, impossible de se régaler, les autres vous en empêchent par tous les moyens. Il y a ceux qui commentent absolument tout, et très fort, comme si vous n’étiez pas à 40 cm d’eux. Ceux-là sont insupportables parce que souvent, ils ne comprennent rien au film ou bien qui tentent d’y apporter une explication philosophico-quelque chose alors qu’on en est qu’au premier quart d’heure. Les autres, souvent, ce sont des jeunes filles qui pouffent à chaque scène un peu érotique, et les personnes agées qui se scandalisent de voir un bout de sein, et le font savoir à toute la salle. Lorsque je suis allée voir The Lady, j’ai eu droit, au fond de la salle, à un homme qui s’exclamait sans cesse « Putain ! » lorsqu’on voyait les massacres birmans, les émeutes… Désolée mon gars, si tu es sensible, il y a Mon Voisin Totoro dans la salle à côté. Dans l’éventail des bruyants, il y a aussi ceux qui respirent très fort, ceux qui reniflent en permanence, ceux qui sont pris d’une quinte de toux si forte que vous avez envie de les étrangler pour abréger leurs souffrances. Bien entendu, tous ces bruits incongrus ou ces discussions pénibles arrivent aux moments cruciaux du film, souvent aux moments tristes ou romantiques. Il y a aussi ceux qui ouvrent des paquets de biscuits, farfouillent longuement dans leur sac, mangent des pop-corn en faisant « schrounch, schrounch » et finissent de boire en faisant « hhhumaaa ». Parfois, on a de la chance car ceux-là nous offrent un rot bien immonde. Sans oublier les amoureux qui seraient prêts à faire un bébé devant vous, avec leurs baisers qui font un bruit de suscion bien désagréable. 
Après le son, les odeurs. Samedi, ma copine a eu droit à un monsieur incontinent à côté d’elle. Pourtant, ce n’était pas le genre de film à se faire pipi dessus… Parfois on a le droit à ceux qui enlèvent leurs chaussures, franchement je ne sais pas ce qui est pire. Certains mangent des choses abominables qui empestent, comme un bon vieux fromage, c’est une histoire vraie de la belette. On a la chance aussi d’être à côté d’un chanceux qui a marché dans une crotte, un gros bonhomme qui a couru pour être à l’heure, à une vieille dame sentant le renfermé, à un homme puant la bière et la vinasse, à une femme s’étant aspergée d’un parfum à la mode type Abercrombie et qui empeste les Champs-Elysées, il y a ceux, juste à côté de vous, qui tentent de vous parler mais ont une haleine si fétide que vous avez envie de partir en courant…
Au cinéma, il y a ceux qui sont toujours trop grands, et vous contraignent à voir le haut de leur crâne sur un bout de l’écran, ceux qui s’étalent et prennent trois sièges pour leurs manteaux, ceux qui téléphonent, fument, envoient des textos. Il y a ceux qui jettent leurs papiers et chewing gum par terre puisqu’une bonniche ramassera, n’est-ce pas ? Mais avant la bonniche, c’est vous qui passez et le chewing gum bien collant se retrouve sous votre chaussure, à votre grande joie.
Au cinéma, rien n’est jamais très joyeux, il y en a toujours un pour vous casser les pieds à chaque moment du film. Pénible, non ?


Source images : Weheartit

Cet article a été écrit dans le cadre du Webzine So busy Girls : retrouvez-le ici
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mercredi 1 février 2012

Mon voyage quotidien en Asie

Tous les matin, je fais un petit tour en Asie. Non, je ne regarde plus ma super série japonaise trop cool Hana Yori Dango le matin, j'ai vu les 2 saisons au moins 3 fois, et des ados japonais le matin, c'est un peu violent (les japonnais, quand ils se disent des mots d'amour, on dirait qu'ils se crient dessus en se lançant les pires insultes du monde...)
Non, grâce à Lauren et à son blog superbe, je voyage au Cambodge, au Laos, en Thaïlande, au Vietnam. Avec son amoureux, elle est partie pour faire un tour du monde (j'en rêve !) et elle nous partage quotidiennement les magnifiques photos qu'elle prend : des paysages, des instants de vie. Ce sont comme des moments qu'elle nous offre, des atmosphères, des sensations. J'aime faire ce voyage dans l'espace tous les matins, avant de prendre mon bus dans la grisaille parisienne de cet hiver horriblement froid, me disant qu'à l'autre bout de la terre, le ciel est bleu, le soleil caresse et réchauffe les visages des pêcheurs de Mui Ne et de Phu Quoc, des enfants de Paksong et Champasak, des marchands de Phong Dien... Des noms exotiques, des gens beaux dans leur simplicité, des lieux magiques comme La Source des fées (les images sont magiques, j'en ai eu des larmes aux yeux, allez voir!), Hoi An, et tant d'autres encore. On voit des choses insolites, comme un mini cimetière au milieu d'une rizière, des arrosoirs géants pour les champs, des paysages totalement différents qui pourtant appartiennent au même pays, à la même région.
J'aime ces couleurs, on a presque l'impression de sentir l'air ambiant, parfois chaud, parfois humide... Un voyage de tous mes sens, même si mon corps reste bien ancré au coeur de Paris !

Je vous suggère d'y jeter un oeil, je pense que les photos et les aventure de ces "Two Traveling Birds" valent le détour et ne vous laisseront pas indifférents... On a l'impression d'être à leurs côtés dans ce périple magique, sur un petit coin du siège de leur scooter, sur un bout de banc des petits bateaux de pêche, sur un transat face à l'immensité de la mer...

Merci Lauren d'avoir permis que je parle de ton blog, que je puisse partager quelques unes de tes nombreuses photos qui me transportent tous les jours. Quand quelque chose nous fait du bien et nous rend simplement heureux, il faut le dire, non ?

(le choix des images a été très difficile tellement je les trouve toutes superbes, j'en aurais emprunté 150, mais le but est de vous donner envie d'aller toutes les voir... Merci Lauren ! )




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