mardi 28 janvier 2014

Trois semaines, trois mois, trois ans...?

La perception du temps qui passe est étonnante parfois. Le temps court et s'étire, il semble jouer avec nous. J'ai l'impression d'être là depuis des lustres, mais à peine trois semaines se sont écoulées. Je me souviens il y a un an tout juste, je préparais mon voyage au Sri Lanka. J'étais affolée de devoir quitter l'inde, quitter Auroville que j'aimais tant. Je n'avais pas encore découvert le tango, qui a radicalement changé ma vie. Il y a un an, je voulais vivre en Inde, y trouver un stage puis un métier. Aujourd'hui je reve de Buenos aires. La vie est elle ainsi toujours faite de découvertes plus merveilleuses les unes que les autres? Je me sens chez moi ici, je peux m'imaginer y vivre. Mais n'est-ce pas ce qu'on se dit toujours lorsqu'on est en vacances dans un lieu qui nous plait? Pourtant je ne me sens pas en vacances, j'ai recréé un quotidien que j'aime, j'ai mes habitudes tout en restant ouverte, en m'offrant la possibilité de découvrir quotidiennement de nouvelles choses. Cette ville mélange le raffinement parisien, la vie nocturne barcelonaise, le chaos bombayite, la mixité stambouliote, la gastronomie toscane... Et tant d'autres choses! La ville draine des gens et des idées, je sens une ville a la personnalité a la fois ancrée dans sa personnalité mais en perpétuelle construction et mutation. Tout m'interpelle et me fascine, peut être que je m'enthousiasme pour peu de choses, mais je sens cette ville grouiller de créativité, de jeunesse, d'envie de devenir capitale du monde. Buenos aires a des choses merveilleuses a offrir, tant dans la beauté de certains bâtiments, l'heteroclisme de l'architecture, les rues aux trottoirs différents tous les 8 mètres, des anciennes rues pavées et arborées, on trouve des boutiques de tout, des gens chaleureux aux ascendances et histoires de famille plus incroyables les unes que les autres. Il y a un an, je disais que l'Amérique du sud, ce n'était pas pour moi, que je n'étais pas encore prête, que l'Inde était mon pays. Voilà un nouveau pays où je pourrais vivre, avec encore plus d'assurance. L'Inde est un pays dur pour une femme. Buenos aires n'est pas de tout repos mais tout semble possible...quelle autre destination me donnera encore envie de me diviser pour pouvoir vivre dans tous ces lieux que j'affectionne tant?!
Un stage passionnant m'attend en France. Sans lui, je poserais mes bagages, je crois...

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mardi 21 janvier 2014

Une soirée à la bougie

Je rentrais d'une longue journée faite de cours de tango et de promenades. Il était 20h, la journée avait étrangement commencé mais jamais je ne me serais attendue à la soirée qui allait suivre. En entrant dans la cuisine je suis tombée sur ma colocataire mexicaine en pleine préparation d'un diner excellent (elle étudie la gastronomie, c'est plutôt sympa d'avoir un tel cordon bleu a la maison!) et ma logeuse, très mal en point suite à un gros accident de voiture de la veille. Je voulais dormir un peu avant de partir danser. Mais je me suis installée là et n'ai pratiquement pas bougé de ma chaise jusqu'à 4h30 du matin. En discutant, l'envie de danser est retombée, et je pensais profiter de cette soirée pour avancer mon mémoire de fin d'études (à rendre dans 15 jours...). Mais une coupure d'électricité généralisée du quartier s'est déclenchée. Il faisait une chaleur incroyable malgré les ventilateurs grinçant, et lorsqu'ils se sont coupés, nous plongeant dans le silence qui accompagnait les ténèbres, nous en étions presque à nous allonger sur le carrelage de la cuisine pour avoir une sensation de fraîcheur. Bougies et lampes torches ont apporté un peu de lumière pour poursuivre joyeusement notre passionnante conversation. Notre logeuse était partie ailleurs dans là appartement et nous étions, ma colloc et moi, en train de tranquillement refaire le mode alors qu'on sentait l'angoisse monter dans le salon. Tout a coup ont surgit dans la cuisine des voisins en panique et six pompiers bottés et casqués. Dans l'ascenseur principal, qui donne dans le salon,étaient coincés un couple et un gros chien (l'ascenseur fait un mètre carré) au niveau de notre étage. Tout l'immeuble s'est donné rdv là, de nombreux corps aux visages quasi non identifiables dans l'obscurité on fait leur apparition.  Notre logeuse s'est armée d'une palette à coupe les gâteaux pour tenter d'ouvrir les portes de l'ascenseur (très vielle chose bringuebalante). Y aller n'aurait servi a rien, il étaient plus de dix la-bas. Ont défilé le portier, toujours très bien mis et qui s'est présenté en caleçon-chaussettes-tongs-débardeur, sa femme avec des bigoudis dans les cheveux et en petite tenue, une voisine argentine qui s'est mise à me parler dans un français impeccable et s'est avérée être la traductrice de J.L.Borges, le père de la jeune fille coincée, torse nu et en panique. Tout cela ajouté à l'état de l'appartement : la chambre que je loue était une sorte de remise où s'accumulaient des monceaux de choses qui stagnent dans le salon. C'était absolument improbable, digne de Ionesco. Nous deux, complètement déconnectées du chahut ambiant, demandant à chaque personne qui passait si on pouvait servir à quoi que ce soit là-bas, et distribuant des verres d'eau... Le comique de situation fut à son comble lorsque les rescapés ont enfin fait irruption avec le chien dans la cuisine plongée dans le noir. 
Apres toutes ces rencontres impromptues et ces émotions fortes, l'électricité est revenue et il a fallu gérer le besoin d'écoute et d'attention de nos logeurs, complètement traumatisés par leur accident après lequel ils ne sont pas allés en observation à l'hôpital (malgré des côtés cassées, des hématomes et des chocs sérieux à la tête). On a eu beau insister, impossible de leur faire accepter l'idée d'appeler une ambulance. Une chose est certaine : ma colloc et moi, on a de drôles de souvenirs en commun ! 
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jeudi 16 janvier 2014

Une jolie soirée au rythme d'un bandonéon

L'autre soir, un ami m'a emmenée dans un petit café a l'ancienne comme j'aime, où on passe de vieux vinyles aux pochettes écornées, sur une platine qui s'essouffle et rend un son un peu grailleux absolument délicieux. C'est un lieu sans prétention, où les serveurs sont gentils et souriants. Il y a un petit patio pour se rafraîchir lors de grosses chaleurs. Lorsqu'on va au fond du café  derrière un rideau noir, alors qu'on peut penser qu'il n'y a là que la réserve de bouteilles ou les poubelles, une salle de spectacle de dévoile! Il y a une petite scène avec un piano demi-queue, des tables en bois un peu partout sur les côtés, et le centre de la pièce est dégagé... Vous l'avez compris? C'est une salle de tango! Tous les lundis, il y a des cours de tango débutant, puis un concert gratuit et ensuite on peut danser. 

Le groupe qui jouait ce soir-là est un duo guitare-bandonéon qui avait invité un pianiste pour quelques morceaux. Le répertoire était principalement des reprises de Piazzola. Pour la petite histoire, apparemment Fernando Suarez Paz, célèbre violoniste de Piazzola,  a pas mal travaillé avec eux...


Je n'avais jamais vu un concert de tango, j'avais déjà dansé avec un orchestre en live seulement. C'était magique! Ils étaient passionnés, c'était beau de voir les regards qui s'échangeaient entre les musiciens, l'harmonie qui se dégageait, la parfaite entente. Moi qui pensais ne pas aimer ce compositeur, j'ai été très agréablement surprise. C'était entraînant, profond, superbe ! J'ai adoré. J'ai dansé un peu ensuite mais la piste était tellement minuscule que je suis vite partie pour une Milonga un peu plus grande!

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mardi 14 janvier 2014

Une semaine plus tard...

Voilà une semaine que je suis ici et pourtant j'ai l'impression encore une fois que le temps est élastique, distendu, sans prise. Je vis au jour le jour, au gré des rencontres et des envies. Je me passionne de chaque chose nouvelle, qui m'enchante et me désarme. Tout semble tellement similaire et pourtant diamétralement opposé à ce que nous connaissons ! Je ne me presse pas à visiter à tout prix, sillonner les rues un plan à la main, cocher les musées et les lieux touristiques vus. Non, je préfère marcher où mes pas me portent, m'installer à la terrasse d'un café et regarder la vie autour. Comme en Inde, comme à Barcelone, j'ai besoin de sentir que je vis là, que j'appartiens aux lieux où je suis. Je commence à créer du lien, d'abord avec le portier de mon immeuble, puis la boulangère, le serveur du café d'en bas, les chauffeurs de bus (j'ai déjà croisé le même plusieurs fois, qui se souvient de moi et me demande comment vont mes cours de tango !). J'ai une routine qui s'installe : je me suis inscrite à la piscine du quartier (ça fait un bien fou de nager dans la matinée, avant de sortir), je vais à mes cours de tango trois fois par semaine, je fais mes courses, je vais danser. Les gens sont bienveillants, heureux d'aider, comme ce pharmacien ce matin qui a fait des pieds et des mains pour me trouver un médecin homéopathe au plus vite, comme ce jeune homme épuisé qui a accepté de me faire des empañadas à minuit alors qu'il était en train de fermer son restaurant, les amis argentins ou français, rencontrés il y a peu pour certains et qui m'emmènent découvrir Buenos Aires, qui sont toujours prêts à aider, rendre service, et c'est très précieux. Je ne me sens pas seule malgré les 13000km qui me séparent de l'Europe. Je me sens bien.. J'ai un peu tiré sur la corde cette semaine, à sortir tous les soirs, mêler plein d'émotions diverses. J'en prends plein la vue, et je me compte me reposer un peu ces prochains jours, histoire de tenir le coup les six prochaines semaines.

Cette ville est fascinante, c'est un joyeux chaos qui ne dort jamais. Il y a des bus jour et nuit qui la traversent, des concerts, films ou pièces de théâtre à toute heure. Je trouve que c'est un heureux mélange de Paris et Barcelone. Certains quartiers me font penser à Saint-Germain des Prés, les petits cafés qui bordent les trottoirs ou sont abrités dans des jardins un peu cachés sont délicats et décorés avec un goût que je trouve très français. Pour ce qui est du mode de vie, c'est très barcelonais. Les rues sont complètement quadrillées, on mange tard, on vit la nuit, on joue énormément aux loteries, on peut négocier pas mal de choses, il n'y a pas de cohérence ou d'harmonie architecturale mais c'est ce qui rend les rues charmantes et sans équivalentes. On trouve des peintures murales qui sont de véritables œuvres d'art un peu partout, parfois dans des endroits improbables. Cela donne une identité intéressante aux lieux. Ce que j'aime surtout ici, c'est la lumière. Les journées sont longues, et le soleil est très lumineux, doré, caressant. Les rues sont très verdoyantes et il joue aux ombres chinoises. Je trouve les gens beaux, mélanges d'italiens, français, espagnols, mais aussi de péruviens, chiliens, boliviens. Cela donne des traits, des couleurs de peaux particulièrement intéressants. C'est un bien beau mélange qui reflète l'histoire de ce pays.

Je retrouve beaucoup de l'Inde aussi, dans le chaos. Au début, les grandes rues quadrillées de mon quartier me faisaient penser à Calcutta, mais peu à peu je rapproche plutôt Buenos Aires de Bombay. Si on lève la tête, on voit des fils électriques pendre un peu partout, les voitures n'en font qu'à leur tête, les bus n'ont aucun horaires, on trouve des vendeurs de rue, de la street food pour le petit déjeuner, des kiosques où l'on trouve de tout à n'importe quelle heure. Les trottoirs sont souvent défoncés (car chaque trottoir est à charge de l'immeuble, donc tous les 10 mètres, le trottoir change), les arbres ne sont pas taillés et des branches peuvent tomber sur les passants à n'importe quel moment...
Mais je sens une douceur de vivre, le plaisir de la bonne chair, des jolis lieux, des objets délicats. J'ai encore tant à découvrir, j'en trépigne de plaisir !

(voilà quelques photos en vrac, je n'en prends pas beaucoup, et presque jamais avec mon appareil, donc ça ne rend pas tout...mais ça peut donner une petite idée de tout ça ! )











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vendredi 10 janvier 2014

Milongas argentines

Je suis encore sortie hier soir, j'avais rdv avec un danseur rencontré dans une Milonga précédente (très important d'aller au milongas accompagner, sinon le risque de ne pas être invitée à danser est démultiplié!). Je suis arrivée là, il y avait une porte en fer sans rien écrit dessus mais d'où s'échappait une douce musique. Je suis rentrée, le cœur battant et la soirée aux lèvres comme chaque fois que je vais danser. Le lieu, comme les autres soirs, était vraiment chouette, très "underground", avec une ambiance chaude (il faisait même une température étouffante) et amicale. Très agréable ! Mon danseur n'était pas encore arrivé que je me suis faite inviter immédiatement, à peine mes chaussures attachées. Voilà une chose qui me surprend ici, c'est que je ne passe quasiment pas de temps sur ma chaise, je ne cesse de me faire inviter par des inconnus, alors qu'à Barcelone, bien que je connaisse du monde, je pense que je passais les moitiés de soirées assise. Il n'y avait aucun étranger, que des argentins, et je me suis sentie littéralement plongée dans les bajofondos  de Buenos aires. Je regardais ces couples tournoyer sur la piste, et j'avais presque les larmes aux yeux en me disant que j'y étais, dans cette ville qui ne dort jamais et qui est une sorte d'Eden aux yeux de milliers de danseurs dans le monde. Les gens sont ici très agréables, heureux de pouvoir baragouiner les mots de français qu'ils connaissent, bref, je suis aux anges ! Ce soir, je prends un cours avec un couple d'hommes, des maestros absolument incroyables, dont j'entends parler depuis des mois. Je les ai croisés au détour de la cuisine de la casa tango où je suis, tout simplement. J'aime cette proximité, cette façon d'intégrer le tango dans la vie quotidienne...
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mercredi 8 janvier 2014

Du tango a Buenos aires!

Cela devait arriver. Dés mon deuxième soir, je suis allée a une Milonga (bal de tango argentin) dans une casa tango du quartier de Palermo Hollywood, LE quartier branchouille de la ville (j'y vais aujourd'hui, j'en parlerai plus longuement).
J'avais peur de prendre une grande claque, car il faut bien avouer que je suis une très jeune danseuse de tango, et ici le niveau n'est pas celui de Barcelone... Mais en fait, le lieu était tellement chaleureux et amical, les gens simples et bienveillants, que finalement je ne suis quasiment pas restée assise. A un moment, il y a eu une "tanda social", c'est a dire 8 chansons qui se suivent et à chacune d'elle il faut changer de partenaire. C'est parfait car cela permet aux femmes d'inviter, et aux hommes parfois réticents a inviter des danseuses inconnues (c'est snob mais c'est ainsi malheureusement dans le tango) de "se mouiller un peu". Si c'est une catastrophe, pour l'un ou l'autre, cela ne dure que quelques minutes. J'ai découvert des danseurs extras, avec qui j'ai dansé par la suite. Je me suis vraiment amusée, et je suis bien heureuse que ma première sortie de tango de soit si bien passée, cela n'augure que du bon! Aujourd'hui, premier cours particulier. On verra ce que ça va donner...

Ah oui et ca y est, après l'incroyable pièce de bœuf, la tarte au queso y Jamon qui m'a plutôt rappelé une fondue savoyarde et m'a clouée plusieurs heures, j'ai enfin mangé mes premiers empanadas y cervesa! 

Source 1ère image : weheartit

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mardi 7 janvier 2014

Premier jour en Argentine !

Si j'avais prévu la chaleur, je n'avais certainement pas prévu la pluie. Il douche comme pendant la mousson de Bombay l'été dernier. Mais a l'inverse de l'Inde, ici il n'y a pas 50 centimètres d'eau au bout d'une heure. En tout cas pas encore! Mais malgré la grisaille, l'eau qui ruisselle dans mon cou et trempe mes jambes nues, je suis heureuse d'être là. J'aime la température de cette pluie d'été, l'odeur du goudron et de la terre détrempés, les feuilles qui boivent jusqu'à plus soif. Cela fait partie de l'été a Buenos Aires, et comme il fait presque 40 degrés, la pluie est très bienvenue. Protégée dans mon bus, je traverse la ville pour aller dans une maison de tango où réside un ami. Là, tous vivent au rythme du bandonéon. C'est une maison où chacun fait ce qu'il veut et où tous se retrouvent pour des moments de partage : tango, asado (gros barbecue où l'animal entier est cuit a la broche pendant des heures) et que sais-je encore. 

Qu'elle me paraît déjà loin, ma vie parisienne de ces dernières semaines! Je suis dans un autre hémisphère, a une autre saison, dans une autre culture. J'adore ca! Tout est nouveau et pourtant je me sens déjà d'ici. J'aime entendre l'espagnol chuintant des argentins, regarder les visages aux traits que je troue beau, observer les démarches, les façons d'être. J'ai déjà mangé une pièce de bœuf absolument incroyable, je reve d'empanadas pour mon prochain repas.... Bref, Je sens que je vais adorer l'argentine.

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