jeudi 30 juin 2011

Episode 11 : Chitwan, le paradis des éléphants, suite et fin

Je me suis donc réveillée à 4h du matin à cause du jour qui se levait (oui, là-bas il fait nuit très tôt et donc jour très tôt), mais surtout à cause de l'orage et de la pluie diluvienne qui s'écrasait avec fracas sur les carreaux. J'ai bondi du lit pour m'élancer dehors : mon linge était pendu et trempé jusqu'à la plus petite fibre ! Enfin, je n'ai pas eu besoin de sortir, je voyais de l'intérieur que ce que j'avais de mieux à faire était de rester au lit. A 7h, nous avions RDV avec Humus pour aller faire un safari éléphant dans la jungle. Heu...et cette pluie alors? On est allées, sans Kway ni protection. Nous n'avions plus qu'une tenue, qui a été trempée pendant les 30 secondes qui nous séparaient de la chambre à la jeep. "It's Wild Life" comme m'avait dit le guide la veille. Arrivées à l'orée de la jungle, nous sommes montées sur une sorte de plateforme, assez haute pour que l'éléphant puisse se "garer" pour qu'on grimpe sur son dos ! Nous étions avec un coupe d'anglais (ils prenaient toute la place) et le mahout. Je ne vous cache pas que cette pluie m'avait mise de très mauvaise humeur car j'étais en train d'attraper la crève, il faisait super froid et pas un cm de mon corps n'était pas mouillé. Mais dès que l'éléphant a commencé à avancer, c'était tout simplement magique. On s'est enfoncés au plus profond de la jungle, parfois en passant par des cours d'eau. Je me croyais dans Bambi, en plus il y avait plein de biches et de daims. On a encore vu des animaux comme la veille, et on espérait (plus ou moins secrètement) apercevoir un tigre, ou même mieux : une panthère ! Mais rien de tout cela malheureusement.
Cependant, nous avons vu des rhinocéros tout près, à quelques mètres de nous, qui se prélassaient dans l'eau boueuse. C'était fou ! D'abord on a vu une maman et son petit, et un peu plus tard un mâle. Leur peau est impressionnante, on dirait une véritable armure.

Ce safari a bien duré 2h30, c'était une expérience géniale. Quand nous sommes rentrées, douche glacée (pas d'eau chaude évidemment) et tout ce qu'il me restait à mettre était mon legging de pyjama et ma polaire. Chat n'était pas mieux lotie. En plus, le soleil s'est mis a briller dès que nous avons franchi le pas de notre chambre, et il a commencé à faire très chaud. Nous n'avions pas vraiment de choix et sommes allées s'acheter des vêtements ! (enfin, on ne se plaint pas).
Nous avons mangé dans un tout petit boui-boui, où nous avons attendu 1h (je n'exagère pas) pour avoir un plat de riz, des légumes sautés et des mo-mo (c'est trop, trop bon). Donc notre nouvelle activité approchait ! L'après-midi donc, notre guide officiel attitré de la veille est venu nous chercher avec des vélos : sans vitesses, un peu tordus et le mien grinçait de façon inquiétante, mais je n'en aurai pas voulu un autre, celui-là collait parfaitement à l'endroit, au paysage, à la situation. J'étais aux anges.


On a roulé pendant une bonne demi-heure, traversant le village, longeant des champs et des étables. Chitwan est un endroit propre et heureux. Les gens sont contents de vivre, les enfants sont tous joyeux, il n'y a pas de saletés partout, tout le monde était très agréable et accueillant. D'ailleurs, chaque fois que nous rentrions à l'hôtel, on passait devant une petite maison qui était en fait un orphelinat, et chaque fois, les enfants étaient devant, à étudier, coudre ou jouer calmement. Ils semblaient heureux et en bonne santé. Et chaque fois, on avait droit à des "Namastééééé' joyeux et rieurs. Ils étaient trop choux, j'en aurais bien embarqué un !
Nous avons donc fait une promenade parmi les villageois, qui s'occupaient de leurs chèvres et de leurs chiots devant les petites chaumières. C'est le moment de vous parler du mot que Chat a inventé il y a quelques années : Pitoux. Un mélange de pittoresque et chou. Il peut s'agir d'un lieu, d'une situation, d'une personne ou d'une chose. C'est un adjectif qui décrit parfaitement ce moment : pitoux ! (n'hésitez pas à propager ce nouveau vocable, un jour il sera dans le dictionnaire).


Nous sommes arrivées dans une sorte de plaine que traversait une rivière avec un pont fait de bambous et de sacs de ciment. Des vaches paissaient là (Chat est restée loin de moi car j'avais ENCORE une tunique rouge, et la veille une vache m'avait chargée). Mais rien ne s'est passé, et nous sommes arrivées au Breeding Center. Là, les mahout amènent leurs éléphants pour qu'ils mangent et se reposent. On a appris plein de choses sur la réserve de Chitwan, les éléphants (comment on les dresse, les nourrit, leur reproduction etc.). Saviez-vous que la mère porte le bébé 24 mois et qu'à la naissance un éléphant pèse 100 kg? Nous avons alors vu la chose la plus mignonne que je n'ai jamais vue : un bébé éléphant d'une semaine !
Nous avons aussi vu (chose extrêmement rare) des éléphanteaux jumeaux de 2 ans ! Tous ces éléphants qui bramaient de faim (c'était l'heure du repas) était un moment vraiment touchant. Ils étaient attachés, certains n'avaient pas l'air très heureux, ce qui m'a fait beaucoup de peine. Mais c'est pour empêcher qu'ils détruisent tout et s'enfuient, cela n'en est pas moins triste.


Nous sommes rentrées par le même chemin, et sommes arrivées juste à temps pour prendre un Pepsi et admirer le merveilleux coucher de soleil. On a pu goûter à la tombée de la nuit, et d'ailleurs m'est venue cette phrase que j'ai apprise à Chat "Le ciel est encore bleu, les bois sont déjà noirs". Les proustiens comprendront.
Après un dîner extra, nous sommes allées dans un cyber pour donner un peu de nos nouvelles, il s'est mis à doucher littéralement. Des trombes, et des trombes d'eau. En plus nous avons découvert qu'il n'y a de l'électricité que quelques heures par jour là-bas, en plein milieu d'après-midi (sauf dans les cybers et les resto, qui ont des générateurs indépendants). Donc il faisait nuit noire. Nous sommes rentrées en courant, on était mortes de rire, Chat a même perdu une tong dans une immense flaque! Laissez-moi vous dire que prendre une douche dans le noir le plus total n'est pas une mince affaire, même se mettre au lit est un véritable challenge !

Le lendemain, nous partions pour Kathmandu, et quittions cet endroit que j'ai adoré, sans doute le plus génial de tout ce voyage extraordinaire.

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mercredi 29 juin 2011

Episode 10 : Chitwan, le paradis des éléphants

 En descendant du bus de l'enfer, à l'aube, toute tremblantes et reconnaissantes, nous nous sommes retrouvées dans un petit village à 7km de Sauraha, notre prochaine étape. Pour nous y rendre, nous avons pris une charrette. C'était très amusant même si ça secouait pas mal ! Nous sommes arrivées au Chilax Hotel, une sorte de petite ferme avec des petites maisons faites à la chaux avec des toits de paille. Le gérant nous a bien accueillies, sans nous presser. Nous avons donc pu nous poser, laver notre linge et prendre tranquillement un petit déj. Puis nous avons demandé son avis au gérant, concernant les activités à faire pendant 2 jours. Il nous a proposé, pour 3000 roupies chacune (30€) de s'occuper de tout, réserver les guides et les jeeps, nous emmener ici et là. Tout ce qu'on aurait à faire était d'être à l'heure. Super ! Il nous a dit, "Allez dépêchez-vous, je vais vous emmener à l'Elephant Bath". On allait voir la baignade des éléphants ! Nous avons enfilé notre maillot de bain sous nos habits, et direction la rivière !

Lorsqu'on est arrivées, surprise ! Quelques éléphants se baignaient avec des touristes. Un mahout (dresseur) nous attendait, perché sur le dos de son éléphant. Quand nous sommes arrivées, il a crié quelques mots et l'éléphant s'est accroupi devant nous. Le mahout m'a tendu le bras : on allait monter dessus ! Je me suis alors agrippée à lui et j'ai touché mon premier éléphant.  C'est rugueux avec de longs poils drus, la peau est dure et molle à la fois. Et chaude. Nous nous sommes donc retrouvées assises à même l'éléphant, qui s'est dirigé dans l'eau puis s'y est baigné. Quel moment extraordinaire ! On a eu très peur au début de se faire écraser car il se roulait dans l'eau, et les éléphants étaient très proches les uns des autres. On n'arrêtait pas de tomber, de remonter en riant, l'éléphant nous crachait plein d'eau avec sa trompe. 
A un moment très drôle, on s'est retrouvées assises, l'une derrière l'autre, avec le mahout, debout derrière nous, qui sautillait en dansant sur la croupe en criant des ordres. Hilarant ! Nous sommes rentrées à l'hôtel, toutes étourdies de ce qu'on venait de faire. On était toute sales et pleines de sable. En début d'après-midi, le gérant (je me plait à l'appeler Humus car il me rappelle un personnage de BD que je lisais étant ado) nous a présenté son frère qui est guide. Il nous a amenées à l'embarcadère, où nous avons retrouvé un deuxième guide (le fils d'Humus) ainsi qu'un pagayeur.
Le fameux crocodile
Nous sommes montés dans une pirogue faite d'une seule pièce de bois, et avons vogué près d'une heure sur la rivière scintillante. C'était merveilleux. Tout était calme, on n'entendait que les cris des oiseaux et de quelques animaux lointains. Le guide nous désignait chaque fois les oiseaux, en nous les nommant. Il nous a dit qu'il y avait parfois des crocodiles dans les parages, et je lui ai demandé si c'était profond. Il a répondu oui et non, et nous a tout de suite demandé si on savait nager. J'ai un peu flippé, surtout quand on a vu l'énorme crocodile à quelques mètres de nous. On aurait dit un rocher. Le guide nous a dit que c'était l'espèce carnivore la plus dangereuse. Moi qui espérait secrètement qu'on en verrait un à côté de notre pirogue, comme dans Peter Pan, j'ai été bien contente qu'il ne soit pas plus près. Nous avons débarqué, et avons marché dans la savane avec des herbes hautes de plus de 2 mètres, bien vertes.  Puis nous avons pénétré dans la jungle. Il fallait être très silencieux pour espérer voir des animaux. On a marché en tout deux bonnes heures, avec le guide qui nous expliquait plein de choses. C'était super !
On a vu des biches et des faons tachetés, des pans et des poules d'eau, et un rhinocéros ! On n'était qu'à une dizaine de mètres, le guide nous a demandé si on savait grimper aux arbres. On a bredouillé que non pas vraiment, et il nous a expliqué que si le rhino nous voyait, il faudrait courir en zigzag et grimper le plus vite possible dans un arbre. Une chance pour nous, il ne s'est pas retourné ! Nous avons aussi croisé un bébé cobra (il parait que c'est très rare) ainsi qu'un macaque dans les arbres. Ce safari dans la jungle était complètement surréaliste, c'était extraordinaire !
Nous sommes rentrées, j'ai étendu tout mon linge dehors pour qu'il sèche mieux, et nous sommes allées admirer le soleil couchant. Nous avons pris un excellent dîner, et j'ai passé ma deuxième vraie nuit depuis mon arrivée 10 jours plus tôt.
Il s'en est passé des choses le lendemain, ça a commencé à 4h du matin. Mais vous saurez tout au prochain épisode !
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samedi 25 juin 2011

Episode 9 : la nuit où j'ai cru que je ne reverrai jamais le jour

Cet article est sans doute le plus difficile à écrire de toute la chronique, c'est pour cela qu'il y a une semaine que je n'ai rien posté. Me remémorer ces moments est vraiment pénible, tellement c'était un cauchemar infernal. Mais je vais faire de mon mieux pour vous raconter cette histoire. 
Après avoir traversé la frontière népalaise, nous avons dû attendre toute la journée à Kakarvitta (village frontalier, qui n'a guère d'intérêt lorsqu'on y est coincés pour plusieurs heures) car nous devions prendre un bus à 5h de l'après-midi pour arriver, 13h plus tard, à Chitwan Park (le lieu que j'ai préféré de mon voyage). On a donc traînassé dans ce village jusqu'à ce qu'enfin, on nous accompagne à notre bus. Je crois que c'était le plus vieux et le plus cabossé de tous les bus qui étaient là. Les sièges étaient à moitié cassés, mais "on est au Népal" nous sommes-nous dit, ça ne peut pas être pire qu'en Inde". Grave erreur. 
Ceci est un très beau bus, pas le nôtre
Le bus est parti avec du retard à cause du chargement : des dizaines de ballots étaient mis sur le toit, accrochés avec des ficelles. Donc comme on roulait à une vitesse de folie, le chargement déséquilibrait complètement le bus dans les virages, on se crispait toujours un peu plus. Mais au bout d'une heure, on s'est arrêtés car il semble qu'une roue ait crevée. Malgré les nombreux badauds, personne n'a été capable de changer la roue pendant une bonne heure, et il faisait déjà bien nuit. Lorsqu'on est enfin repartis, j'espérais que le chauffeur allait ralentir car la nuit, il n'y a aucune lumière à part le faisceau faiblard des phares, et les routes sont faites de cailloux et de terre vaguement battue. Mais au contraire, il en a profité pour accélérer. Si ce n'était que ça, le voyage aurait été un bonheur. Mais l'enfer ne faisait que commencer.

C'est la première fois de ma vie que j'ai senti au plus profond de mon être que j'allais mourir. C'est horrible à dire, mais je ne pouvais pas imaginer le lendemain, ou le surlendemain. Je ne m'imaginais pas pouvoir m'en tirer. Alors pendant 10h, moi qui n'ai jamais vraiment cru à la transcendance, j'ai prié intérieurement pour avoir la vie sauve. Mon portable de marchait pas, et je pleurais de me dire que je ne pourrais pas dire adieu à ceux que j'aime. 
Vous allez comprendre. Déjà, on s'est rendues compte au bout de quelques temps qu'il y avait plein de bêtes et de cafards. Cela nous a dégoûtées, parce que dans le bus, il faisait noir et donc les cafards pouvaient nous grimper dessus impunément. Mais ce n'était rien, jusqu'à ce qu'on découvre avec terreur un cafard d'une taille inimaginable, sur le siège de l'autre côté du couloir : énorme forme marron de 10 cm. Chat n'a pas tenu elle a éclaté en sanglots de peur et d'angoisse. Moi j'ai enlevé ma basket et me suis approchée doucement pour éclater cette affreuse chose. Mais c'était tellement énorme que je n'ai même pas pu le tuer, et il s'est envolé. On a un peu hurlé, personne ne nous a crues alors on s'est mises, tout habillées et chaussées, dans nos sacs à viande en y mettant toutes nos affaires sauf nos sacs de routard, et on a mis un grand châle sur nos têtes : il n'y avait plus que le bout de notre nez qui dépassait pour respirer. On est restées des heures comme ça. Chat, qui déteste le contact humain, s'est agrippée à moi pour être protégée. Les gens nous regardaient comme des demeurées. Si seulement il n'y avait eu que le cafard. 

Le bus s'est retrouvé dans une tempête tropicale, nous étions en plein dans l'orage, la foudre frappait juste à côté, on aurait pu se faire foudroyer. Il pleuvait des trombes d'eau, on ne voyait même pas la route, et il s'est même mis à pleuvoir dans le bus, et oh joie ! Chat s'est pris des litres d'eau sur la tête et dans le cou, en 3 minutes elle était trempée, et moi aussi. On s'est donc serrées encore plus l'une contre l'autre, grelottantes. Le bus roulait à toutes berzingues, frôlant de peu les camions et les bus arrivant en face, doublant à une vitesse effrénée. Les gens avaient l'air serein, moi je pleurais de terreur. Mourir dans un accident de bus au Népal, c'est commun, mais c'est tellement idiot ! Qu'allait-il se passer? Est-ce qu'on allait tomber dans le ravin, se prendre un camion ou un arbre de plein fouet ? Et alors, est-ce qu'on nous retrouverait ? On nous identifierait ? Est-ce que nos familles seraient prévenues ? Personne ne savait où on était exactement. Toutes ces pensées m'ont torturées des heures, et j'ai essayé de me calmer en faisant des exercices de sophrologie que j'ai appris il y a quelques années. Je crois que ça m'a sauvé de la crise de nerf ou la crise cardiaque. 

Peu à peu, le jour s'est levé, et je me suis rendu compte que j'étais toujours vivante, que finalement, je n'allais pas mourir aujourd'hui. Je n'avais plus aucun espoir, j'ai vraiment cru que je ne reverrai jamais la lumière du jour. 

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dimanche 19 juin 2011

Episode 8 : Darjeeling, le paradis du thé

Adieu Calcutta, bonjour Darjeeling ! Mais quelle épreuve pour y arriver ! Nous avons pris un train de nuit pendant 13h, pensant arriver tôt le lendemain à Darjeeling pour profiter des 48h sur place. Manque de chance, on a découvert juste avant de prendre le train qu'il ne nous emmènerait qu'à Siliguri, une ville frontalière du Népal, à 82km de Darjeeling. Jusque-là pas de soucis majeur. Mais Darjeeling est à plus de 2000m d'altitude. Et pour y arriver, 3 solutions : prendre une jeep partagée pendant 4h, un bus pendant 5h, ou le Toy train, véritable train à vapeur, pendant 8h ! Nous aurions sans doute mis autant de temps à pied.
On a finalement pris une jeep car le train, que nous voulions prendre en nous disant que le voyage serait sympa, ne passait même plus à Siliguri, il fallait rejoindre une autre ville. Sur la route (très dangereuse, avec des tournants très serrés sans barrières protégeant les voitures de tomber dans le ravin), j'ai été étonnée du nombre d'écoliers en uniforme, qui marchaient depuis on ne sait quel village vers on ne sait quel autre.
La montée vers cette ville perchée sur la montagne était presque fantastique : il y avait un brouillard très épais, donc on ne voyait pas les paysages mais on découvrait l'environnement à chaque instant, et on pouvait voir, accrochées à la colline, des ravissantes petites maisons de toutes les couleurs. Je me croyais dans Le Voyage de Chihiro, vous voyez?
Ce qu'on voyait de l’Himalaya...

Enfin arrivées, après un voyage brusque et mouillé (oui, il pleuvait), nous avons du trouver un hôtel : on s'est faites refoulées plusieurs fois car ils ne voulaient pas qu'on ne reste qu'une nuit ! Après s'être trimbalé nos sacs de routard dans des pentes impressionnantes, dans des escaliers aux centaines de marches, nous avons enfin trouvé un petit hôtel charmant, avec vue sur l’Himalaya. Enfin, il parait. Car il y avait tellement de brouillard qu'on ne voyait rien à 10m, on ne pouvait qu'imaginer les montagnes en face.
Ce qu'on AURAIT DU voir
Les habitants de Darjeeling sont très beaux je trouve, un mélange de népalais et de chinois. Les gens que nous avons rencontrés étaient gentils pour la plupart, et personne ne nous a embêtées à nous poser des questions sans intérêt.
Cela nous a fait un bien fou d'être dans un climat bien plus frais, j'étais en pantalon et en polaire, et on respirait très bien grâce à l'altitude. On comprends pourquoi les colons britanniques de Calcutta, au 19ème siècle, prenaient leurs quartiers d'été ici pour échapper aux grosses chaleurs !
Le temple japonais
Nous nous sommes pas mal promenées dans cette ville pleine de forêts (et de détritus partout). Malheureusement, il y a énormément de pollution à cause des centaines de jeeps et de camions qui approvisionnent la ville depuis la vallée. L'ambiance était vraiment spéciale avec tout ce brouillard, c'était très énigmatique. J'ai adoré, et j'ai pris plein de photos sur les jeux de brouillard. Le 17 mai, jour de la fête célébrant Buddha, nous sommes allées au temple japonais où il y avait une cérémonie en son honneur. Des gens chantaient et jouaient de la musique, et chacun pouvait apporter des offrandes (j'ai été très amusée de voir que les offrandes se composaient principalement de paquets de gâteaux et de chips !!)

Nous avons assisté également à une magnifique procession dans toute la ville, mais nous sommes arrivées un peu tard. Le soir, lassées par le voyage et la longue marche, nous avons dîné à l'hôtel, dans une charmante pièce qui faisait un peu chalet de montagne en bois. Nous avions envie de chocolat, mais on ne se faisait pas trop d'illusions. Nous avons commandé un Chocolate Pudding et on nous a servi une sorte de chocolat italien, très épais et brûlant, c'était un pur délice. Goûtez-y si vous y allez ! Ça nous a un peu réconciliée avec la vie ce soir-là, car nous étions exténuées, et surtout déçues d'avoir fait tout ce chemin pour ne rien voir des sommets, alors que nous étions, parait-il, dans l'un des plus beaux endroits du monde !
Le lendemain, nous voulions aller à Tiger Hill à 4h du matin pour voir le soleil se lever sur les monts enneigés et faire une randonnée de quelques heures pour redescendre vers Darjeeling et voir des temples bouddhistes. Mais il faisait tellement froid et brumeux, la pluie battait si fort que nous nous sommes recouchées sans demander notre reste.
La plantation de thé
Nous sommes allées visiter la plantation de thé principale de Darjeeling (nous avons marché 2h pour y arriver, c'était tout près mais tellement compliqué qu'on s'est perdues plusieurs fois, le Lonely Planet est tombé dans un trou d'évacuation d'eau sale, on est passées par des petits chemins dans les jardins des gens...). On nous a fait visiter l'usine, en nous expliquant tout le processus de cueillette, séchage, maturation ...
Les femmes à la cueillette
C'était passionnant ! Nous avons vu des femmes faire la cueillette, et on nous a appris a reconnaître les différentes feuilles de thé qui composent le thé de 1ère classe, 2ème et 3ème. J'étais étonnée d'apprendre qu'entre la cueillette et l'ensachage, il ne se passait que 36h ! Moi qui croyais qu'on mettait des mois à faire du thé, que nenni. Puis nous sommes allées faire une dégustation de thé (la veille aussi bien sûr) pour nous acheter du thé Darjeeling directement à la source ! C'était excellent, et nous sommes ressorties du salon de thé et d'une boutique très célèbre avec à peu près 1,5kg de thé chacune, en sachant qu'on n'avait déjà plus de place dans nos sacs, et qu'il restait 12 jours de voyage. Mais on ne pouvait pas en acheter moins, nous les grandes buveuses de thé !
C'est à Darjeeling que mon obsession d'acheter un tapis est née. Vous aurez la suite de l'histoire dans un autre chapitre, mais qu'est-ce que j'ai pu casser les pieds de Chat avec cette histoire de tapis ! Comme si les 9kg que j'avais sur le dos ne me suffisaient pas !
J'ai passé un bon moment à Darjeeling, mais c'était dur de se retrouver sous des averses soudaines qui nous trempaient jusqu'aux os, de boire du thé qui avait parfois un goût trop fumé pour moi (je déteste) et de supporter le lait écaillé jaunâtre qu'on me servait dans des pots d'une saleté repoussante pour mon thé (je ne l'ai pas bu rassurez-vous). Mais malgré tout, le mauvais temps et le brouillard, les douches au seau et à l'eau glacée, le froid, c'était chouette, j'en ai un bon souvenir car on se serait cru au ski sans la neige (je n'aime pas le ski ni la neige, donc c'était la montagne l'hiver sans ces inconvénients ! )
Nous sommes reparties pour Siliguri en jeep le 2ème jour, afin de trouver un hôtel et repartir à l'aube pour le Népal, à bord du bus de la Mort... A suivre
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dimanche 12 juin 2011

Episode 7 : Calcutta partie 3


Dernier opus sur Calcutta.
Comme je vous l'avais dit, nous sommes allées visiter le Marble Palace, un Palais de Marbre magnifique, où ont été rassemblées des centaines d'oeuvres d'art : sculptures, peintures, tapis, objets, meubles. Le palais, entouré d'un grand jardin luxuriant, était extérieurement bien mis en valeur. Nous avons suivi un guide car il était non seulement interdit de prendre des photos (cette photo a été trouvée sur internet...), de toucher bien sûr, et les accès sont très limités. Nous nous attendions à ce que le guide nous explique des choses, et pensions que cette visite allait être passionnante. Nous avions mis près d'une heure à arriver là, alors nous étions impatientes. Et bien la visite a duré 8 minutes top-chrono. Le guide fonçait tête baissée, en nous désignant de temps à autre un objet et en grognant le nom ou le titre, qui était marqué dessous. J'ai pourtant tenté de poser des questions mais je me suis aperçu qu'il ne parlait pratiquement pas anglais. Tout était décevant : les lieux étaient magnifiques, mais très mal mis en valeur, tout était poussiéreux, les tapis persans étaient roulés dans les coins, de nombreux meubles étaient recouverts de tissus déchirés et sales. Aucun volet n'était ouvert, et il y avait peu de lumières : on n'a quasiment rien distingué d'une toile de Rubens (!) qui était presque entièrement dans l'ombre. Le patrimoine national est tellement protégé qu'on ne peut pas en profiter et que cela s'abîme dans la poussière. Dommage. On a demandé l'autorisation pour se promener dans le jardin, et on nous l'a accordé. Et là, énorme surprise : des animaux étaient mis en cage, et il y avait des baraques de bidonville dans un coin du jardin, avec des monceaux d'ordures de temps à autre. Des gens vivaient là alors que nous avons dû demander une autorisation de visite la veille, et que c'était un jour comme les autres. Pourtant il n'y avait vraiment pas foule, on n'était pas non plus à une expo du Grand Palais : il n'y avait qu'une famille indienne qui visitait ! Nous sommes donc reparties en direction du marché aux fleurs. Anecdote désagréable : entre-temps, en essayant tant bien que mal de prendre une photo du Marble Palace à travers les grilles depuis la rue, j'ai mis le pieds dans une flaque très profonde d'un mélange ignoble de je-ne-sais-quoi, ce qui m'a répugnée et dégoûtée pour la journée car j'avais une sandale ouverte. C'est la dernière fois que j'ai mis ces chaussures neuves, que j'ai transporté pendant les 15 jours suivants sur mon dos, et que j'ai mises à la poubelle avant-hier. Fausse excuse : elles me faisaient mal aux pieds.
Après une très longue marche périlleuse car pleine de routes à traverser (là-bas, traverser signifie presque se jeter sous les voitures en espérant ne pas se faire écraser car personne ne s'arrête), nous sommes enfin arrivées au marché aux fleurs. Nous avons enfin vu où étaient les femmes, qu'on voit très peu dans les rues. C'était un véritable foisonnement de couleurs de tissus et de fleurs de toutes sortes. Il y avait d'énormes ballots, que les gens portent sur leur tête, étalés partout, dévoilant des centaines de colliers de fleurs. Malgré toute cette cascade fleurie, l'odeur ambiante était strictement aussi pestilentielle qu'ailleurs.

Dernière visite de la journée : le quartier des sculpteurs. Sans doute mon meilleur souvenir de Calcutta (si l'on omet le super thé au café Flury's). C'est un quartier fait de petites maisons souvent peintes à la chaux, avec de la paille en guise de toit, ceintes par des petites rues sinueuses en terre battue. Là vivent et travaillent des artisans qui fabriquent des statues, souvent de divinités, à longueur de journée et un peu à la chaîne. Ils se complètent tous : certains font l'armature en paille, d'autres la recouvrent d'argile qu'ils sculptent, d'autres les peignent et enfin certains fabriquent et placent les accessoires (colliers, masques...). Il se dégageait une paix incroyable de cet endroit, une douceur et un silence très appréciables. C'est un endroit à ne pas manquer si vous allez un jour à Calcutta. On trouve des statues partout, dans tous les stades de leur fabrication, qui sont entreposées à chaque coin de rue, contre chaque atelier. Magique.
Le lendemain, nous avons visité un parc avec des nénuphars géants magnifiques, et le plus grand banian du monde, qui faisait plusieurs centaines de mètres de diamètre : impressionnant !

Banian 
Nous n'avons fait que nous promener le dernier jour, et avons été surprise de constater que presque tous les magasins étaient fermés : on était dimanche! Qui eut cru que Calcutta était une ville si chrétienne?
J'ai encore des milliers de choses que je voudrais vous raconter, mais il faut que je passe à l'étape suivante pour ne pas trop vous lasser ! Alors prochain épisode : Darjeeling, l'empire du thé!
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samedi 11 juin 2011

Episode 6 : Calcutta partie 2


Après vous avoir dépeint Calcutta dans les (très) grandes lignes, je voulais vous raconter plus en détails ce que nous y avons fait. Rien n’a été de tout repos en tout cas !
Le 2ème jour, nous avons voulu aller au Victoria Memorial (construit en l’honneur de la Reine Victoria). Le Routard nous conseillait d’y aller en passant par le Maiden Park, parfait endroit pour « y trainer ses guêtres » selon le guide. Que nous étions ravie de pouvoir aller se promener dans un parc par cette chaleur ! Nous sommes donc arrivées au fameux parc… ou plutôt dirai-je l’immense étendue d’herbe desséchée jouxtée par un cours d’eau jonché d’ordures, où paissaient des chèvres, se désaltéraient des chevaux squelettiques, et où se prélassaient femmes hommes et enfants. Un homme à cheval nous a repérées de loin et nous a rejointes au trot pour nous proposer un tour de cheval (à même la croupe). Ce pauvre cheval était si maigre qu’on l’aurait sans doute brisé. Nous avons décliné bien sûr et avons entamé notre traversée du désert : on voyait le Memorial au loin, mais la chaleur était telle qu’on aurait dit un mirage. Il n’y avait personne d’autre que nous dans cette étendue, sauf un camp de militaires qui nous scrutaient de façon peu rassurante. 
Nous avons été suivies par 3 enfants pendant un bon bout de temps, jusqu’à ce qu'ils s'en aillent tellement nous marchions vite. Ivres de chaleur, soulagées et le coeur battant, nous avons réussi à atteindre le monument. C’est une magnifique bâtisse entourée de superbes jardins (plus ou moins ombragés) un peu à la française. Nous avons été prises en photos par des dizaines de gens, et c’était très amusant car certains voulaient tellement être sur des photos avec nous qu’ils n’hésitaient pas à se greffer au dernier moment dans le cadre, avec des indiens qu’ils ne connaissaient pas, pour être sur une photo qui était prise par des inconnus ! Après une visite où nous avons surtout profité des salles climatisées, nous sommes allées à Saint-Paul’s Cathedral, un endroit incroyable. Le bâtiment (d’architecture gothique ?) était d’un blanc immaculé, et l’intérieur était très beau et bien conservé. Il y avait des dizaines de ventilateurs très bas qui semblaient tomber du ciel comme de gros oiseaux blancs dans la salle principale : on aurait dit la grande salle de Poudlard avec ses lustres.

Puis, nous avons pris un repos bien mérité dans le resto le plus occidentalisé et le plus climatisé que nous ayons pu trouver. Quel délassement ! Reprenant notre courage, nous sommes ressorties dans la fournaise pour aller à B.D.D. Bagh, le quartier des marchés. C’est le quartier le plus construit je pense, avec d’immenses publicités partout, et surtout des vendeurs de milliers de choses partout dans les rues. J’ai acheté mes premières pashminas à ce moment-là (ça ne s’est guère arrêté par la suite). Nous avons décidé de prendre un pousse-pousse mais l’idée nous rendait très mal à l’aise. En plus, les hommes qui tirent les pousse-pousse sont très mal payés (alors que c’est le transport le plus épuisant par rapport à un taxi ou un auto-rickshaw), ils sont en pagnes et souvent pieds-nus. 

Nous avons été choquées que pour une telle course cela ne coute que 50 roupies (moins d’1€). Nous lui avons donné beaucoup plus, car la chaleur était telle qu’il méritait bien cela !
Nous sommes allées demander l'autorisation à la maison du tourisme pour aller visiter le Marble Palace le lendemain (je vous raconterai cette aventure- dans le prochain article) et nous étions tellement crevées, il faisait déjà nuit à peine rentrées à l'hôtel qui était dans une rue glauque et où on se perdait systématiquement une demi-heure en en partant et en y revenant, qu'on a décidé de ne pas passer une heure à chercher un resto correct dans le coin : nouveau pousse-pousse pour aller au McDo : c'était à expérimenter ! Un an que je n'avais pas mis les pieds dans un fast-food ! C'était drôle de voir l'adaptation des produits aux coutumes du pays, de constater que c'est un restaurant de classe supérieure, et qu'il n'y a quasiment pas de choix de tailles, de menus, de boissons. C'était parfait après la journée harassante qu'on avait eue ! Nous y avons d'ailleurs passé pas mal de temps, pour éviter le moment où nous allions devoir être dans la chambre, Chat, moi et le Rat coincé dans la clim.

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