jeudi 30 août 2012

L'Or Perdu de la Joie

Il y a quelques semaines, la maison d'éditions SALVATOR m'a contactée (non non, ce n'est pas pour me faire publier !) me proposant de lire un livre en avant-première : L'Or Perdu de la Joie, d'Olympia Alberti. Ne connaissant pas cette auteur qui a tout de même publié une trentaine d'ouvrages, j'ai été séduite par cette nouvelle expérience de lecture, mais aussi par le sujet du livre : un roman sur la relation qui a unis le poète Rainer Maria Rilke à la sculptrice Camille Claudel. J'avais lu Lettres à un jeune Poète de Rilke, que j'avais beaucoup aimé, et je connaissais Claudel surtout parce qu'elle était l'élève de Rodin. Mais je n'en savais pas plus sur eux, et les découvrir davantage m'a intéressée. Alors un jour, j'ai reçu les épreuves du livre qui n'avait pas encore été imprimé, où les feuilles étaient attachées par des élastiques. Quelle émotion ! Je me suis dit : "Voilà, je reçois là ce que reçoit un auteur qui va être publié". J'ai été très émue, sans grande raison. Puis j'ai reçu l'ouvrage enfin édité, plus facile à transporter partout pour le lire.
La majeure partie du livre met en place les personnages comme narrateurs : je trouve que l'auteur a pris un gros risque puisqu'on alterne entre les notes (hypothétiques) de Rilke dans son carnet, une narration des faits depuis le point de vue de Rilke ou Camille, et des lettres (également hypothétiques). Quelle gageure ! N'étant pas une experte de Rilke, je ne sais pas si on pourrait confondre ces passages d'écriture solitaire romancé avec de véritables fragments de journal de l'auteur ou non, mais la plume d'Olympia Alberti ne nous laisse pas nous poser trop longtemps la question : elle est fluide, poétique, lumineuse. Entrer dans la pensée, le langage de ces artistes intellectuels n'a pas été chose facile pour moi : à un autre moment j'aurais énormément apprécié cette bulle de poésie philosophique du début du siècle, mais alors que je me rapproche à grands pas de mon voyage, je n'ai pas l'esprit assez reposé pour apprécier les circonvolutions de cet ouvrage écrit avec talent. Ce n'était pas le moment pour moi de le lire : alors que je subis continuellement un flot de sentiments et d'émotions à cause de mon départ imminent ; je n'ai pas été assez sensible à ce qui est pour moi une intellectualisation des sentiments par les deux personnages, qui tentent de comprendre leur amour, leur vie, de mettre des mots sur tout cela, j'ai eu une impression d'incapacité à lâcher prise. Tous deux semblent avoir eu (en tout cas dans la période relatée) une vie affective à la fois très pauvre et très riche, toujours à la recherche de Sens Profond. De nombreux thèmes sont abordés : l'amour évidemment, mais également l'art, l'écriture, le dépassement de soi, la persévérance, l'aliénation et l'affranchissement au passé...
Je pense que je suis passée à côté de ce livre qui est un pari intéressant et un peu culotté (prendre la plume de Rilke, quand même !) mais réussi à mon sens. A lire lorsqu'on a l'esprit assoiffé de considérations philosophiques sur les choses essentielles de la vie.

Un petit passage sur l'amour :

"Aimer, plus encore que désirer qui n'était qu'une approche,c'était la richesse, inestimable, impossible à concevoir à ceux qui n'étaient pas traversés, à celles qui n'avaient pas abordé ces rivages d'éblouissement."
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mercredi 29 août 2012

Broken - un film bouleversant

J'y suis allée vendredi dernier, aimant les films un peu décalés, comme Submarine ou Terri que j'ai vu récemment. La bande-annonce ne permettait pas de mesurer la tornade émotionnelle que ce film allait magistralement déclencher.
Skunk, une petite fille qui va rentrer au collège, est témoin d'une scène d'une violence inouïe : son jeune voisin un peu simplet se fait tabasser presque à mort. La violence du monde adulte inonde alors peu à peu la vie de cette enfant qui vit avec son père, son frère et la "nounou" : leur mère les a abandonnés pour vivre avec un autre homme. Tout devient hostile pour Skunk, elle ne retrouve plus son monde rassurant et sans trop de bavures de l'enfance : elle est projetée bien trop tôt dans les problématiques des adultes, si noires, violentes, effrayantes.
Très bien entourée par sa nounou et son père d'une extraordinaire présence, elle perd pied, n'admet pas ce qu'il se passe autour d'elle.
L'histoire de plusieurs familles se superposent et s'entremêlent, donnant une impression de huis clos parfois étouffant. Comment vivre en communauté, en "bons voisins" quand a des voisins détraqués ? Quelle est notre place, dans une famille, une classe, une communauté ?
La petite fille qui incarne Skunk, Eloïse Laurence, est pour moi un des piliers de ce film : elle semble taillée pour ce rôle d'enfant perdue, en mal d'amour et de protection maternelle. Tim Roth, qui incarne le père de Skunk, est également un élément qui donne au film une dimension très touchante : cet homme, abandonné, se dévoue pour ses enfants de façon saine, alors qu'on voit son voisin, incarné par Rory Kinnear, complètement dépassé par son rôle de père veuf qui étouffe ses filles, les protège coûte que coûte sans voir les dégât irréparables que cela cause dans leurs vies.
Je suis passée par de nombreuses émotions pendant cette heure-et-demi, j'ai ri, eu peur, été angoissée, oppressée, j'ai soufflé, j'ai failli pleurer... C'est le tout premier film du réalisateur Rufus Norris, qui a su nous émouvoir d'une main de maître ! 

Est-ce que vous avez envie de le voir ? Vous l'avez vu ? Qu'en pensez-vous ? Dites-moi tout!
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lundi 27 août 2012

Questionnaire de Proust #6

Reprenons le questionnaire de Proust là où on l'avait laissé il y a quelques semaines !
Aujourd'hui, la question est :

Quelle est la fleur que j'aime ?

J'adore les fleurs : j'ai grandi dans une maison entourée de jardins garnis aux mille senteurs délicates : fleurs, fruits, aromates, pins, herbe fraîche...
J'allais courir et vagabonder dans les champs de blé et de maïs, m'inventant des histoires de sioux et cueillant les coquelicots qui naissaient partout, clandestins et indisciplinés...
J'aime être entourée de fleurs de toutes sortes, mais la reine des fleurs est pour moi la Pivoine. Généreuse, plantureuse, couleur pastel ou vive, parfois odoriférante, explosive...
J'en parlais d'ailleurs l'an dernier ici

Et vous, quelle est votre fleur préférée ?
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dimanche 26 août 2012

Petite pensée en passant

Je viens de terminer un livre qui m'a tenue en haleine depuis quelques temps - 800 pages d'une rare exigence : Les enfants de minuit, de Salman Rushdie.
Je vous en parlerai plus longuement, car ce livre mérite d'être digéré avant qu'on en parle. Je l'ai fini avec tristesse et soulagement : le tourbillon de mots, d'histoires enchevêtrées, de personnages multiples, d'évènements... j'ai l'impression d'avoir retenu mon souffle tout au long de ces pages merveilleuses, et d'être maintenant vidée. Étrange sensation que j'ai rarement eue au sortir d'une lecture.


J'ai déjà commencé autre chose mais je ne peux m'empêcher de penser à Saleem Sinai, le personnage principal des Enfants de Minuit. Son histoire abracadabrantesque m'habite et je sens qu'il va être difficile d'en sortir.

Est-ce que vous vous êtes déjà sentis comme ça en finissant un livre ?
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vendredi 17 août 2012

Fuyez Paris !

"Crispée" est le mot, et ce n'est pas sûr que du yoga ou des massages ou de la méditation m'aideraient à me décrisper, il y aurait du boulot. Depuis un mois que j'étais partie en vacances, j'avais adopté un nouveau rythme plus tranquille, serein, dans des lieux calmes, beaux et agréables. Depuis deux jours, je suis rentrée à Paris et je dois dire que le retour est une véritable claque au visage. D'ailleurs, tout mon corps souffre et me fait sentir à quel point Paris est aimable seulement quand on en est loin.
C'est simple, depuis deux jours, mon cou et mes épaules sont crispés, coincés, en révolte. Tous les bienfaits des vacances se sont envolés. J'ai mal partout, beaucoup trop chaud, mes jambes me tiraillent horriblement et se plaignent lorsqu'il faut marcher des heures ou monter les 6 étages qui distancient la rue de mon lit. J'ai des yeux tellement agressés par la pollution de l'air qu'ils ne supportent même plus les lentilles. Les gens ne sont pas aimables parce qu'ils aimeraient passer leur mois d'août ailleurs, certains sont même franchement odieux. Une lourdeur plane partout, et j'ai bien envie de fuir au plus vite cette ville inamicale. On s'y sent apathique et misérable. Quelle plaie !
Mon corps en révolte m'inquiète car il ne suit pas : depuis deux jours, en effet, je fais beaucoup de courses pour mon voyage, je préfère faire ça de façon condensée plutôt qu'étalé sur des semaines, mais je m'en mord les doigts. La migraine ne me lâche plus et les risques de mauvaise humeur s'abattent bien plus généreusement qu'à l'ordinaire. Il faut absolument que je retrouve la pêche, je ne peux pas laisser mon corps à la dérive avant ce grand voyage qui m'attends dans un mois. Et je me rend compte qu'en tout cas, Paris n'est pas un endroit vivable, ni en août ni jamais. La perspective des 37°C de dimanche m'angoisse déjà, alors qu'il y a 10 jours, cela promettait une belle après-midi dans la fraîcheur du jardin, face à la mer...

Êtes-vous rentrés de vos vacances ? Qu'est-ce que ça vous fait ?
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mardi 14 août 2012

L'été file...

... à une vitesse si affolante que j'en ai parfois la nausée. J'ai la grande chance d'être en vacances depuis le 1er juillet, ça ne sera certainement pas comme ça toute la vie : lorsque j'aurai fini mes études, je serai confrontée à la réalité de l'été des adultes. Malgré tout ce temps dont je dispose, j'ai l'impression que les journées filent entre mes doigts, elles s'égrainent si rapidement ! Cette période où j'attendais avec impatience les vacances, je les préparais minutieusement, je me disais "mi-août, c'est tellement loin ! D'ici-là je vais faire des milliers de choses"... mais mi-août, en fait, on y est, et cette période est bien loin aujourd'hui !
J'ai eu des envies de tout et rien, et je les ai respectées. Des envies de manger des choses que je m'interdis pendant l'année, et je les ai mangées avec toujours plus de plaisir. J'ai tenu un programme de sport depuis plus d'un mois, tous les jours, et je n'en reviens pas. J'ai resserré mes liens avec ma petite soeur, et j'en suis ravie. J'ai réussi à gérer ma grosse crise d'angoisse à propos de mon voyage, celle qui m'a fait tant douter, m'a donné envie de hurler et de tout annuler : j'ai demandé de l'aide et on a su m'apporter exactement ce dont j'avais besoin et qui m'a permis d'avancer, de préparer sereinement ce voyage qui s'annonce extraordinaire.
J'ai lu une quinzaine de livres si ce n'est plus, vu des films super (mais aussi parfois nazes). J'ai vu des amis, profité de ma famille. J'ai eu l'impression d'avoir 5 ans à la plage en essayant mon super et tout nouvel appareil photo qui va sous l'eau. J'ai eu l'impression d'avoir mille ans quand je devais supporter la chaleur terrible de la fin juillet (je ne rigole pas, dans le Var, c'était parfois dur). J'ai expérimenté les joies de la vie quotidienne avec deux ados, et je sais que je ne suis pas prête à avoir des enfants de sitôt.

Il y a des dizaines de choses que je n'ai pas encore faites et qui étaient au programme de mon été, mais tout passe si vite, le départ se rapproche tellement plus chaque jour que je vais devoir choisir les choses essentielles à faire et non le superflu (attention, une sieste ou un livre peuvent être essentiels, alors qu'une séance de gym peut être superflue...) : il faut que je me fasse à l'idée que je ne pourrai pas lire tous les livres qui me font de l'oeil avant mon départ, que je ne pourrai pas échapper à l'hindi dont il va franchement falloir que je commence à apprendre, au moins des phrases types, que je vais devoir dire au revoir, et ça m'angoisse. Même si la fin de l'été signifie grand départ pour moi, j'aimerais bien mettre sur pause pour retrouver la naïveté enfantine des grandes vacances...

Et pour vous, il se passe comment, cet été ?
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lundi 13 août 2012

L'impossible Pardon : nouvelle merveille littéraire

J'ai refermé dimanche un livre si prenant que j'en ai lu avidement les 500 pages en quelques heures, goulûment, presque sans m'arrêter. Une plume délicieuse, un ton toujours juste, une histoire prenante... quoi demander de mieux ? Ce premier roman de Randy Susan Meyer. Lulu et Merry ont 10 et 6 ans, vivent à Brooklyn avec leur mère qui vient de mettre leur père dehors, leur interdisant formellement de lui ouvrir. Malgré cette interdiction, Lulu ouvre la porte à son père, non par défi mais par tiraillement : qui faut-il écouter, à qui faut-il faire le plus plaisir, entre cet homme et cette femme devenus parents trop jeunes qui se déchirent en permanence ? Complètement ivre et fou de colère, le père de Lulu tue sa mère et poignarde gravement sa petite soeur Merry. C'est sur cette tragédie que devront se construire ces deux enfants, l'une avec la culpabilité d'avoir ouvert à son père, l'autre avec le poids énorme : qu'avait-elle fait pour que son papa soit si fâché contre elle qu'il a tenté de la tuer ?
Quasiment sans famille, ces orphelines vont grandir à l'orphelinat, tenter de veiller l'une sur l'autre, survivre, tout faire pour s'en sortir. Pendant trente ans, on voit leur lente reconstruction, l'une en opposition complète face à ce père qui a détruit leur vie, l'autre en intégrant ce monstre à sa vie.

Le récit à la première personne alterne la narration de l'une et de l'autre, nous permettant de mieux comprendre leurs comportements de l'intérieur, saisir leurs pensées, leurs ressentis, leurs blessures. Ce roman est bouleversant de justesse : on ne tombe pas dans le pathos ni dans l'exagération, chaque mot semble pesé, réfléchi, ressenti. Il n'y a pas du tout le côté un peu voyeur qui me gêne dans certains livres qui traitent de sujets délicats, étonnamment je trouve qu'on s'identifie aux personnages (une plus que l'autre, pour ma part), bien qu'on n'ait pas vécu leur tragédie. Leur caractère est si ficelé et bien amené qu'on a l'impression de les connaitre depuis toujours, d'être l'une d'elles, d'être une troisième soeur. 
Je pense que c'est un livre qui restera longtemps en moi, j'ai été si triste de le terminer ! Je vous le recommande chaudement en tout cas ... (j'ai promis de le prêter à deux personnes déjà, mais si cela vous dit, il pourrait devenir un "livre voyageur" pendant mon absence, ça serait chouette !)

En avez-vous entendu parler ? L'avez-vous lu ?

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mercredi 8 août 2012

Douceur hors du temps

Mon sommeil est perturbé ces temps-ci, j'ai beau être en vacances je ne dors pas plus de quatre ou cinq heures complètes par nuit. Je me réveille en permanence, sans raison, à heures fixes. Une fois sur cinq, je parviens à me rendormir. Le reste du temps, impossible. Alors je pense à mille choses, les choses que je devrai faire dans la journée, mon voyage qui se rapproche à grands pas. J'échafaude des plans, des listes mentales...  Il arrive que je m'empêche de me rendormir parce que je veux continuer ce livre passionnant sur lequel je me suis endormie la veille. Alors j'agresse violemment mes yeux en allumant la lumière (histoire de me réveiller complètement) et je lis jusqu'au matin, ou jusqu'à ce que je me rendorme.
Aujourd'hui, réveillée à 4h20, j'ai tout fait pour me rendormir : impossible. J'en paye un peu le prix aujourd'hui, mais me rendant compte que je ne dormirais plus, j'étais si contente de pouvoir continuer ce palpitant livre commencé à peine hier après-midi, Grâce de Delphine Bertholon ! Hop, un bol de céréales avec du lait bien froid (et oui, à 5h30, j'ai eu très faim !) j'ai pu continuer ma dévoration littéraire pendant quelques temps. Puis j'ai vu poindre l'aube à travers les interstices de mes volets. Je quitte cette maison vendredi matin, pas question de rester dans mon lit alors que la lumière du jours pointait son nez : si je n'aime pas le soir car il faut aller dormir, je suis une adoratrice du matin. J'ai pris une grosse couverture car il faisait  étonnamment frais dehors, après le passage de la rosée. Je me suis installée sur un gros fauteuil sur la terrasse, mon sommeil emmitouflé dans la chaude et douce couverture, et j'ai pu apprécier avec émerveillement à la naissance du jour sur la mer. Un instant c'était sombre, un peu voilé, puis on eut dit que le ciel avait subitement reçu un coup de baguette et été transformé en une aquarelle magnifique. Les couleurs changeaient d'instant en instant, passant par le rose, l'orange, le mordoré, le bleu, le gris, le beige... La brise était douce, les rayons du soleil montant atteignirent progressivement de plus en plus d'objets, d'arbres, de maisons. La vallée baigna bientôt dans une clarté dorée, magique. La mer étincelait de mille diamants minuscules. J'aurais voulu partir voguer sur ses vagues de perles et d'or sur un navire dont les voiles seraient tissées de poèmes colorés.

Les odeurs commençaient à s'exhaler des plantes et des pierres, excitées par la rosée qui a cette qualité de révélation olfactive, tout comme la pluie. La vie renaissait peu à peu autour de moi : dans les maisons, sur la route au loin, dans les ruelles de ce village multi-centenaire. C'était doux, unique, magique, intemporel. J'ai fini mon livre au moment où les rayons du soleil caressaient mon visage tout à fait réveillé maintenant.

Toute à mon moment d'éternité, je n'ai pas figé ces instants aux milliers de teintes par une photo...
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samedi 4 août 2012

Des livres, des livres, des livres !

Je passe un été assez particulier, déjà parce que ce sont les premières vacances que j'ai depuis un an (sauf une semaine à noël), et puis parce que la préparation me prend sinon tout mon temps, au moins toute mon énergie et ma tête. Du coup, il reste malheureusement trop peu de place pour m'enfuir dans des mondes imaginaires : c'est le premier été où je lis si peu. L'an dernier, j'ai été entièrement absorbée par la lecture de la Saga des Forsyte, de John Galsworthy : j'en parlais ici. 2500 pages de pur plaisir. 
Mais cette année, je fais un peu la fine bouche. J'ai lu "Tout ce qui brille" d'Anna Godbersen. Cela se passe en 1929 à New York. Ce premier tome était délicieux (bien que très facile, puisque c'est plutôt un roman jeunesse) mais cela m'a aéré la tête... quelques heures, puisque je l'ai dévoré. 
L'armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen, dont on m'avait vanté l'excellence, m'a déplu au plus haut point : c'est exactement tout ce que je déteste : des phrases toutes faites avec des mots dont on sent qu'ils ont été trouvés dans le dictionnaire des synonymes. Entièrement surfait à mon goût, je comprends qu'il puisse plaire mais je le classe dans le clan des Lévy-Musso-Gavalda. A la soixantième page, j'ai arrêté de me forcer, comprenant que j'avais lu 55 pages de trop. Tant pis !

J'avais très envie de lire des romans se déroulant en Inde, ou bien des romans de voyage (j'avais adoré La Fiancée de Bombay, les Fiancées du Pacifique et Une Odeur de Gingembre : je les recommande tous trois très vivement pour qui aime les voyages, la découverte d'un nouveau pays, le dépassement de soi en tant que femme... tout ça à une autre époque!) mais avec ma nouvelle liseuse électronique, je m'étais dit que je ne m'encombrerai pas et que je trouverais tous les titres que je cherchais (notamment Les enfants de Minuit de Rushdie, le tigre blanc, le seigneur de Bombay, le Dieu des petits riens, Fous de l'Inde etc.) mais bon, comme je l'ai dit ici, je suis un peu déçue du choix restreint de livres thématiques en format numérique. Du coup, vivement mon retour à Paris pour acheter ces livres qui me font vraiment envie et les dévorer avant mon départ !

Et alors ma mère, navrée de mon errance parmi les rayonnages de notre bibliothèque, m'a suggérée une auteur que je ne connaissais pas mais dont j'avais déjà vu les livres chez nous : Nancy Mitford. Couverture 10/18 un peu vieillotte comme j'aime, les pages un peu jaunies et raides renfermant cette odeur si caractéristique de papier vieilli renfermant des milliers de mots qui emportent le lecteur dans la rêverie. Je crois que ma mère n'aurait pu mieux me conseiller à cet instant précis. Nancy Mitford est une auteur anglaise (1904-1973) dont la fratrie est très célèbre : allez jeter un oeil à l'article wikipédia, ça vaut franchement le détour ! Elle a écrit plusieurs romans dont trois mettant en scène les mêmes personnages : la narratrice (qui a 13 ans au début du premier roman) est discrète et raconte la vie tantôt de sa cousine tantôt d'une amie d'enfance, avec donc un regard extérieur et bienveillant sur leurs frasques et leurs fantaisies. Le troisième roman est beaucoup plus centré sur la narratrice, dont le mari est nommé ambassadeur d'Angleterre à Paris. A travers ces trois romans dont j'adore les titres (La poursuite de l'amour, L'amour dans un climat froid, Pas un mot à l'ambassadeur) on (re)découvre les moeurs anglaises de l'entre-deux guerres, puis post-guerre, toujours teintées de touches françaises. L'auteur y a mis beaucoup d'éléments autobiographiques et concernant ses célèbres soeurs. Fanny, la narratrice, est très attachante et drôle. Elle est née des amours folles de "La Trotteuse" et d'un jeune homme riche : Fanny sera laissée aux bons soins de sa tante Emily qui l'élèvera pendant que sa mère ira batifoler aux quatre coins du monde et se mariera une bonne dizaine de fois. Les personnages sont terriblement bien ficelés et si parfaitement dépeints qu'on a l'impression de les avoir en face de soi, les lieux sont décrits avec intelligence : on s'y croirait. Le tout mélangé à une bonne dose d'humour parfaitement anglais, cela donne des heures de plaisir littéraire intense ! C'est exactement tout ce que j'aime !
Un autre roman que je lirai après avoir fini Pas un mot à l'ambassadeur (qui est vraiment tordant), Charivari, l'a brouillée avec ses soeurs très portées par le nazisme : elle y fait une critique acerbe de la bonne société britannique où la montée du fascisme fait rage. 

Des romans à lire, à dévorer, pour changer un peu de genre, d'époque, de moeurs, de modes de vie, de point de vue... 

Et vous, quels romans vous touchent, cet été ?

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