lundi 17 décembre 2012

Une si belle expérience


Après 15h de train, je n’étais pas très fraîche lorsque je suis arrivée de bonne heure à Varanasi le 13 novembre. C’était le jour de Diwali, (équivalent indien de noël). J’ai filé à l’école, sans passer par les cases douche et lit dont je rêvais depuis des heures, parce que les enfants recevaient des sweets pour l’occasion. Lorsque je suis entrée dans la petite cour de l’école et que je les ai vus, alignés sous le préau à attendre leurs douceurs, le visage heureux, les yeux pétillants et un sourire aux lèvres, toute la fatigue s’est envolée, et je me suis sentie très émue. Emue, mais aussi timide : allaient-ils m’aimer ? Est-ce que je n’allais pas faire d’erreurs, est-ce que j’y arriverai ? Avec qui allais-je avoir des accointances ? Allais-je me souvenir de tous leurs prénoms ? Toutes ces questions se sont pressées dans ma tête, je dois l’avouer : ces petites têtes brunes m’intimidaient !

Cinq semaines se sont écoulées, et maintenant les questions qui se pressent sont différentes :  vont-ils rester à l’école ? Les reverrai-je ? Se souviendront-ils de moi ? Est-ce que je leur ai vraiment apporté quelque chose ? Eux m’ont apporté tellement ! Je me suis attachée à chacun d’eux, leur préparant le petit déjeuner tous les matins avec amour et attention, vérifiant les vrais bobos des uns et les faux des autres (parce qu’ils veulent tous avoir des pansements et sont prêts à se blesser exprès pour en avoir…), j’en ai amenés quelques-uns chez le médecin, j’en ramenais certains le soir sur mon vélo. Leurs cris de joie lorsque je leur montrais les différents types de coloriages, que j’ai sorti les billes ou que nous avons fait un petit tournoi de relais résonnent dans ma tête. Un rien les rend heureux, et c’est une leçon précieuse. Malgré la barrière de la langue (je ne baragouine que quelques mots usuels d’hindi et eux presque pas d’anglais) j’ai réussi à communiquer avec eux, à avoir des « private jokes », à rire, faire des blagues. Qui l’eut cru ?

Bien sûr, ce sont des enfants, et donc je rentrais parfois épuisée, sur les nerfs, et frustrée de ne pas pouvoir me faire comprendre lorsqu’ils faisaient une bêtise ou semblaient poser une question. Comment aider un enfant qui a mal sans savoir de quoi il souffre ? Une petite fille qui pleure lorsque je lui demande pourquoi elle se conduit mal et si elle a des problèmes à la maisons, comment lui apporter mon aide ? Un câlin et un bisou effacent les larmes, mais les blessures sont peut-être plus profondes, et j'ai dû me résigner à mon incapacité à les soulager. C'est la vie, je ne suis qu'humaine !

J’ai découvert comment fonctionnait cette petite association française implantée à Varanasi qui, à l’inverse de tant d’autres assos, est honnête et ne passe pas son temps à machiner pour détourner des fonds. Non, et le jour où parrainer un enfant sera possible (la demande est en cours d’un point de vue fiscal) et que je gagnerai ma croûte, comptez sur moi pour parrainer un de ces bouts de chou ! Le système de fonctionnement est intelligent et tend à l’autofinancement : Emi (initiatrice sur place du projet) a ouvert une boutique de bijoux qu’elle créé et vend au profit de l’école. Elle emploie deux jeunes filles charmantes, qui sont étudiantes mais peuvent aider financièrement leur famille et apprendre un métier concret ! Combien d’heures ai-je passées dans cette boutique reposante, à essayer tous les colliers, me pâmer devant les boucles d’oreille (d'ailleurs les copines, préparez-vous, j'en ramène pour tout le monde!!), regarder les filles faire des bijoux en maccramé avec des pierres, tout en buvant un café au lait et mangeant des samosas…ah, ça va me manquer, je le sens ! 

Voilà une expérience riche de sens pour moi, je pense qu'ils m'ont apporté plus que je n'ai pu faire pour eux... Pour le dernier jour, on m'a préparé un petit goûter surprise et les enfants m'avaient fait des coloriages. J'ai été tellement émue, je ne voulais plus les quitter ! J'emporte avec moi le pétillement de leurs yeux et l'éclat de leur sourire, qui éclipsent tout le reste...

Si vous voyez un bout de blond, bah c'est moi ! Les enfants sont si excités par les photos qu'ils ne tiennent pas en place deux minutes ! J'adore !

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dimanche 9 décembre 2012

Mes combats quotidiens chapitre 1

En ce moment, chaque journée est sinon une épreuve, en tout cas une véritable aventure où je risque ma peau ou ma bonne humeur à chaque instant. Je suis bénévole depuis un mois dans l'association Zindagi, qui a créé une école pour enfants défavorisés à Varanasi. C'est à environ 2,5 km de ma guest-house. Tous les matins, je me lève, prends mon petit-déj et file à 9H50, en vélo, apporter le petit déjeuner des enfants (un jour sur deux, j'achète des fruits et des biscuits au marché, et le reste du temps ce sont des idlis, petits pains vapeur trempés dans du chutney de coco dont se délectent les enfants : c'est une spécialité du sud). Sur le chemin, les shops ouvrent peu à peu, les marchés s'installent, les tapissiers cousent des matelas, les gens mangent debout près d'un petit stand de nourriture, les enfants bien coiffés et en uniforme partent pour l'école. Mais mieux vaut ne pas trop s'attarder sur le paysage, sinon il est certain qu'on va rentrer dans les jambes de quelqu'un, piéton ou motard. C'est déjà arrivé, donc maintenant je n'apprécie la vie de cette route lorsque je vais à l'école en vélo-rickshaw : c'est plus prudent !

Sur le chemin, je sors souvent de mes gonds car tout le monde conduit n'importe comment, les piétons traversent sous mes roues, bref, pas un jour ne passe sans que je manque de perdre une main ou que j'hurle sur un conducteur idiot. Je slalome entre les vaches, les chèvres, les rickshaws, les vélos, les buffles qui se mettent à courir sans qu'on s'y attende. Je me bats donc pour ne pas valser de mon vélo.
Il arrive très souvent de me retrouver en sandwich entre un tracteur et un rickshaw bondé pressé. Tous mes sens sont en alerte, pas question d'avoir le nez en l'air !

Puis lorsque j'arrive aux alentours de l'école, il arrive que je vois un enfant qui est dans la rue : on m'entend crier sous mon masque anti-pollution "school, school !" alors que je fais les gros yeux tout en essayant de garder mon équilibre sur le vélo encombré des sacs de fruits ou des grandes gamelles en alu avec le chutney et les idlis. Arrivée à l'école, il y a toujours quelque chose qui fait que je vais me fâcher : des mégots, des emballages de tabac à chiquer qui traînent, la vaisselle de la veille qui n'a pas été faite (ou mal faite), le boitier du savon qui a disparu, une vieille dame qui se lave au milieu de la cour de récré en utilisant le savon des enfants, des gamins des environs qui essayent de s'incruster pendant le petit déj...c'est sans fin, personne ne parle anglais et je ne parle pas hindi. Se faire comprendre est une épreuve, et le pire c'est l'après-midi lorsque je vais à l'école pour faire 2h d'atelier avec les enfants. C'est chouette, valorisant, passionnant, mais c'est tellement compliqué ! Ils sont en général entre 15 et 20 l'après-midi, d'âges variés et de niveau scolaire différent. Leur expliquer ce qu'on va faire est difficile, même avec mon petit livre de conversation en hindi qui ne sert pas à grand chose puisqu'ici, ils parlent hindi mélangé à d'autres dialectes... Mais c'est un autre combat quotidien, les enfants, je vous en dirai plus la prochaine fois ...

PS : Pas de photo de la route ou de moi sur mon vélo... si j'avais essayé d"'en prendre une, je ne serais plus en mesure d'écrire des articles avant un bout de temps je pense ;-)
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