samedi 22 février 2014

Être celle qui part, toujours




Etre en voyage a quelque chose de très excitant et désinhibant  Les pudeurs tombent, car on n'a pas le temps de s'embarrasser des bienséances et des convenances hbabituelles. On rencontre quelqu'un à l’aéroport  on se marre bien dans le taxi qu'on partage, et hop nous voilà a passer cinq jours de vie ensemble comme des amis de toujours alors qu'on ne se connaît ni d'Eve ni d'Adam, et que le sixième jour, on repartira chacun de son côté avec des souvenirs souvent extras et l'idée d'une rencontre surprenante. En voyage on peut se réinventer chaque matin. Pour ma part, j'ai déjà été présentée comme écrivain, cinéaste (je ne sais pas d'où ça sort), journaliste, danseuse, business woman, maîtresse d'école... Bref, vous donnez des bribes d'infos aux gens et ils vous collent parfois des étiquettes qui sont agréables car, si d'un côté elles limitent qui vous êtes, elles permettent aussi de vous ouvrir des portes. C'est ainsi qu'à Bombay je me suis retrouvée face a un producteur de Bollywood qui me demandait de lui écrire le sénario d'un film, entre autres choses complètement folles.

Les choses se font simplement, les masques tombent assez vite. On se plait : on reste ensemble. Quelque chose nous agace chez l'autre et on passe son chemin. On est finalement moins indulgent, moins patient que dans la vie quotidienne, dans nos relations. En ce qui me concerne, je préfère voyager seule que mal accompagnée. Ici je suis de passage, j'ai voyagé cinq jours sur sept semaines, ce qui m'a donné le temps de vraiment me sentir avoir un quotidien à Buenos Aires. J'ai rencontré des gens, comme je l'aurais fait à Toulouse ou Paris, je me suis fait des amis de qualité, des gens que je vais quitter avec beaucoup de tristesse demain, mais en même temps avec la joie d'avoir pu les rencontrer et faire un petit bout de vie avec eux. Lorsqu'on est ainsi de passage, on entre tel un ouragan dans la vie de gens pour qui ce qui nous parait extraordinaire fait partie de leur quotidien. Mais comme nous, voyageurs, nous sommes là pour une période très courte, on vit généralement (bon, je dois avouer que c'est mon cas, mais peut-être pas celui de tous les voyageurs ?) encore plus passionnément chaque chose, chaque jour, chaque rencontre. Tout se démultiplie, on fait sauter toutes les barrières, on veut tout dévorer.On se nourrit d'expériences incroyables, puis on refait son sac et on s'envole pour de nouvelles aventures, ou tout simplement on retourne vers notre propre quotidien, en tout cas on part. On quitte les gens dont on a investi la vie, qui nous ont fait une place dans leurs journées, leurs maisons, leurs cœurs. Trois personnes différentes hier m'ont demandé si je ne voulais pas rester un peu plus, et m'ont fait sentir que je les abandonnais et que j'étais responsable de ce départ qui allait laisser un vide dans leur vie. Bien sûr que j'aimerais rester, mais d'une part je ne peux pas éternellement voyager, j'ai d'autres choses passionnantes à accomplir de façon plus sédentaire, d'un autre côté, la saveur des rencontres serait certainement amoindrie si la date de départ était inconnue. Vous ne trouvez pas ? 

Et je me rends compte que depuis deux ans, je rencontre des gens formidables, qui m'aident à me construire, à faire mon chemin. Mais au final, c'est toujours moi qui pars. J'abandonne, de fait, les lieux et les gens, mais ils restent dans mon coeur, et je leur laisse une part de moi, et même si les aventures qui m'attendent toujours m'excitent, je souffre de dire au revoir...

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vendredi 14 février 2014

Ecoutez le silence !

Je suis dans un endroit ravissant à Buenos Aires, mon salon de thé préféré, caché dans un jardin, hors du temps. J’observe les gens qui m’entourent : que des couples, sans exception. Enfin, si, moi. J’aime passer du temps dans les cafés, à écrire. C’est un moment si privilégié. Alors que cela dérange tant de gens, j’adore déjeuner seule, passer des après-midi entière seule parmi la foule. J’observe, je détaille, mon esprit vagabonde. En ce jour des amoureux, je regarde autour de moi, confortablement installée sous un figuier dont les branches laissent filtrer quelques rayons de soleil qui me réchauffent, mon café à la main.
C’est drôle, un couple à table qui n’a rien  se dire. Aucun des deux n’assume cet instant de silence et l’embarras de chacun rend l’instant insupportable. On sent percer l’angoisse dans les regards, la fébrilité des mains, l’accélération des fourchettes. Alors qu’au fond c’est parfois bien agréable de ne rien dire, d’apprécier la présence de l’autre dans un silence partagé. Chacun regarde de son côté, très intensément, comme s’il avait vu la feuille de salade qui git dans la sauce de l’assiette faire soudain un dernier effort pour ne pas se noyer, ou qui espère que le verre vide, si on le regarde assez longtemps, va se remplir subitement tout seul. Un grain de beauté va attirer l’attention de façon alarmante, ou des fourches de cheveux vont soudain devenir la chose la plus importante au monde. J’ai expérimenté plusieurs cas de figure où l’autre tentait d’échapper à cette torture. Pourtant je n’envoie pas de signaux pour que le silence soit rompu, au contraire. J’ai déjà passé plusieurs heures de silence à regarder un ami dans les yeux, et à discuter ainsi sans mots, sans bruit, sans rien de convenu. Mais souvent, on tente par tous les moyens d’échapper de cette sellette où on a l’impression qu’on va périr en faisant faire périr d’ennui l’autre. Il y en a qui, pour ne plus entendre le bruit fracassant du silence, boivent verre sur verre et se demandent, en se couchant, pourquoi la tête leur tourne tant. D’autres posent les premières questions qui leur viennent en tête –et souvent, cela n’a ni queue ni tête et est complètement déconnecté de la situation, désarçonnant leur interlocuteur qui cherche à répondre à tout prix, à s’accrocher à cette perche salvatrice qui empêche le silence de s’installer et de remettre en cause les bases mêmes de la relation. Le plus facile est de s’embrasser. Le plus commun est de parler des autres qui les entourent. Le plus étrange est le clin d’œil : pour pallier à son mutisme, l’un des deux fait des clins d’œil, répétés si fréquemment qu’on se demande s’il n’a pas un problème. Ça m’est arrivé pendant tout un dîner, je vous assure que c’est étrange, et alors on ne peut pas se permettre de rire à gorge déployée, parce que l’autre est si timide que cela ne ferait que l’écrabouiller et le faire cligner des deux yeux ou s’enfuir en courant.  

Il y a une espèce de croyance qui veut que nous ayons toujours des discussions au restaurant, que nous fêtions la saint-valentin le 14 février, que nous soyons en famille à noël, que nous ne trempions pas nos tartines de pan con tomate dans du café con leche. Pourquoi doit-on se forcer à des choses qu’on ne ressent pas dans l’instant ? Ce midi, j’ai vraiment vu un couple d’amoureux qui semblait souffrir le martyre à chercher des sujets de discussion. Ça n'est pas grave ! C'est dur à accepter pour la plupart... Avec certains amis, il nous arrive de se dire excuse moi, mais ne parlons pas pendant quelques minutes. Et on est bien, ensemble.  Lorsque je suis bien dans un silence, souvent, il m’arrive de prendre une grande inspiration, pour faire entrer en moi tout ce silence partagé, pour l’épandre, le savourer dans un souffle. Mais c’est souvent pris pour un soupir, et l’autre en face, s’il ne sait apprécier ces instants et les considérer comme un partage plus fort que les mots, s’inquiète, se désole, panique. Du calme ! On n’a pas toujours besoin de remplir l’espace avec des mots ou du bruit ! Ecoutez ce silence, n’est-il pas merveilleux ? C’est ça l’amour, aussi…
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jeudi 13 février 2014

La traversee des nuages



L'avion perd de l'altitude, nous nous rapprochons des nuage. Ici, ils ont une allure cotonneuse et semblent palpables : j'aimerais soudain retrouver mon insouciance d'enfant et courir dessus, jouer comme seuls les enfants savent le faire. Des formes de distinguent et je me rappelle de ces longues après-midi passées allongée dans l'herbe à laisser mon imagination vagabonder sur les joues rebondies des nuages. Soudain nous les traversons et toute leur apparente consistance meringuée s'évanouit. On ne voit plus rien, nous sommes comme dans un entre-deux monde. On quitte presque immédiatement ces limbes et la terre s'offre à nous. Il n'y a que des arbres, a perte de vue. C'est magique, une forêt d'une immensité rare. On s'en approche, toujours un peu plus, et j'ai l'impression que la cime des arbres est à portée de main... La piste est invisible et on a l impression qu on va plonger dans ces décors verdoyants...



La prochaine fois je vous raconterai dans quel incroyable endroit j ai atterri...




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mardi 4 février 2014

La magie des voyages

S'installer quelque part, même pour quelques semaines seulement, entraîne inévitablement des habitudes. La boulangère, le pharmacien, le vendeur de journaux, le kiosque qui me recharge ma carte de téléphone ou la loterie qui me recharge ma carte de bus. Le portier, le café d'en bas, bref, même loin de chez soi et de sa "vraie vie", on se recrée un quotidien. C'est cela que j'aime lorsque je voyage. Encore hier un ami me disait "tu es bien partout où tu es!" C'est vrai, en partie. Je dois pouvoir me sentir chez moi, à chaque instant j dois pouvoir me dire "je pourrais poser mes valises et vivre là, prendre ce bus, aller travailler tous les jours". Finalement il me semble que c'est une question d'être bien avec soi, non? Je me souviens de l'an dernier à Noël, j'explosais car je ne trouvais plus ma place, le voyage ne répondait plus à ce que j'en attendais. Il aura fallu aller à Auroville pour retrouver du sens à je que je vivais.

Je l'ai déjà dit plusieurs fois je le sais bien, mais chaque jour cela m'interpelle. On rencontre donc des gens qui, sans nous connaître, entrent dans nos vies. Et on entre dans la leur! J'aime cela, cet intérêt pour les autres, ce soin même ténu. Il me semble qu'en France, à Paris du moins, les rapports sont bien plus froids et distants.
En Milonga, on rencontre énormément de monde sans connaître personne finalement, mais en même temps, on se recroise quasiment tous les soirs et je suis toujours surprise quand untel se souvient de choses que j'ai pu lui dire entre deux danses, il y a plusieurs jours. Cela glisse simplement. J'ai fait de jolies rencontres a Buenos aires, que cela soit dans le tango ou en dehors. Elles ont donné une couleur a ce voyage qui, comme mon périple indien, est un voyage initiatique qui me fait grandir, sur bien des aspects (il y a des embûches évidemment, des moments de doutes et de questionnements). J'ai recroisé ici des gens rencontrés à Paris, en Normandie, à Barcelone, en Inde. J'ai découvert avec des inconnus des connaissances communes et je me rend compte que le monde est très petit, tango ou pas. Après un mois à Buenos aires, passé à danser, me promener, découvrir lieux, nourriture et gens, je pars jeudi pour une dizaine de jours de voyage dans le nord argentin. J'ai hâte car cela me rappellera mon itinérance indienne, et en même temps j'ai cette boule au ventre de quitter le connu, défaire mes repères, m'en créer de nouveaux. C'est un mélange de crainte (ne pas savoir faire, me perdre...) mais surtout d'excitation, de l'imprévu, du nouveau. Me retrouver seule dans le silence de la forêt d’Iguaçu ou sur les routes rocheuses et colorées du nord-ouest, voilà une perspective qui m'enchante : lire, écrire, méditer... Cela me renvoie à mon séjour dans ce monastère zen du sud de l'Inde où j'ai passé du temps en juin dernier, ou encore cet endroit incroyable au Sri Lanka, il y a tout juste un an. Le monde a tant de choses à nous offrir, il y a tant de lieux qui nous attendent que cela donne le tournis !
Vous ne trouvez pas ?

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