Qu’est-ce qui a bien pu me pousser à entrer enfin dans cette ravissante et minuscule librairie derrière chez moi, il y a 6 semaines ? Surtout qu’au moins 8 livres attendaient déjà patiemment d’être lus dans ma bibliothèque, et que je ne peux entrer dans une librairie sans en ressortir nantie d’un nouvel objet qui cache à travers ses pages un monde merveilleux.
Je flânais, redoutant le moment où l’une des 3 libraires viendrait, croyait-elle, à mon secours. Le moment fatidique est arrivé, et plutôt que de défaillir et de ne pas savoir quoi dire, ma demande est sortie d’un trait, sans que je ne l’aie même formulée dans mon esprit : « J’ai adoré Une Odeur de Gingembre et Les Fiancées du Pacifique. Je voudrais lire quelque chose où il y a un grand voyage, à une autre époque, quelque chose qui me fasse rêver. » Ses yeux sont devenus brillants, elle s’est échauffée et m’a dit « Connaissez-vous l’Abyssin ? » Je n’ai même pas compris le mot quand elle l’a prononcé, je me suis demandé de quoi elle parlait. « Je vais vous le chercher, je pense qu’il en reste un dans la remise ». Encore un roman à succès me suis-je dit. Pouah, ras-le bol de ces libraires qui vous refourguent leurs trucs.
Elle est revenue, presque en sautillant, brandissant un pavé de 700 pages : « Vous avez de la chance, il en reste un ! Cela se passe sous le règne de Louis XIV qui envoie en ambassade Jean-Baptiste Poncet, un apothicaire, pour soigner le Négus en Abyssinie. Alors il fait le voyage, rencontre des embûches, ah là là qu’est-ce que j’ai adoré ce livre ! Il m’a transportée, m’a fait voyager, en plus c’est vraiment très bien écrit, j’avoue qu’il a l’air un peu gros mais il vous paraitra trop court, ah, c’est vraiment incroyable… Quelle chance vous avez de le découvrir pour la première fois ! » J’étais scotchée : enfin, une libraire me donnait son avis personnel, et elle était si sincère ! Elle parlait avec la passion des dévoreurs de livres. La couverture qu’elle me montrait en même temps qu’elle s’échauffait aux souvenirs de sa lecture était magnifique, intrigante. Et ce titre ! Je me suis emparée du livre, et j’ai dit « Merci beaucoup. C’est ce qu’il me faut, je le prends. » Je n’ai même pas regardé la 4ème de couverture, j’ai acheté mon livre et suis sortie, presque en courant, le bouquin contre mon cœur. J’avais senti qu’il m’avait appelée à le lire. C’est seulement en arrivant chez moi que j’ai lu le résumé. J’avais déjà oublié ce que m’avait résumé la libraire. Son émoi était la seule chose qui restait vive à mon esprit. Oui, c’était exactement ce qu’il me fallait. De l’aventure, du voyage, de l’amour, au tout début du XVIIIème. Un homme d’origines obscures, qui doit prouver sa bravoure, pour pouvoir espérer épouser celle qui l’aime, lors d’une aventure périlleuse, dans une contrée dangereuse, lointaine et inconnue de tous : l’Abyssinie. Quel nom étonnant, et son roi est « le Négus ». Quel nom magique.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à chevaucher aux côtés de Poncet, manquant presque systématiquement mon arrêt de bus, m’endormant la lumière allumée, épuisée de fatigue, au milieu d’une phrase. Ce livre m’a embarquée dans un autre monde, sur les vagues d’une langue divinement bien maniée, des descriptions si réalistes que je voyais ces paysages exotiques, je ressentais le sable du désert sur ma peau, la chaleur du soleil sur mon visage. C’est un livre qui a tenu sa promesse : il m’a fait rêver. Le finir ne m’a pas rendue triste, car les personnages continuent de vivre dans mon esprit. Et surtout, il y a une suite que je vais bientôt attaquer : Sauver Ispahan. Quel titre prometteur d’aventure, de péripéties, de magie !
Voici mon premier article publié dans le webzine So Busy Girls
Je flânais, redoutant le moment où l’une des 3 libraires viendrait, croyait-elle, à mon secours. Le moment fatidique est arrivé, et plutôt que de défaillir et de ne pas savoir quoi dire, ma demande est sortie d’un trait, sans que je ne l’aie même formulée dans mon esprit : « J’ai adoré Une Odeur de Gingembre et Les Fiancées du Pacifique. Je voudrais lire quelque chose où il y a un grand voyage, à une autre époque, quelque chose qui me fasse rêver. » Ses yeux sont devenus brillants, elle s’est échauffée et m’a dit « Connaissez-vous l’Abyssin ? » Je n’ai même pas compris le mot quand elle l’a prononcé, je me suis demandé de quoi elle parlait. « Je vais vous le chercher, je pense qu’il en reste un dans la remise ». Encore un roman à succès me suis-je dit. Pouah, ras-le bol de ces libraires qui vous refourguent leurs trucs.
Elle est revenue, presque en sautillant, brandissant un pavé de 700 pages : « Vous avez de la chance, il en reste un ! Cela se passe sous le règne de Louis XIV qui envoie en ambassade Jean-Baptiste Poncet, un apothicaire, pour soigner le Négus en Abyssinie. Alors il fait le voyage, rencontre des embûches, ah là là qu’est-ce que j’ai adoré ce livre ! Il m’a transportée, m’a fait voyager, en plus c’est vraiment très bien écrit, j’avoue qu’il a l’air un peu gros mais il vous paraitra trop court, ah, c’est vraiment incroyable… Quelle chance vous avez de le découvrir pour la première fois ! » J’étais scotchée : enfin, une libraire me donnait son avis personnel, et elle était si sincère ! Elle parlait avec la passion des dévoreurs de livres. La couverture qu’elle me montrait en même temps qu’elle s’échauffait aux souvenirs de sa lecture était magnifique, intrigante. Et ce titre ! Je me suis emparée du livre, et j’ai dit « Merci beaucoup. C’est ce qu’il me faut, je le prends. » Je n’ai même pas regardé la 4ème de couverture, j’ai acheté mon livre et suis sortie, presque en courant, le bouquin contre mon cœur. J’avais senti qu’il m’avait appelée à le lire. C’est seulement en arrivant chez moi que j’ai lu le résumé. J’avais déjà oublié ce que m’avait résumé la libraire. Son émoi était la seule chose qui restait vive à mon esprit. Oui, c’était exactement ce qu’il me fallait. De l’aventure, du voyage, de l’amour, au tout début du XVIIIème. Un homme d’origines obscures, qui doit prouver sa bravoure, pour pouvoir espérer épouser celle qui l’aime, lors d’une aventure périlleuse, dans une contrée dangereuse, lointaine et inconnue de tous : l’Abyssinie. Quel nom étonnant, et son roi est « le Négus ». Quel nom magique.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à chevaucher aux côtés de Poncet, manquant presque systématiquement mon arrêt de bus, m’endormant la lumière allumée, épuisée de fatigue, au milieu d’une phrase. Ce livre m’a embarquée dans un autre monde, sur les vagues d’une langue divinement bien maniée, des descriptions si réalistes que je voyais ces paysages exotiques, je ressentais le sable du désert sur ma peau, la chaleur du soleil sur mon visage. C’est un livre qui a tenu sa promesse : il m’a fait rêver. Le finir ne m’a pas rendue triste, car les personnages continuent de vivre dans mon esprit. Et surtout, il y a une suite que je vais bientôt attaquer : Sauver Ispahan. Quel titre prometteur d’aventure, de péripéties, de magie !
Voici mon premier article publié dans le webzine So Busy Girls
J'ai ADORE l'Abyssin! Et vraiment j'aime beaucoup Rufin. Elle est dans quelle ville, ta superbe librairie? ;-)
RépondreSupprimerJ'ai ADORE L'abyssin!! Et j'aime beaucoup cet auteur, Rufin écrit remarquablement bien, ses histoires sont magiques... Dans quelle ville est cette superbe librairie? ;-)
RépondreSupprimerMoi aussi, j'ai vraiment beaucoup aimé!! Ma librairie est à Paris ;)
RépondreSupprimermoi qui cherchais une prochaine lecture à mon retour de vacances, je pense que je vais passer par la fnac et avoir mon bouquin qui m'attend sagement dans ma bal :)
RépondreSupprimerJ'avais adoré aussi, l'ayant trouvé dans une bibliothèque anglaise ! et il y a une suite ? youpeeee
RépondreSupprimerOui oui oui, 20 ans après... Je l'ai commencé hier...et ça promet d'être génial!!!
RépondreSupprimerJ'ai adoré "L'Abyssin"! Tu ne devrais pas être déçue par la suite...
RépondreSupprimerAurais-tu des lectures du même genre à me recommander? En ce moment, j'ai envie d'aventures.