Le beau Mark Strong, ennemi d'Antonio Banderas |
Or Noir : Deux souverains arabes se battent pour un bout de terre qui sépare leurs deux régions : le Corridor Jaune. Comme alternative au conflit armé, ils font de ce territoire un no man’s land, et pour sceller le pacte qu’ils ont fait de ne pas tenter de s’approprier cette terre, le Sultan Amar confie ses deux fils au roi ennemi Nesib, qui va les élever avec ses propres enfants.
Le temps passe et la paix règne sur les deux royaumes, jusqu’au jour où une compagnie pétrolière découvre des gisements de pétrole d’une qualité rare…dans les sols du Corridor Jaune. Amar, attaché aux traditions et à sa parole donnée 15 ans plus tôt, refuse l’offre des Américains. Nesib, moins rebuté par le progrès et souhaitant sortir son peuple de la misère, rompt le pacte. Le conflit n’est souhaité par aucun des rois, et pourtant il s’amorce peu à peu.
Le film est imprégné de religion : aucune décision ne se fait sans consulter le Coran, et toutes les pensées sont tournées vers Allah. Les interprétations coraniques divergent souvent en fonction des besoins, des problématiques qu’il leur faut résoudre. Il n’y a pas de véritable méchant, ce qui est très rare et bien appréciable. Nous sommes simplement face à deux rois qui ont chacun leurs préoccupations : l’un de conserver intacte la tradition et le mode de vie et de penser de ses ancêtres. Amar, certes conservateur, est très sage et profondément pacifique. Pour sa part, Nesib s’inquiète de la pauvreté de son peuple et de la progression du choléra qui le décime peu à peu. On voit de quelle façon les femmes sont jalousement gardées dans les harems ,, les images sont puissantes : elles sont cloîtrées dès la puberté et ne sortent jamais sans leur burqa. Elles ne peuvent se montrer qu’à leur père ou leur mari. Je n’en dis pas plus, ceux qui verront le film comprendront de quelle scène je parle lorsqu’ils la verront.
Ce film, qui se passe dans les années 1930 dans la péninsule arabique, nous montre de façon brillante le choc des cultures qui a eu lieu à l’époque entre l’Orient et l’Occident. Un peuple, d’une part, ancré dans ses traditions et ses croyances confronté à l’image d’un autre à la recherche de toujours plus de modernité, d’argent et de confort. Ces contrastes sont très forts : voir des guerriers à dos de chameaux se battre contre des blindés en plein désert est une vision plus qu’étonnante.
Les personnages sont tous fondamentalement humains, avec leurs caractères, leurs faiblesses. Un héros imprévu va littéralement s’épanouir sous nos yeux : le fils cadet d’Amar, un rat de bibliothèque un peu grassouillet et très effacé, dans l’ombre de son imposant frère héritier. Il va devenir celui qui incarnera le pacifisme, même si cela se fera dans le sang du combat. Il prend à bras le corps son destin, et se lance dans son « voyage initiatique » de la conquête de soi, reprenant à mon sens les étapes de l’archétype du « Voyage du héros », mis en avant par l’anthropologue Josef Cambell il y a 50 ans, que je trouve passionnant. (On en parle bien mieux que moi ici ).
Auda n’est pas préparé aux combats, aux tactiques stratégiques de guerre, aux discours mais pourtant, il va parvenir à rallier toutes les tribus nomades grâce à sa foi profonde en la paix et la justice en partageant sa conviction qui l’anime et qui est devenue vitale pour sauver les peuples. J’ai trouvé la symbolique très forte : Nesib avait tenté d’acheter les chefs de ces tribus, en leur offrant de somptueux présents (fruits du commerce pétrolier) mais comme il est dit à plusieurs reprises : « un objet qui est monayable n’a aucune valeur ». Lorsque ces chefs se retrouvent face à Auda, ils sont prêts à se battre jusqu’à la mort pour cette cause.
Le film a un rythme halletant, on est plongé dedans dès le début. Tout est très clair : les relations entre chaque peuple et les enjeux que représente le Corridor Jaune. On voit la vie dans les cités mais aussi dans le désert, on prend mieux la mesure de ce que peut-être une goutte d’eau pour la survie d’un homme. On est pris aux tripes, du début à l’extrême fin. J’ai appris en sortant qu’il s’agissait d’une adaptation d’un roman : pour moi il s’agit-là d’un réel chef d’œuvre. Les lumières et la musique nous emportent aux côtés des voyageurs, des guerriers, dans leurs chevauchées sauvages à travers le désert. Rien n’est trop rapide et aucune scène n’est trop longue : Jean-Jacques Annaud m’a fait voyager pendant 2h10. Je me suis sentie une princesse orientale, reine de Saba, à la peau satinée comme la ravissante Freida Pinto, qu'on admirait dans Slumdog Millionnaire.
Une drôle de chose : un film français qui se passe en arabie, filmé en Tunisie, produit par des Qatars, joué principalement par un andalou, un lorain, un londonnien, une indienne de Bombay…
Source images : diverses : Allociné et google
C'est vrai que l'anecdote que tu donnes à la fin est assez drôle :) En tout cas, je n'en avais pas entendu parler mais tu me donnes envie de le voir donc je pense que je tenterais!
RépondreSupprimerJ'avoue qu'à la lecture éclairée de ta critique j'irai bien me faire ce petit ciné!!
RépondreSupprimerBelle fin de soirée et merci pour l'info!!
Les images ressemblent à des tableaux, en particulier la première, c'est magnifique...
RépondreSupprimerJ'ai aperçu l'affiche un peu partout mais n'ait jamais pris le temps de m'informer de quoi parler ce film..
RépondreSupprimerTon billet me donne bien envie d'aller le voir !
Mais ce soir, c'est le Chat Potté avec ma fille ...