mercredi 10 août 2011

Episode 15 : Closed Nepal

Pour notre dernière journée au Népal avant de repartir le lendemain matin à Delhi, nous avions décidé d'aller un peu marcher dans la montagne (nous n'étions pas équipées pour faire du trekking). Nous nous sommes donc levées tôt et avons dû marcher jusqu'à la gare routière de Kathmandu : près de 45 min. Arrivées là, le choc : presque aucun bus. Où étaient les dizaines de bus vus la veille ? On a beau demander aux trois chauffeurs présents, tous nous répondent en riant qu'ils ne savent pas, et semblent baragouiner quelque chose d'où se dégagent les mots "Closed Nepal". Un chauffeur de taxi nous a vite repérées et ne nous a plus lâchées. Il a essayé de nous attirer vers son taxi, Chat et moi voyions notre sortie dans la montagne plombée. Chat cherchait une solution pour visiter autre chose mais il n'y avait plus grand chose à faire dans Kathmandu, et l'idée de rester bouquiner à l'hôtel était tentante mais c'était vraiment dommage de gaspiller un jour, surtout celui de la grande promenade en montagne. Je commençais à m'énerver à cause du chauffeur pressant et de la perspective du gâchis de cette dernière journée népalaise. Chat a été plus patiente. Finalement, nous avons décidé de payer le taxi pour aller là où nous avions prévu, à Nagarkot. Le chauffeur était aux anges, et une fois montées dans le taxi, il nous dit en anglais : "Bon, vous avez bien compris, en fait c'est Closed Nepal aujourd'hui, donc comme c'est dangereux de conduire, et bien la course est à 2500rp et pas 1500rp. " Là, mon sang ne fait qu'un tour. Non seulement, on doit prendre un taxi (environ 15 fois plus cher que le bus), mais en plus on nous roule dans la farine sous des prétextes vaseux ?! On a essayé de lui dire qu'il avait annoncé 1500 et que ça serait 1500 et pas une roupie de plus. Il n'a rien voulu entendre : je suis descendue du taxi. Non mais oh ! Il nous a rappelées en promettant que ça ne serait que 1500rp. Mais pendant toute l'heure du trajet, il nous l'a fait payer, et nous avons failli aller dans le fossé plusieurs fois. Il a même essayé, lorsqu'il nous a déposées à Nagarkot, de demander plus. Passons.

Nagarkot est un village situé à 2200m d'altitude : le plus haut point de la vallée de Kathmandu. Il parait qu'on peut y voir l'Everest. Comme à Darjeeling (voir épisode 8 ici) où il parait qu'on aurait dû voir l’Himalaya. Bien que nous ayons passé la journée à plisser les yeux, on n'a rien vu. Ce village nous a beaucoup impressionnées car il y avait bien 40 hôtels et de nombreux restaurants, tous tournés vers l'Everest (enfin, là où il parait qu'il est), mais il n'y avait pas un chat. Un village fantôme. Le Lonely Planet suggérait d'aller visiter le temple de Kali, au point culminant du village. Nous avons demandé plusieurs fois, car il n'y avait aucune indication nulle part, et il fallait gravir des routes raides. Peu de gens savaient ce qu'on cherchait. Ce temple est si planqué qu'il nous a fallu grimper presque avec les mains pour l'atteindre.
Lorsque nous l'avons trouvé, encore une bonne surprise : une petite maisonnette rouge de 4m², avec des détritus et des paquets de chips vides à l'intérieur. Pourquoi le Lonely Planet nous a indiqué cela, c'est un mystère. Nous nous sommes promenées dans ce triste village désert bourré de contradictions, d'échoppes et d'hôtels alors qu'il n'y avait pas un chat ni un rat. Peut-être étions-nous encore dans un village comme dans le Voyage de Chihiro ? (voir ici) Nous avons cherché longtemps un  endroit conseillé pour prendre un Chaï et déjeuner, histoire de nous donner des forces pour la looongue marche qui nous attendait (12km en fait, pour atteindre Changu Narayan, village avec un superbe Dubar Square paraissait-il).
Il y avait un Tea House qui avait l'air super. Nous y avons bu un très bon Chaï et avons lu tranquillement jusqu'à avoir bien faim pour commander un bon repas. La carte était géniale : tout faisait envie. Au moment de commander, l'homme nous dit qu'il ferme. Quoi ?! Seule explication : "Closed Nepal". Ne pouvait-il pas nous le dire lorsqu'on lui a dit qu'on déjeunerait ? On était alors affamées et on a dû chercher un autre restaurant qui n'avait pas l'air trop sale (rien d'autre n'était conseillé dans tout le village). On a fini par jeter notre dévolu sur un boui-boui collant mais sans insectes (question d'altitude, sans doute). Nous avons dû attendre une heure (je n'exagère pas) pour manger, pourtant nous avions commandé des choses très simples : riz avec une viande en sauce quelconque. La cuisinière était-elle allée tuer le poulet pour nous ?
Je pense que de tout mon voyage, ce repas a été le moins bon. Ce sont des choses qui arrivent ! Nous avons fini par nous décider à partir. Je n'avais envie que d'une chose : un Bounty. Alors nous en avons cherché dans toutes les échoppes, pour en trouver à prix d'or dans la dernière du village, avant de prendre la route. Je crois avoir savouré cette gourmandise sur 2km, et Chat a englouti le sien. Chacun sa façon d'apprécier, en tout cas nous étions bien heureuses.



Cette balade était magnifique, nous croisions quelques fois des fermes et des maisonnées. Nous avons vu des troupeaux, des rizières en escaliers, des paysans qui travaillaient dans la montagne. Nous avons croisé également des enfants qui jouaient, sortant de nulle part. Nous marchions un peu à l'aveuglette car personne ne comprenait "Changu Narayan" et il n'y avait aucune indication. Le bouquin nous indiquait 12km, mais on les a franchement dépassés. Quand les passants comprenaient ce qu'on cherchait, on nous disait " One hour" mais au bout d'une heure, toujours pas de temple ! On n'en pouvait plus, et le terrain n'était pas forcément plat mais souvent escarpé et en pentes montantes rudes. Les lieux étaient superbes, mais on n'avait presque plus d'eau, et on était surtout épuisées. Nous avons fait une grosse vingtaine de kilomètres (quand on n'a pas l'habitude, c'est un peu dur), pour arriver, enfin, au lieu promis. Mais on l'a fait ! Il commençait à faire un peu nuit quand nous sommes arrivées à l'entrée de ce petit village médiéval qui semblait fortifié (j'avoue que dans ma fatigue, j'ai surtout pensé à comment nous allions rentrer à Kathmandu). On était obligés de payer 100 roupies par personne pour entrer.

La jeune fille qui tenait le comptoir nous a demandé d'où on venait, comment on était venues, où on allait. Questions classiques. Elle et son amie ont été surprise d'apprendre tout le chemin qu'on avait fait à pied, et elle nous ont demandé si on voulait qu'elles nous conseille un hôtel où dormir. Heu...non, on rentre à Kathmandu ce soir, on a notre avion demain pour Delhi et on part à 7h de notre hôtel.
Nous avons eu droit à des rires et puis, plus sérieusement, à des " Closed Nepal " à tout bout de champ. On a essayé de se faire expliquer ce qu'il pouvait bien se passer aujourd'hui pour que le pays soit en si grosse grève. Deux trois badauds venaient se joindre à la conversation, ou plutôt à la moquerie de ces deux blanches échevelées qui ne comprennent rien.
On nous a expliqué qu'on n'aurait ni bus (on s'y attendait) ni taxi pour rentrer à Kathmandu ce soir. Un homme nous a dit qu'un de ses amis pouvait venir nous chercher en taxi mais il exigeait 3500 roupies. On a refusé, mais ils ont tous continué à nous pousser à accepter. Chat et moi avons commencé à sérieusement nous énerver, car ces gens essayaient de nous extorquer de l'argent, la nuit tombait, et nous étions à 10km de Bahktapur (voir ici) la ville la plus proche. Ils nous disaient "Bahktapur, impossible". Chat leur disait "Possible, I can walk!!". Ils n'ont trouvé qu'à se moquer sans chercher à réellement nous aider. Je me suis mise de côté, car j'étais si exténuée que j'aurais hurlé ou éclaté en sanglots. Ou les deux.


Nous avons tout de même payé et sommes allées voir le Dubar Square. J'ai essayé de me calmer en observant inlassablement chacun des quelques petits temples. Lorsque vraiment j'en ai eu marre, incapable de me concentrer et surtout d'apprécier cet endroit pour lequel nous avions eu une journée difficile, j'ai voulu rejoindre Chat. Introuvable. Des petites filles n'arrêtaient pas de me suivre et de me parler en me faisant des signes, mais dès que j'essayais de leur demander quoi que ce soit elles se moquaient. J'ai cherché Chat tranquillement puis avec de plus en plus d'angoisse. Elle n'était plus à Dubar Square. J'ai commencé à la chercher dans ce village inconnu, suivie des jumelles, et des artisans me disaient "your friend, here" sur mon passage. Je paniquais vraiment : je n'avais pas de téléphone où la joindre, elle avait le bouquin avec toutes les indications, j'avais tout notre argent. Et enfin je l'ai retrouvée. Elle était paniquée aussi, elle me cherchait. Mais je m'étais mise très en colère qu'elle parte sans moi (satanés nerfs : en fait, elle pensait que j'étais partie).



Lorsqu'on est sorties du village, ça a été le comble. J'ai compris que le taxi ne viendrait jamais, qu'il n'avait finalement pas été appelé. J'étais furieuse, et Chat et moi sommes parties à pied, fâchées à cause de la fatigue,  en direction de Bahktapur. Un jeune garçon en moto nous a vues, nous a demandé où nous allions et s'est un peu moqué de nous en l'apprenant, mais il nous a dit "get up, I take you to Bahktapur". Et nous voilà, à trois, sur la moto, traversant la campagne népalaise au coucher du soleil. Idyllique !
Ce charmant népalais nous a déposées à la porte d'un taxi qui nous a ramenées à l'hôtel en très peu de temps, et nous avons pu nous délasser de cette journée mouvementée devant un bon repas, en bouquinant et jouant au Bagh Chal (voir ici).




Au dessert, nous voulions quelque chose pour nous remonter le moral : du chocolat. On a commandé un brownie pour 2, et on nous a servi un immense bout sec comme de la pierre, une sorte de brique marron. Alors j'ai demandé un verre de lait (en priant pour qu'il ne soit pas infâme ou tourné, ou jaunâtre comme ici), et le serveur est venu me redemander 2 fois si je voulais un verre de lait, il me prenait pour une folle. Les 3 serveurs nous ont épiées pour essayer de comprendre ce qu'on faisait de ce verre de lait. C'était juste pour tremper le brownie, mais on a été prises pour des  demeurées. Ce qui nous a bien fait marrer !
Le lendemain, nous quittions le Népal pour retourner dans la fournaise indienne. Je vous raconterai un de ces jours l'aéroport, ça aussi c'est rigolo.
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2 commentaires:

  1. Ahah çà me rappelle plein d'choses!! :) Nagarkot, pareil pour la vue!! on espérait une super vue, on a eu que des nuages!! :( et pour les énervements, pas trop au Népal, mais on a eu notre dose en Inde! ;) Bon c'est le premier article que je lis en tombant dessus par hasard, je crois que j'ai de la lecture avec les précédents!!

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  2. Hello Xofia ! Merci d'être passée par là !Tu es donc allée à Nagarkot? Quand ça? Et en Inde aussi? Qu'as-tu fait, qu'as-tu vu?? J'adore les récits de voyage :)
    Tu retrouveras peut-être des galères que tu as vécues dans mes autres récits!

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