S'installer quelque part, même pour quelques semaines seulement, entraîne inévitablement des habitudes. La boulangère, le pharmacien, le vendeur de journaux, le kiosque qui me recharge ma carte de téléphone ou la loterie qui me recharge ma carte de bus. Le portier, le café d'en bas, bref, même loin de chez soi et de sa "vraie vie", on se recrée un quotidien. C'est cela que j'aime lorsque je voyage. Encore hier un ami me disait "tu es bien partout où tu es!" C'est vrai, en partie. Je dois pouvoir me sentir chez moi, à chaque instant j dois pouvoir me dire "je pourrais poser mes valises et vivre là, prendre ce bus, aller travailler tous les jours". Finalement il me semble que c'est une question d'être bien avec soi, non? Je me souviens de l'an dernier à Noël, j'explosais car je ne trouvais plus ma place, le voyage ne répondait plus à ce que j'en attendais. Il aura fallu aller à Auroville pour retrouver du sens à je que je vivais.
Je l'ai déjà dit plusieurs fois je le sais bien, mais chaque jour cela m'interpelle. On rencontre donc des gens qui, sans nous connaître, entrent dans nos vies. Et on entre dans la leur! J'aime cela, cet intérêt pour les autres, ce soin même ténu. Il me semble qu'en France, à Paris du moins, les rapports sont bien plus froids et distants.
En Milonga, on rencontre énormément de monde sans connaître personne finalement, mais en même temps, on se recroise quasiment tous les soirs et je suis toujours surprise quand untel se souvient de choses que j'ai pu lui dire entre deux danses, il y a plusieurs jours. Cela glisse simplement. J'ai fait de jolies rencontres a Buenos aires, que cela soit dans le tango ou en dehors. Elles ont donné une couleur a ce voyage qui, comme mon périple indien, est un voyage initiatique qui me fait grandir, sur bien des aspects (il y a des embûches évidemment, des moments de doutes et de questionnements). J'ai recroisé ici des gens rencontrés à Paris, en Normandie, à Barcelone, en Inde. J'ai découvert avec des inconnus des connaissances communes et je me rend compte que le monde est très petit, tango ou pas. Après un mois à Buenos aires, passé à danser, me promener, découvrir lieux, nourriture et gens, je pars jeudi pour une dizaine de jours de voyage dans le nord argentin. J'ai hâte car cela me rappellera mon itinérance indienne, et en même temps j'ai cette boule au ventre de quitter le connu, défaire mes repères, m'en créer de nouveaux. C'est un mélange de crainte (ne pas savoir faire, me perdre...) mais surtout d'excitation, de l'imprévu, du nouveau. Me retrouver seule dans le silence de la forêt d’Iguaçu ou sur les routes rocheuses et colorées du nord-ouest, voilà une perspective qui m'enchante : lire, écrire, méditer... Cela me renvoie à mon séjour dans ce monastère zen du sud de l'Inde où j'ai passé du temps en juin dernier, ou encore cet endroit incroyable au Sri Lanka, il y a tout juste un an. Le monde a tant de choses à nous offrir, il y a tant de lieux qui nous attendent que cela donne le tournis !
Vous ne trouvez pas ?
source image 1
Formidable... J'aime te lire, à travers tes mots tu me fais voyager. Ce que j'aime surtout, c'est toute cette joie, cette excitation que tu transmets, c'est un bonheur de te savoir épanouie ! Continues de t'ouvrir ainsi au monde, ça te va si bien...
RépondreSupprimerCamille