jeudi 15 novembre 2012

Bilan de deux mois en Inde !

Voilà deux mois que je me réveille tous les jours en me disant « c’est formidable, je suis en Inde, que va-t-il m’arriver aujourd’hui ? » Tout est si imprévisible, fascinant, nouveau, étonnant, étrange, incompréhensible, différent ! Depuis mon bilan du mois dernier, j’ai mis mes pieds dans le Gange et compris l’importance spirituelle de ce fleuve qu’on appelle ici « Mother Ganga ». J’ai retrouvé mon amoureux, fait un safari dans le désert du Thar à dos de chameau et dormi à la belle étoile avec les renards qui rodaient dans les dunes, visité des forts dignes du Seigneur des Anneaux, touché le Taj Mahal, porté un sari, négocié pendant des heures pour toutes sortes de choses. Je me suis retrouvée dans une jeep avec 21 autres personnes, en panne d’essence, sans personne qui ne parle un mot d’anglais. Je me suis payé un massage ayurvédique, j’ai vu une chèvre avec une veste et un buffle avec un collier de perles, été prise en photos 300 fois par de parfaits inconnus, j’ai sillonné le Rajasthan jusqu’à ne plus en pouvoir, et j’ai mangé, mangé, mangé. Tout est tellement bon si vous saviez ! Ce que je préfère, c’est la nourriture de rue. Une seule règle : mangez là où sont les femmes et vous ne serez pas malades ! J’applique cette méthode depuis deux mois, et ça marche ! 


Je suis actuellement à Varanasi ( = Bénarès), la ville sainte par excellence. En mourant là, les hindous sont certains de sortir du cycle de réincarnation et d’atteindre enfin l’Eveil : beaucoup de gens font donc des pèlerinages pour venir mourir ici, où il existe des mouroirs destinés à cet effet. La mort côtoie la vie quotidienne, on peut voir les bûchers funéraires sur les marches qui mènent au Gange au milieu d’une promenade. Je n’y suis pas encore allée car je ne m’y sens pas prête : la mort chez nous est un tel tabou que voir des corps enveloppés dans des linceuls et plongés dans le Gange ou en train de brûler sur un bûcher pourrait m’être violent. Partout on peut voir des gens aux crânes rasés : des fils ainés qui sont venus remplir les rites funéraires de leurs parents ; des femmes qui ont donné leurs cheveux en offrande au Gange au terme de leur pèlerinage à Varanasi. En ce moment, c’est Diwali, la fête des Lumières, sorte de noël indien. Les pétards claquent à tous les coins de rue, les feux d’artifice illuminent le ciel, envoyé depuis les toits-terrasse des maisons. On ne s’embarrasse pas de sécurité ici, et chaque année on compte plusieurs morts et blessés graves.

Je suis à Varanasi pour quelques semaines, afin d’aider un peu Emi dans son association Zindagi. Elle a créé une école pour les enfants d’un bidonville de Varanasi. La scolarisation des enfants, ainsi qu’un petit déjeuner quotidien sont financées par les ventes d’une boutique de bijoux qu’Emi a également créée : elle fait elle-même de ravissants bijoux.

En ce moment, c’est les vacances, mais dès lundi, j’attaque à l’école ! Je prends conscience tous les jours de la chance infinie que nous avons, les femmes en France, d’être libres. Nous pouvons faire les études que nous voulons, décider ou non de nous marier, être indépendantes, louer un appartement seules… Ici, la condition des femmes est telle que j’en ai parfois des haut-le-cœur. J’essaye de comprendre, mais c’est si différent de notre conception de la vie que c’est difficile. Je lis en ce moment le très bon livre d’Elisabeth Bumiller, May you the Mother of a hundred sons, qui m’éclaire un peu. Dans quelques mois, je comprendrai peut-être mieux…

Une chose est sûre, même si la salade verte et le fromage de chèvre me manquent (ainsi que famille, amis et amoureux), je ne voudrais pas être ailleurs qu'ici... Tout est si enrichissant, je me sens grandir !


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28 commentaires:

  1. Merci Blanche, pour ce très bel article ! Je suis heureuse d'avoir de tes nouvelles, et surtout d'apprendre que tout va bien, que tu es épanouie et heureuse !
    C'est un plaisir de lire tes aventures. Question : t'intéresses-tu au yoga ?
    Bisous :)

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    1. Merci Submarine !!
      pour le yoga, j'aimerais en faire, mais j'ai essayé une fois ici, c'était un attrape touristes et ça m'a un peu dégoutée... peut etre plus tard dans mon voyage!
      gros bisous!

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  2. Très beau récit de ton aventure ! Je ne connais pas l'Inde, je ne sais même pas si j'ai envie d'y aller un jour. Mais je l'imagine très pauvre, très humain, très colorée, très épicée

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    1. Merci Marcelle ! Je pense qu'on est appelé par l'Inde, mais en tout cas tu imagines bien! Et même si c'est en effet pauvre (en tout cas plus pauvre que chez nous évidemment), c'est un fonctionnement et une économie différente...c'est passionnant en tout cas !

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  3. Je suis tellement heureuse que tu écrives de si loin...
    Blanche continue, et grandit, grandit grandit...

    Bonne route

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    1. Merci Pelin, je suis très touchée! On n'st finalement pas si loin que ça, toutes les deux... comment ça se passe, pour toi ?

      bisous et belle route aussi!

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  4. C'est toujours plaisant de te lire et de te sentir si bien.Profite et fais nous partager;Le Taj Mahal est magnifique,27 ans après je l'ai parfaitement en mémoire.

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    1. Merci beaucoup Quenotte ! Le Taj est en effet assez incroyable!!!

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  5. Merci pour ce compte-rendu si positif! Continue d'en profiter ;o)

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  6. Quel beau voyage, on sent qu'il dessine en toi une cartographie intérieure. Ce que tu dis de Varanasi me fait penser à un film que j'avais beaucoup aimé :Water.

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    1. On m'a justement parlé de Water il y a quelques jours : je prévois bien sûr de le voir bientôt!!
      J'aime beaucoup ton expression de cartographie intérieure : c'est beau!!
      bisous Sophie!

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  7. " Je prends conscience tous les jours de la chance infinie que nous avons, les femmes en France, d’être libres." j'avais eu le même ressenti quand j'étais là-bas... on se rend tout de même très vite compte de la chance qu'on a finalement au quotidien d'être né en France !

    http://thechieuzonthecake.wordpress.com/

    des bisous !

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  8. Très heureuse de voir que tout se passe pour le mieux pour toi chère Blanche!! Profites à fond de cette expérience qui sera inoubliable et dont tu retiras des leçons de vie inestimable. Merci de partager avec nous ce quotidien si riche :) Bisous

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    1. Coucou ma chère Laeti! tout va bien oui, même si j'ai une petite baisse de régime depuis quelques semaines : la ville où je suis me prend toute mon énergie, c'est terrible!!
      Je t'embrasse!

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  9. C'est chouette tout ça :) de découvrir une culture très différente, même si c'est destabilisant parfois, voire rageant, concernant la condition des femmes :s je suis allée en Inde il y a trois ans, à Calcutta et dans le Mizoram, c'était chouette:) bisous!

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    1. Coucou Elo! oui tu as raison, c'est parfois rageant, mais tellement passionnant !
      Comment as tu trouvé Calcutta, qu'y as-tu fait?
      Et le Mizoram, c'est un état de l'est? Je ne prévois pas d'y aller, mais raconte!!

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  10. Je crois que je vais passer outre mes angoisses, me laisser aller et me faire plaisir. Tout comme vous avez eu le courage de le faire. Bien vous en a pris semble t'il. Merci pour toutes ces informations.

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    1. Bonjour,
      et bien, ce pseudo sent la détresse!! C'est dur de passer outre parfois, lorsque l'angoisse nous assaille totalement... il faudrait peut etre envisager une aide extérieure ?
      bon courage

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  11. Je trouve cela assez amusant (enfin, si je puis dire) de tomber sur un article qui parle de Varanasi (Bénarès donc) puisque je viens de commencer le Bénarès-Kyoto d'Olivier Germain-Thomas !

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    1. Bonjour Corka, et bienvenue sur mon blog! merci pour tes commentaires divers! Alors ce livre, comment est-il ??
      Bénarès est une ville formidable...

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    2. Bonjour, c'est un plaisir ! Je dirai que le livre commence bien et que notre écrivain voyageur a vite quitté l'Inde, j'en suis à un chapitre où il débarque en Chine ! ;)

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    3. Tout dépend de tes goûts mais pour le moment, il s'avère intéressant, si tu aimes les livres d'écrivains-voyageurs...

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  12. Et quand prendras-tu un bateau pour découvrir du fleuve ces ghats inouis. Si tu y vas au petit matin, alors que tu ressentiras la fraîcheur, il te semblera insensé de voir ces hommes, ces femmes, avec leur vase à prière, s'immerger à plusieurs reprises dans l'eau froide, psalmodiant des prières. Juste à côté sur les marches brûlent les corps, les chiens rôdent, les chacals aussi. Et puis ces sadhus assis immobiles pendant des heures, fixant le soleil levant, levé et se couchant... Allez tu en as vu bien d'autres maintenant, la mort est espoir pour les indiens, pas comme chez nous, c'est un début peut-être...

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    1. Bonjour Marie ! Et bien figure-toi que j'ai justement pris avant-hier un bateau pour voir la ville se réveiller, à 5h30, et c'était époustouflant. Cette ville est vraiment magique, les lumières du ciel qui se reflètent sur le Gange sont magnifiques ! Je grelottais presque de froid, et voir ces pèlerins, ces saddhus, ces personnes en deuils qui se purifiaient ou se lavaient dans le Gange, se plongeant, s'aspergeant, m'a vraiment impressionnée. Plus de saddhus fixant le soleil à en devenir aveugle. J'ai demandé, mais apparemment on n'en voit plus de ce genre... Ils sont sans doute ailleurs, là où c'est plus calme et moins touristique. Plus de chacals non plus..

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  13. Bonjour Blanche,
    je découvre ton blog et suis conquise par ta façon d'écrire!
    je suis allée en Inde il y a trois ans (déjà! comme le temps passe vite) et j'ai adoré! il faut savoir passer outre la terrible pauvreté des enfants et les demandes incessantes des conducteurs de rickshaw pour découvrir un pays tellement riche culturellement et humainement!
    je me retrouve beaucoup dans ton aventure car j'avais aussi pris un train de 12 heures pour aller à Varanasi, qui fut ma ville préférée du pays. Les gens y sont plus paisibles, le rythme un peu ralenti, il y a comme un air de spiritualité qui flotte le long du Gange.
    à bientot pour de nouvelles aventures :)

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