mercredi 2 janvier 2013

De la relativité de l'argent

Aujourd'hui, j'ai pris un bus de Fort Cochin à Trivandrum (oui, on dirait le nom d'un camp romain dans Astérix). Le trajet durait 6h, et coutaît 143 roupies. J'ai tendu au contrôleur moustachu mes 200 roupies, et il m'a rendu 50 roupies au bout de 2h. Je lui ai demandé le reste de ma monnaie : il m'a dit des choses fumeuses que je n'ai pas comprises, sans doute parce qu'il parlait moitié anglais moitié malayalam (la langue kéralaise). J'ai attendu, je me suis dit qu'il avait largement le temps de me rendre mes 7 roupies. Mais alors que je les lui ai demandé une seconde, puis une troisième fois, j'ai bien saisi qu'il ne me les rendrait jamais. J'ai bouilli de rage, mince alors, 7 roupies, c'est un grand chaï, c'est 2 bananes et demi, c'est un samosa, un sachet de peanuts grillés, c'est... la liste est longue. 7 roupies, c'est un dixième du salaire du paysan, un centième de mon budget quotidien... Bref, en Inde, 7 roupies ça n'est pas rien, et j'étais agacée de me faire encore voler (oui, j'ai plein d'histoires à vous raconter...). Mais alors que j'allais les lui réclamer pour la quatrième fois, je me suis retenue et j'ai tenté de mettre les choses en perspective. 7 roupies, c'est un centime d'euros. Ce centime qui fait toute la différence pour les consommatrices, entre un produit à 9,99€ et 10€. Mais qui n'a pas fait tomber un centime d'euro et l'a laissée là parce que ce n'est pas grand chose ? Un centime d'euros, ça n'achète rien. C'est psychologique. Mais ici ça peut remplir un ventre, payer des médicaments, réparer un vélo, payer un peu d'essence. Je les lui ai laissées bien sûr. Cette mise en perspective m'a fait avoir honte de mon comportement. Mais ce n'est pas pour quelques piécettes que je me bats, mais pour le fait que les étrangers se font sans cesse avoir ici. Pour tout. On a un pouvoir d'achat complètement dingue ici, si vous saviez ! Mais est-ce une raison pour payer 10 fois le prix local ? Pour ne pas récupérer sa monnaie ? Une indienne ne laisserait jamais un commerçant garder une roupie de monnaie. Alors pourquoi devrions-nous laisser passer ça ? Si on se place dans une nouvelle perspective, pouvons-nous imaginer en France de faire payer plus cher des japonnais juste parce que ça se lit sur leur visage qu'ils sont étrangers ?
Ici, ma relation à l'argent change. Je me bats pour quelques centimes d'euros tous les jours, alors qu'en France, je dépense bien plus volontiers. Pensez-y : une baguette coûte 1,10€. Ici, pour 100 roupies, on a beaucoup de choses... C'est le principe d'être vue comme un portefeuille sur pattes me déplaît tant, et je calque mon comportement sur les indiens, je les interromps pendant leur chaï pour leur demander combien ils l'ont payé, j'apprends les chiffres en hindi pour pouvoir comprendre les négociation au marché. J'essaye de tenir un budget très serré, rognant sur mon confort, sur la propreté, sur la tranquillité d'esprit. Mais il devient nécessaire de prendre en compte cette relativité de l'argent parfois, sinon toute l'énergie y passe. Trouver le juste milieu, mais ce n'est pas simple...
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1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec toi.
    Ta fin résume bien les choses. Tu aurais été dans un autre pays, tu n'aurais pas laisser ta monnaie aussi facilement. Mais là, 7 roupies ca ne vaut pas l'energy que l'on dépense a essayer de les récupérer.

    Courage ma belle.
    Tu rends quand ?

    Bises d'Istanbul!
    Pelmaaa

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