Après 15h de train, je n’étais pas très fraîche lorsque je
suis arrivée de bonne heure à Varanasi le 13 novembre. C’était le jour de
Diwali, (équivalent indien de noël). J’ai filé à l’école, sans passer par les
cases douche et lit dont je rêvais depuis des heures, parce que les enfants
recevaient des sweets pour l’occasion. Lorsque je suis entrée dans la petite
cour de l’école et que je les ai vus, alignés sous le préau à attendre leurs
douceurs, le visage heureux, les yeux pétillants et un sourire aux lèvres,
toute la fatigue s’est envolée, et je me suis sentie très émue. Emue, mais
aussi timide : allaient-ils m’aimer ? Est-ce que je n’allais pas
faire d’erreurs, est-ce que j’y arriverai ? Avec qui allais-je avoir des
accointances ? Allais-je me souvenir de tous leurs prénoms ? Toutes
ces questions se sont pressées dans ma tête, je dois l’avouer : ces
petites têtes brunes m’intimidaient !
Cinq semaines se sont écoulées, et maintenant les questions
qui se pressent sont différentes : vont-ils
rester à l’école ? Les reverrai-je ? Se souviendront-ils de moi ?
Est-ce que je leur ai vraiment apporté quelque chose ? Eux m’ont apporté
tellement ! Je me suis attachée à chacun d’eux, leur préparant le petit
déjeuner tous les matins avec amour et attention, vérifiant les vrais bobos des
uns et les faux des autres (parce qu’ils veulent tous avoir des pansements et
sont prêts à se blesser exprès pour en avoir…), j’en ai amenés quelques-uns
chez le médecin, j’en ramenais certains le soir sur mon vélo. Leurs cris de
joie lorsque je leur montrais les différents types de coloriages, que j’ai
sorti les billes ou que nous avons fait un petit tournoi de relais résonnent
dans ma tête. Un rien les rend heureux, et c’est une leçon précieuse. Malgré la
barrière de la langue (je ne baragouine que quelques mots usuels d’hindi et eux
presque pas d’anglais) j’ai réussi à communiquer avec eux, à avoir des « private
jokes », à rire, faire des blagues. Qui l’eut cru ?
Bien sûr, ce sont des enfants, et donc je rentrais parfois
épuisée, sur les nerfs, et frustrée de ne pas pouvoir me faire comprendre
lorsqu’ils faisaient une bêtise ou semblaient poser une question. Comment aider un enfant qui a mal sans savoir de quoi il souffre ? Une petite fille qui pleure lorsque je lui demande pourquoi elle se conduit mal et si elle a des problèmes à la maisons, comment lui apporter mon aide ? Un câlin et un bisou effacent les larmes, mais les blessures sont peut-être plus profondes, et j'ai dû me résigner à mon incapacité à les soulager. C'est la vie, je ne suis qu'humaine !
Si vous voyez un bout de blond, bah c'est moi ! Les enfants sont si excités par les photos qu'ils ne tiennent pas en place deux minutes ! J'adore ! |