Les mots imposés pour l’édition 51 du jeu Des mots, une histoire sont : guide – retour – nuit – couleur – dédicace – clé – cinéma – rocher – brouillard – étoile – orthodromie – exceptionnel – cascade – oublier – nacelle – sensualité – résolution – graphe – ivresse – galette – tintamarre – impensable
Pierre regarda autour de lui et fut surpris du désordre qui régnait dans sa chambre. Il se mit à faire place nette, fit son lit, ramassa les papiers et les vêtements épars, avec le minuscule chaton qui ne se lassait pas de mordiller ses chaussettes. Lorsque ses yeux rencontrèrent les livres étalés au bas de son lit, il eut un pincement au cœur parce que c'était exactement comme ça qu'il les aimait : étalés, tous à disposition de sa main lorsqu'il était assis sous les couvertures. Il décida de les laisser ainsi puisque, de toute façon, quand bien même il referait maintenant une pile bien nette, il savait que dès ce soir, il la ferait dégringoler en furetant parmi eux.
Un jour peut-être, prendrait-il la résolution de ranger tous ses livres dans la bibliothèque du salon, et de les sortir un par un, mais ça ne serait certainement pas ce soir. Et puis, lorsqu'il se promenait dans sa maison, il aimait voir des livres partout où son regard se posait. Il en avait été tellement privé dans son enfance malheureuse qu'aujourd'hui, il voulait enrayer la frustration de ce petit garçon qui vivait toujours en lui et compenser toutes les carences auxquelles il avait été exposé à cause de sa mère.
Accoudé au rebord de la fenêtre, il savourait la fraîcheur de l'obscurité qui s'installait, douce et silencieuse. La pénombre s'emparait de ce royaume de la nuit. Il eut tout à coup une folle envie d'aller profiter de cette calme fraicheur. Il sortit promptement de chez lui et lorsqu'il ouvrit le portillon qui séparait son jardinet du sentier, le doux carillon au son cristallin résonna dans le silence.
Aimerait-elle ce son, qui l'avait si ému lorsqu'il l'avait entendu la première fois ? Comment était-elle réellement ? Après tout, quand bien même il avait eu l'intuition profonde de qui elle était, avait-il saisi la réalité de sa personne ? Était-elle un mirage ?
Il s'oublia dans ses pensées, sans prêter la moindre attention à la direction que semblaient prendre ses pieds. Totalement absorbé, il se rendit tout à coup compte qu'il venait d'entrer dans la clairière qu'il aimait, seul espace ouvert de cette forêt mystérieuse où les sapins avaient été décorés par les villageois. Cette clairière n'était pas très grande : un peu vallonnée, elle était entourée d'arbres, et principalement de bouleaux dont la blancheur des tronc était rendue argentée grâce aux rayons de la lune. A une des extrémités, un gros rocher semblait comme sorti de terre. S'il pouvait, il lui dédicacerait cette clairière. Il alla s'asseoir sur le sol froid et dur, s'appuyant contre la paroi rugueuse du rocher. Il soupira et regarda le ciel. Tout était si noir, si pur, que les étoiles ressemblaient à des lumières scintillantes : le brouillard de la veille s'était complètement dissipé. Aucun son ne lui parvenait, seul le craquement fait par quelque animal lui rappelait qu'il n'était pas seul au monde. A cet instant, il ressenti une plénitude, l'ivresse d'un bien-être complet.
Il était resté là longtemps, immobile ; il n'aurait pas su dire pour combien de temps, lorsque tout à coup, son œil fut attiré par une étoile filante, illuminant un instant le firmament de cette cascade éclatante et enchantée. On eut presque dit une nacelle enflammée dans ce ciel couleur de plomb dont le parcours serait orthodromique.
Les yeux de Pierre sortirent de leur torpeur pour rencontrer la lune, ronde ce soir comme une galette.
Cette idée un peu farfelue le fit se rendre compte qu'il n'avait rien mangé depuis le déjeuner et qu'il lui fallait penser au retour mais il savait qu'alors, il retrouverait ses cartes et ses graphes, ainsi que tous ses préparatifs qui l'attendraient de pied ferme. Cette longue méditation l'avait fait voguer sur des images de sensualité et de beauté. Il avait fait le rêve d'un amour comme au cinéma, mais c'était impensable, n'est-ce pas ? Quelle était la clé ? Devait-il se laisser guider par le tintamarre de ses sentiments ou par celui de sa raison et de ses pensées destructrices ?
Si vous avez raté les premiers épisodes, ils sont disponibles ici : (1, 2, 3, 4, 5)
Pierre regarda autour de lui et fut surpris du désordre qui régnait dans sa chambre. Il se mit à faire place nette, fit son lit, ramassa les papiers et les vêtements épars, avec le minuscule chaton qui ne se lassait pas de mordiller ses chaussettes. Lorsque ses yeux rencontrèrent les livres étalés au bas de son lit, il eut un pincement au cœur parce que c'était exactement comme ça qu'il les aimait : étalés, tous à disposition de sa main lorsqu'il était assis sous les couvertures. Il décida de les laisser ainsi puisque, de toute façon, quand bien même il referait maintenant une pile bien nette, il savait que dès ce soir, il la ferait dégringoler en furetant parmi eux.
Un jour peut-être, prendrait-il la résolution de ranger tous ses livres dans la bibliothèque du salon, et de les sortir un par un, mais ça ne serait certainement pas ce soir. Et puis, lorsqu'il se promenait dans sa maison, il aimait voir des livres partout où son regard se posait. Il en avait été tellement privé dans son enfance malheureuse qu'aujourd'hui, il voulait enrayer la frustration de ce petit garçon qui vivait toujours en lui et compenser toutes les carences auxquelles il avait été exposé à cause de sa mère.
Accoudé au rebord de la fenêtre, il savourait la fraîcheur de l'obscurité qui s'installait, douce et silencieuse. La pénombre s'emparait de ce royaume de la nuit. Il eut tout à coup une folle envie d'aller profiter de cette calme fraicheur. Il sortit promptement de chez lui et lorsqu'il ouvrit le portillon qui séparait son jardinet du sentier, le doux carillon au son cristallin résonna dans le silence.
Aimerait-elle ce son, qui l'avait si ému lorsqu'il l'avait entendu la première fois ? Comment était-elle réellement ? Après tout, quand bien même il avait eu l'intuition profonde de qui elle était, avait-il saisi la réalité de sa personne ? Était-elle un mirage ?
Il s'oublia dans ses pensées, sans prêter la moindre attention à la direction que semblaient prendre ses pieds. Totalement absorbé, il se rendit tout à coup compte qu'il venait d'entrer dans la clairière qu'il aimait, seul espace ouvert de cette forêt mystérieuse où les sapins avaient été décorés par les villageois. Cette clairière n'était pas très grande : un peu vallonnée, elle était entourée d'arbres, et principalement de bouleaux dont la blancheur des tronc était rendue argentée grâce aux rayons de la lune. A une des extrémités, un gros rocher semblait comme sorti de terre. S'il pouvait, il lui dédicacerait cette clairière. Il alla s'asseoir sur le sol froid et dur, s'appuyant contre la paroi rugueuse du rocher. Il soupira et regarda le ciel. Tout était si noir, si pur, que les étoiles ressemblaient à des lumières scintillantes : le brouillard de la veille s'était complètement dissipé. Aucun son ne lui parvenait, seul le craquement fait par quelque animal lui rappelait qu'il n'était pas seul au monde. A cet instant, il ressenti une plénitude, l'ivresse d'un bien-être complet.
Il était resté là longtemps, immobile ; il n'aurait pas su dire pour combien de temps, lorsque tout à coup, son œil fut attiré par une étoile filante, illuminant un instant le firmament de cette cascade éclatante et enchantée. On eut presque dit une nacelle enflammée dans ce ciel couleur de plomb dont le parcours serait orthodromique.
Les yeux de Pierre sortirent de leur torpeur pour rencontrer la lune, ronde ce soir comme une galette.
Cette idée un peu farfelue le fit se rendre compte qu'il n'avait rien mangé depuis le déjeuner et qu'il lui fallait penser au retour mais il savait qu'alors, il retrouverait ses cartes et ses graphes, ainsi que tous ses préparatifs qui l'attendraient de pied ferme. Cette longue méditation l'avait fait voguer sur des images de sensualité et de beauté. Il avait fait le rêve d'un amour comme au cinéma, mais c'était impensable, n'est-ce pas ? Quelle était la clé ? Devait-il se laisser guider par le tintamarre de ses sentiments ou par celui de sa raison et de ses pensées destructrices ?
Si vous avez raté les premiers épisodes, ils sont disponibles ici : (1, 2, 3, 4, 5)
Bel exercice, beau texte.
RépondreSupprimerTu écris vraiment bien
Bises
Merci Sylvie ! Oui, j'aime bien cet exercice d'Olivia :-)
SupprimerBises!
Joli texte. J'aime le parcours de l'étoile filante.
RépondreSupprimerSi je peux me permettre : ivresse de bien-être et ensuite prostré ? (=accablé)
Merci Olivia ! Tu as raison, j'ai pas mal hésité avec le mot prostré, en fait, le premier jet disait plutôt "Immobile"... Je vais changer ça.
SupprimerMerci :-)