mercredi 20 juillet 2011

Sur le pont d'Avignon on ne dansera plus en rond

Je vous l'avais annoncé ici : j'étais prête à tout pour aller à Avignon cet été, après 15 ans d'absence. Je voulais absolument voir cette pièce, Enquête sur Hamlet, écrite et mise en scène par un couple d'amis comédiens qui m'ont presque vue naître. Alors hier, en famille restreinte, direction Avignon ! Ce n'est qu'à 200 km de là où nous sommes, donc en 2h ça serait bouclé, et nous aurions le temps de nous promener (ou de voir une autre pièce, car je suis gourmande de théâtre en ce moment).
Au bout de 50km, il s'est mis à pleuvoir tellement fort que nous nous demandions si nous n'allions pas faire demi tour. Enfin, de mon côté, je n'avais pas trop la tête à ça puisque j'ai voulu profiter de la voiture pour téléphoner un peu aux diverses administrations pour le nouvel appartement. Grand mal m'a pris! J'ai parlé 2h (je ne plaisante pas) avec une dizaine de services différents de Neufbox, qui ne pourra installer Internet que vers la fin du mois d'octobre (!!!) Donc j'étais furieuse, mais j'ai essayé de ne craquer qu'à la fin, et je dois dire que je suis fière de n'avoir hurlé que sur la 12ème et dernière opératrice. Mais cela n'a pas servi à grand chose puisqu'aucune solution ne peut être apportée à mon problème.

Au bout de 150km, conseil de famille sur une aire d'autoroute : est-ce qu'on allait renoncer ? Je pense que tout le monde y était prêt, mais c'était trop bête d'être arrivés jusque-là pour repartir broucouilles. Alors nous avons continué, et sommes arrivés avec soulagement dans un Avignon magnifiquement ensoleillé, 4h après notre départ. Pour nous consoler un peu, nous sommes allés manger sur le pouce dans un endroit où ma mère allait très souvent lorsqu'elle jouait à Avignon : La Mirande.

Endroit de beauté silencieuse, de luxueuse douceur, de pureté rassurante. Jardin protégé aux pieds du Palais des Papes, où les rosiers iceberg Fée des neiges côtoient les Pierre de Ronsard et les citronniers, ainsi que les Hydrangeas avec le chèvrefeuille, et encore d'innombrables plantes délicates. En rentrant là, mon petit frère de 14 ans nous a quand même dit :

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté, 
Luxe, calme et volupté"

J'avais ça en tête quand il l'a dit. Et franchement, réciter un poème quand il entre dans un lieu n'est pas dans ses habitudes. Ce lieu magique et intemporel nous a ensorcelés. Le maître d'hôtel nous a accueillis avec une gentillesse sincère, et une nuée de serveurs est arrivée en papillonnant pour nous installer dans ce jardin des Hespérides. Nous avons bu un champagne qui m'a paru extraordinaire de bulles dorées. J'ai croisé Jeanne Moreau, merveilleuse vieille dame à la voix si belle, rauque et grave. Elle déjeunait à 10 mètres, et une douceur bienveillante s'émanait d'elle.
J'aime cet univers simplement beau. Nous avons pourtant dû nous en arracher pour courir au théâtre du Petit Chien qui Fume, pour voir notre pièce. Thème intéressant, reprise d'un bouquin de Pierre Bayard. Mise en scène psychédélique et amusante, les acteurs étaient très bons, et il y avait des morceaux de la pièce de Shakespeare qui étaient repris, ce qui m'a beaucoup plu car j'aime les pièces "classiques". Faire le postulat que l'auteur se serait trompé, ou que le personnage qu'il crée serait indépendant de la plume de l'auteur, voilà qui donne à réfléchir! Les hypothèses tournaient un peu trop autour d'elle-mêmes, mais l'ensemble était appréciable : j'ai passé un bon moment.

Avant de reprendre la route, retour à La Mirande pour boire un thé dans ce lieu exquis. Mais quelle catastrophe ! Les pâtisseries (pas celles qu'on avait commandées) sont arrivées tellement après le thé qu'il était froid, la théière minuscule remplie à moitié n'a fait que frustrer notre soif de grandes buveuses de thé, ma mère et moi. Les gens qui venaient repartaient tellement ils devaient attendre qu'arrive l'unique pauvre serveuse qui devait tout faire. Où était passé l'essaim de serveurs joyeux du midi ? Peut-être que cela nous a permis de quitter ce lieu d'exception avec un peu moins de peine. On nous a toutefois offert de généreuses tranches d'un merveilleux gâteau au pavot, un délice frangipané qui réveille les papilles !

L'aller était presque oublié, quand nous avons dû refaire 4h de route pour rentrer. Pas à cause de la pluie cette fois mais des embouteillages et des routes mal indiquées. Je n'en pouvais plus. Alors à Avignon, Vincent Delerm nous dit qu'il "y a des projets balèzes", j'en suis sûre ! Mais je ne sais pas si j'y retournerai de sitôt, peut-être que ces 8h de trajet pour 1h30 de pièce ont été un peu de trop. Pourtant, j'ai aimé l'ambiance théâtrale à chaque coin de rue, où des centaines d'affiches étaient placardées, tellement qu'on ne saurait que choisir ! Mais tout est sale, des papiers et flyers jonchent le sol, des comédiens épuisés tentent de rameuter du public. Peut-être y retournerai-je dans 15 ans, pour ne pas faillir à la tradition !
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4 commentaires:

  1. "(...) pour repartir broucouilles" : c'est quoi cette expression ? Je ne connaissais pas, mais j'adore !!!

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  2. HAha oui, j'avais dit d'où ça venait et finalement je l'ai enlevé...c'est dans les Inconnus, dans le sketch des chasseurs qui "repartent broucouilles" (il faut imaginer avec l'accent!) Je pense que cette vidéo est la bonne : http://www.youtube.com/watch?v=vH2GdDrJpKg

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  3. Ca semblait constructif malgré les aléas :)

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