vendredi 30 mars 2012

Non assistance à personne en danger

Je l'ai lu d'une traite, ou presque. 200 pages, une écriture simple, des phrases de fin de chapitre qui hérissent les poils, brisant les maigres espoirs que l'on s'était forgés sur le sort des personnages. "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de Didier Decoin ne m'a pas laissée indifférente. J'en ressors choquée, surtout en me disant qu'il s'agit d'une histoire vraie.
Vous ne savez-pas de quoi il s'agit ? C'est le livre qui a inspiré le film "38 témoins" sorti la semaine dernière. Catherine Kitty Genovese, une jeune italo-américaine ravissante rentrait chez elle tard, dans le Queens, après sa soirée de travail en tant que manager d'un pub, une nuit d'hiver en 1964. Elle s'est faite froidement massacrer, violer, trucidée, devant chez elle, et surtout devant 38 témoins, oculaires ou visuels, qui étaient tous au chaud derrière leurs fenêtres, immobiles. Tétanisés. Par quoi exactement ? Cette histoire a tellement secoué l'Amérique que la théorie de "l'effet du témoin" a été développée par des sociologues à l'époque, tant l'affaire était immonde. Comment peut-on rester à ne rien faire alors que quelqu'un est en train de se faire attaquer sauvagement devant soi ? Est-ce la peur, la honte, l'idée qu'il ne faut pas s'occuper des affaires des autres ? Comment justifier cette lâcheté qui fait partie de la nature humaine ? On peut se demander : que ferions-nous si nous étions témoins de choses horribles ? Est-ce qu'on regarderait avec une passion un peu morbide, secoués du petit frisson que nous apporte cette nouveauté ? Est-ce qu'on fermerait les rideaux, on se boucherait les oreilles ? Est-ce qu'on mettrait sa vie en danger pour sauver celui qui, impuissant, se fait agresser devant nous ?

Catherine Kitty Genovese
Je me suis souvenu d'une scène très choquante il y a un an. Je marchais dans une petite rue que je connaissais bien, quand un couple d'une soixantaine d'années, qui se disputait en anglais, à débouché au coin. L'homme, en imper beige, avait l'air soûl, mal en point, et la femme étriquée dans son manteau trop serré, mal à l'aise, la mine suppliant les passants de la secourir d'on ne sait quoi. J'ai changé de trottoir pour mieux garder à l’œil cet homme louche. Ce n'était pas de la curiosité malsaine, je sentais qu'il fallait être vigilante. Et tout à coup, l'homme a sauté à la gorge de sa femme pour l'étrangler. C'était horrible, tout était au ralenti. Je me suis figée, elle m'a regardée en me criant "au secours, aidez-moi, il m'étrangle" dans un français avec un accent. J'étais incapable de bouger, quelque chose m'a clouée sur place. Mais ça n'a duré qu'une fraction de secondes : j'ai couru alerter les policiers que j'avais aperçus dans la rue d'à-côté. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour cette femme, ni pour cet homme. Je suis partie : elle n'était plus en danger immédiat. Pourquoi ne suis-je pas resté jusqu'au bout ? Mon sauvetage se serait-il alors mué en voyeurisme malsain ? Je ne sais pas. J'avais oublié cette histoire depuis longtemps mais ce livre me l'a rappelée. Il m'a rappelé aussi les fois où j'ai été tétanisée d'appeler les pompiers ou la police parce que j'entendais des choses anormales dans mon immeubles, tentant de me convaincre que les sons étaient déformés par la distance et l'insonorisation des murs. Avais-je raison ? J'avoue cette faiblesse, que j'essaye de comprendre depuis que j'ai refermé ce livre. Pourquoi pouvons-nous agir à certains moments et non à d'autres ? Ou agir incomplètement, comme si on voulait se cacher d'avoir peut-être sauvé la vie de quelqu'un? Portons-nous la responsbilité de la vie d'autrui lorsque nous sommes le seul témoin, et que nous estimons s'il y a d'autres témoins ils sont tout aussi responsables, que ce n'est pas à nous d'appeler la police ?
Craignons-nous de nous tromper, d'attirer les foudres de celui qu'on croyait coupable ? A-t-on peur des représailles ? Ou bien a-t-on peur d'avoir vu juste, et de découvrir des atrocités inimaginables?
On se targue souvent d'être altruistes, mais que sommes-nous exactement, lorsque nous sommes face à la détresse d'un autre ? Donner une pièce à un SDF pour se donner bonne conscience n'est pas suffisant si c'est pour refermer le rideau quand il se passe quelque chose de grave. L'indifférence et la lâcheté sont des comportements choquants et indécents, mais que faire ?

Je vous engage à lire ce livre, qui est dur et poignant, certes, mais qui fait réfléchir. A la suite de cette affaire, le numéro unique "911" a été mis en place, sauvant la vie de milliers de personnes. La mort de Kitty n'aura pas été vaine pour cela. Et n'oublions jamais : la non-assistance à personne en danger est un délit en France.

Je suis curieuse d'avoir vos avis là-dessus, vos témoignages de vie ou de lectures...
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lundi 26 mars 2012

Le mardi de l'optimisme #2

Décidément, je ne parviendrai jamais à tenir mon lundi de l'optimisme, initié chez Laeti ! Je n'y arrive que le mardi, parce que le dimanche soir j'aime goûter chaque dernier instant du week-end, et le lundi je n'ai pas toujours la tête à écrire un article...

Le temps estival me rend heureuse et insouciante en ce moment, je me sens régénérée face à un ciel si bleu, à un soleil qui commence à réchauffer la peau, les les camélias sont en fleur, quelle beauté ! On sent le monde qui se réveille à nouveau, après cette période hivernale à laquelle on ne peut échapper. Samedi nous en avons donc profité pour aller faire un pique-nique aux Buttes Chaumont : ça nous a rappelé les délicieux pique-nique qu'on se faisait presque tous les weenk-end, à Toulouse, parfois même pendant la semaine. La vie d'étudiant avait du bon quand même, surtout dans une si jolie ville où les couchers de soleils rosissent les briques rouges et les irisent de tons orangés et ocres.

Dimanche, je suis allée voir un film très beau, sur Alexandra David-Néel, "J'irai au pays des neiges" de Joël Farges. Cette femme est la première a avoir pénétré dans les contrées tibétaines interdites...en 1924 ! Pendant plus de 10 ans, elle  voyagé en Inde, seule, laissant son mari derrière elle, pour se consacrer à sa quête de sens : comment atteindre la béatitude et le Nirvana. Première Bouddhiste française, elle cherchait des réponses. Elle a sillonné le monde, avide de découvertes et de savoirs. Le film retrace les années indiennes et tibétaines, mais cette femme, éteinte à 102 ans, a eu un destin incroyable. Je vous conseille de regarder cette petite vidéo sur le tournage. C'était une avant-première, la salle était comble. Je me suis sentie transportée par les images et la musique, je sentais presque les fumées d'encens des temples, je ressentais presque le goût des nourritures que l'on voyait. J'ai adoré, le film avait même un goût de trop peu.

Dimanche, j'ai aussi passé du temps avec mon petit frère que je vois trop peu, j'aime qu'il grandisse car maintenant, nous commençons à avoir toutes sortes de discussions et cela me plait. Il n'a que 14 ans mais il me dépasse déjà, et c'est quelqu'un de formidable même si il est en permanence dans son monde à lui.
J'ai aussi revu mon petit groupe de très bonnes amies, que je n'avait pas vues ensemble depuis l'été dernier. Cela fait du bien !


Sinon, je découvre tous les jours la magie que peut apporter un blog : faire des rencontres inattendues, savoir que les mamans de vos amis vous lisent quotidiennement ou presque, faire voyager, faire rêver... Je profite de ce billet pour remercier toutes ces personnes qui me laissent des petits mots, ou pas, mais qui passent et repassent par ici parce que ça leur plait...

Voilà, toutes les bonnes petites nouvelles ou pensées que je voulais faire partager pour cette semaine ensoleillée... Et vous, qu'avez-vous de joli ou de plaisant à raconter, qui vous rend heureux ?

Source images : weheartit
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mardi 20 mars 2012

Le mardi de l'optimisme (à défaut du lundi)

Je voulais tellement vous parler de la magie du souvenir hier que je n'ai pas écrit mon petit billet sur les belles choses du lundi, chronique initiée lundi dernier grâce à cette douce Laetii.

Que dire des belles choses qui m'arrivent ? Je ne veux pas tout dévoiler trop vite sur mon blog, mais disons que j'ai eu la confirmation d'un projet qui me tient terriblement à cœur et je vis quelque chose d'incroyable : je me rend compte que de nombreuses personnes sont prêtes à m'aider à le mener à bien, sans rien en retour, même si ils ne me connaissent que peu, voire pas... Je suis ravie de me rendre compte que l'on puisse être si désintéressé, et je saurai me souvenir de tous ces gens qui m'aident et me conseillent...

La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de pouvoir déjeuner dans un parc, en plein soleil, avant de retourner travailler et ça a été un véritable bonheur pour tous mes sens. J'aime voir que les magnolias bourgeonnent, que les plantes commencent à avoir de ravissantes petites pousses vertes claires... ne pas être en province ou à la campagne pour la naissance de ce printemps est un peu difficile pour moi, mais heureusement qu'il y a les parcs parisiens !

Et puis après 3 déceptions littéraires, je lis un livre qui me plait beaucoup, "D'autres vies que la mienne" d'Emmanuel Carrère, offert par My Little Discoveries lors d'un concours de noël. C'est un livre qui me touche particulièrement car il évoque la relation à la maladie, au cancer. Il me semble qu'il y ait une mise à nue de l'auteur, en filigrane de cette histoire vraie qu'il raconte. Je me réjouis à l'idée que ce livre ait récemment été adapté au cinéma.

Je participe au SWAP littéraire de Leiloona avec ma chère insatiable Charlotte. Le principe est de faire un petit colis avec des livres mais plein de petites surprises pour notre binôme. Je suis toute excitée et j'aime beaucoup penser à tout ce que je vais mettre dans mon colis pour lui faire plaisir !

En ce moment, tous les rêves, toutes les envies, tous les désirs me semblent possibles et réalisables. La vie est belle, riche de rencontres et de petits moments anodins et pourtant si précieux ! Alors sur ces paroles, je vous souhaite une excellente semaine ! (Mais je reviendrai très vite pour vous raconter le ballet de Casse-Noisette que je suis allée voir dimanche...)

Et vous, votre semaine ? Qu'avez-vous de beau et doux à partager ?


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lundi 19 mars 2012

La magie du souvenir

Je suis toujours fascinée par la magie de l'inconscient. Il m'arrive souvent d'avoir des moments de déjà-vu, qui est un phénomène dont aucune explication scientifique ne m'a jamais satisfaite. Je suis persuadée d'avoir eu des vies antérieures : la sensation très forte, énigmatique, qu'une partie de moi s'est retrouvée à cet endroit avant que mon corps ne naisse. J'ai eu une ardente intuition il y a presque un an, alors que je venais d'arriver à Delhi et que je respirais l'air indien pour la première fois. Nous marchions dans une rue de Old Delhi, où la saleté et la puanteur m'émerveillaient plus qu'autre chose : ma raison savait que cet endroit était immonde et répugnant, et pourtant une autre partie de moi, plus diffuse, plus intime, m'a fait me dire "J'ai toujours vécu ici, c'est ma maison". Un picotement au nez m'a saisie en écrivant cette phrase, que je n'ai que rarement révélée jusqu'à maintenant. Ce fut une certitude troublante et rassurante à la fois. Mon âme s'était-elle reconnectée aux lieux qu'elle avait connus dans le passé ? Si on croit à la réincarnation de l'âme, à la métempsychose, alors je dirais que c'est fort probable. Étais-je une indienne en sari, une vache sacrée mâchant mollement sur un tas d'ordure ? Un poisson dans la rivière, une poule caquetant, un petit garçon porteur d'eau ? Étais-je là encore avant, alors que Delhi n'était qu'une contrée sillonnée par les nomades, envahie de bêtes sauvages ? Qui pourrait le dire ?

Beaucoup de choses que nous vivons sont refoulées dans notre inconscient, plus ou moins profondément. Et parfois, il suffit d'un minuscule déclencheur pour tout faire ressurgir. Je n'ai que très peu de souvenirs conscients de mon enfance : avant 8 ans je ne me souviens de ma vie que par fragments reconstitués à l'aide de photos et de récits. Lorsque mon inconscient m'ouvre une petite fenêtre sur mon enfance, j'accueille cette réminiscence avec joie et reconnaissance. Et ça m'est arrivé samedi soir. En achetant un parapluie à Carrefour (glamour n'est-ce pas ?) une chanson quelconque m'a fait penser à quelque chose mais impossible de me souvenir. Au bout d'un moment "le souvenir m'est apparu" : c'était une chanson d'Emilie Jolie qui me trottait dans la tête ! On l'avait écoutée à noël pour rigoler, mais je n'avais aucun souvenir des autres chansons de ce disque qui m'a accompagnée des années dans mon enfance. Et alors je l'ai écouté, et toutes les paroles me sont revenues en tête, des pans entiers de mon enfance me sont réapparus. J'ai trouvé ça magique, bien que ça ait été très fugace.

Cela m'arrive aussi de plus en plus avec des odeurs, même si je n'arrive pas à mettre de souvenir dessus tant elles peuvent être ténues, mon corps se souvient de la sensation éprouvée à l'époque, et la revit...

Ces passeurs vers le souvenirs sont précieux, inattendus, géniaux...

Est-ce que cela vous arrive ? De quelle façon ? Racontez-moi !!!


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mardi 13 mars 2012

Alice au Pays des Merveilles

Je repensais à Alice au Pays des Merveilles aujourd'hui. Depuis quelques temps, c'est mon dessin animé préféré (oui, j'aime les dessins animés, parfois c'est si simple, si euphorique...) car il est vraiment décalé. On n'y parle pas de princesses à délivrer, de prince en armure, non, on entre dans la psyché d'une petite fille par le biais d'un rêve... J'avais lu le livre en anglais il y a quelques années, et c'est un vrai petit bijou d'invention. Lewis Carroll nous fait complètement replonger en enfance, dans ces moments de rêverie où l'on croyait que tout était possible, il n'y a plus de barrières aux rêves. Ma phrase préférée est celle-ci : "Où est donc le gentil crocodile qui fait glisser l'eau du Nil sur l'armure de ses écailles?" : cette phrase est magique, tout est complètement inversé, c'est le crocodile qui décide du courant du Nil !

J'aime la poésie qui émane de toute cette histoire. J'ai été terriblement déçue de l'adaptation de Tim Burton, je comprends que cela puisse plaire mais le morbide qui en ressort est absolument odieux je trouve (pourtant, l'étrange noël de M. Jack est un de mes films préférés). J'aime le Disney, emprunt de douceur et de chansons entêtantes, de couleur, de vie.

J'avais juste envie de dire deux mots là-dessus, désolée de ne pas vous offrir un billet un peu plus fourni ! Et vous, que pensez-vous d'Alice au Pays des Merveilles ? Est-ce que cela vous enchante, vous émerveille comme moi ?
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dimanche 11 mars 2012

Un joli lundi

Le lundi est toujours une journée difficile, il faut faire le deuil de son week-end, de sa liberté enfantine retrouvée pour se remettre à des choses plus sérieuses de la vie quotidienne ... C'est en tout cas ce que disait Laeti lundi dernier ; et pour contrer cette humeur maussade qui nous assaille dès le dimanche après-midi, elle propose de dire tout ce qui va bien le lundi.
Je trouve que c'est une chouette idée, et j'ai envie de vous parler de mon week-end qui me permet de commencer ma semaine gonflée à bloc, ravie de me lever pour participer au monde et en dénicher sa beauté qui se révèle sous ses aspects les plus anodins parfois ! (je vous rassure, je n'ai rien fumé)
Souvenez-vous, il y a deux mois je racontais la première session de ma formation de développement personnel ici. Cette formation, "Toutes les femmes que je suis", permet de mieux comprendre le féminin dans tous ses aspects (c'est ouvert aux femmes mais aussi aux hommes qui sont très concernés!). J'aime beaucoup cette formation car j'apprends à mieux me connaitre, mieux comprendre mes comportements, à échanger, à penser à des choses qui me semblaient oubliées jusque-là. Je replonge par moments dans mon enfance, j'envisage l'avenir, j'appréhende le beau champ des possibles qu'offre la vie dans la connaissance et l'épanouissement de soi, des relations, des autres. J'adore apprendre ce dont on me nourrit à cette formation : pourquoi on n'apprend pas de choses si passionnantes à l'école ?
J'ai vraiment la sensation que je vais pouvoir construire consciemment et sainement la personne que je serai "plus tard"dans ma vie de femme, de mère...

Justement, le thème de ce module était "La mère" et je me suis tellement reconnue, bien que je n'en sois pas une ! Nous étudions les archétypes du féminin (la compagne, la jeune fille, la mère, la battante, l'amoureuse, la tête, la sœur) par le biais de déesses de la mythologie grecque, donc en plus on apprend à décrypter les mythes, c'est passionnant ! Nous travaillons parfois à analyser les contes de fée vus comme la psyché d'une seule et même personne (comme dans les rêves : nous sommes potentiellement tous les éléments du conte). En plus de cet enseignement et cet éclairage sur soi, nous travaillons chaque fois sur une émotion et un sens qui sont liés à l'archétype : ce week-end nous avons étudié l'empathie et le goût. Du coup, on a fait un petit atelier culinaire tous ensemble afin de "charger d'intentions positives" de la nourriture qu'on devait préparer pour tout le groupe, et un autre atelier de "dégustation à l'aveugle" afin d'apprécier consciemment un met sans l'aspect biaisé de la vue et de la connaissance de ce qu'on va mettre dans la bouche. C'était très intéressant : beaucoup d'images, de souvenirs me sont apparus.
Et pour clôturer le week-end, petit atelier de créativité sur le thème des cycles, intimement lié au thème de la mère. On a du représenter notre parcours de vie, comme on le voulait (par le dessin, la peinture). C'était un exercice que j'ai trouvé douloureux et difficile mais passionnant, j'en suis sortie complètement lessivée.

A la fin de chacun de ces week-end de formation, je me sens vraiment enthousiasmée car ce qu'on apprend est inédit, passionnant, nous permet de travailler sur nous (car il s'agit, avant tout, de développement personnel) et ça me convient. Tout au long du mois, nous avons un travail personnel à faire : noter ses émotions, repérer les situations de triangle dramatique que l'on vit, travailler sur la "question de vie" élaborée au cours du week-end pour chacun, et contacter son binôme afin de parler de tout ça d'ici le mois prochain...

Je sens que je vais encore me lancer là-dedans avec grand plaisir, en attendant le prochain module !

PS : J'avoue qu'en relisant mon article, je me dis que j'en ai sans doute perdu en route, ne me prenez pas pour une tarée, c'est juste différent de ce dont on a l'habitude mais c'est fascinant... Si vous avez l'impression que j'ai parlé en russe mais que ça vous intéresse que je vous parle un peu plus d'une chose ou d'une autre, dites-le moi !(Bon et j'avoue que mes images ne sont pas adaptées mais elles sont jolies... )

Et vous alors votre week-end ? Comment envisagez-vous votre semaine, avez-vous passé un bon lundi?


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Aujourd'hui je me souviens...

... je me souviens de ce 11 mars 2011 où j'ai écrit le premier billet sur mon blog. Tout était prêt depuis plusieurs semaines, j'avais un peu peur de me lancer, et puis un soir, sur le canapé de mon appartement, à Toulouse, j'ai posté... je me souviens ce sentiment d'étrangeté qui m'a saisie, de honte d'avoir écrit quelque chose d'un peu niais. Je me rappelle avoir supprimé et re-publié trois fois mon message, pas très sûre de moi. J'étais fascinée par ce nouvel espace qui m'appartenait désormais. Puis j'ai envoyé dans l'univers des billets, de plus en plus nombreux, sans savoir qui allait me lire, comment les gens tomberaient sur mon blog, comment il serait perçu : j'en lisais très peu à l'époque. Et j'ai eu la belle surprise de me rendre compte que ce journal intime ouvert à tous était lu, apprécié, commenté. Grâce à lui, j'ai fait de belles rencontres, virtuelles et réelles. J'ai partagé des idées, des points de vue, des bons plans, des livres, des attentions. Quand je me replonge dans mes anciennes publications, je me souviens de chaque moment qui a entouré l'écriture du billet, ils sont comme des clés permettant à ma mémoire de se rappeler ce passé si proche et pourtant lointain à cause du tourbillon dans lequel on vit au quotidien. J'ai adoré raconter mon périple en Inde et au Népal, je n'ai jamais fini ma chronique, de peur que le voyage soit réellement terminé, mais j'ai aussi parlé de mes coups de coeur, de mes colères, de mes états d'âme... J'ai enfin osé reprendre la plume après des années d'inhibition, j'ai commencé à participerje suis donc plutôt émue, parce que ce blog m'a apporté beaucoup de choses, directes et indirectes, et j'espère que cela continuera.

Merci aux fidèles qui me suivent depuis le début, à ceux qui sont arrivés après, aux anonymes qui ne se font pas remarquer, merci de vos gentils messages, de vos attentions, de votre soutien.
Et pour ceux qui en auraient envie... on peut toujours se boire une tasse de thé !

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jeudi 8 mars 2012

Le Printemps - jeu d'écriture

Elle le trouvait touchant dans sa laideur. Pourtant, il fallait que cette comédie cessât : elle ne voulait pas le blesser ni prendre ses airs de grande princesse, mais elle n'aurait pu imaginer un instant céder à ses avances. Le chauffeur de son père était adorable mais ventru ("horriblement ventripotent" s'était même exclamé sa mère lorsqu'elle l'avait vu la première fois) et son teint était d'un rubicond dont elle ne parvenait à définir clairement l'origine : était-ce la boisson ou sa timidité maladive qui le faisait rougir dès qu'elle lui apparaissait ? Elle le sentait mélancolique, déçu de la vie qui l'avait affublé de cet air un peu repoussant, de cette voix éraillée, de ce corps trop encombrant. Elle l'entendait parfois jouer de l'harmonica avec langueur lorsqu'il attendait le père d'Héloïse pour l'emmener à ses rendez-vous. Ceux-ci pouvaient avoir lieu n'importe quand, et le chauffeur devait toujours être disponible. Quelle vie !

Elle pensait à tout cela en se promenant dans le jardin, la lettre à la main, souriant à la vue d'un nid d'hirondelles dans les branches du vieux bananier stérile, humant les amandiers en fleurs, caressant délicatement les boutons de rose qui promettaient des senteurs extraordinaires, un peu plus tard dans la saison. Les coquelicots qu'elle apercevait contre la clôture seraient bientôt d'un rouge vif qui attire l’œil et annonce l'été. Le soleil était déjà haut dans le ciel d'un azur éclatant : on l’appellerait bientôt pour le déjeuner. C'était son dernier jour à la maison ; les travaux commenceraient demain et pendant toute la durée du chantier, elle serait chez sa grand-mère. Ses parents s'étaient "ruinés", encore selon l'expression de sa mère, pour agrandir la maison où "ils se sentaient à l'étroit maintenant qu'elle était plus grande". Pourtant, elle allait partir à l'université, cet automne, poursuivre ses études de philosophie. Elle lut à nouveau la lettre, sur laquelle des lignes, tracées au crayon pour que l'écriture fut droite, étaient encore apparentes. Comment pouvait-il ainsi faire son apologie tandis qu'ils ne s'étaient parlé que quelques fois, avait-il perdu le nord ? Non, elle savait bien qu'il ne divaguait pas, elle aussi avait senti qu'il s'était bel et bien passé quelque chose. Lorsqu'elle lui avait apporté les tartines de beurre l'autre jour, préparées par la cuisinière, elle avait ressenti un magnétisme enivrant, elle se savait liée à lui mais elle n'aurait su dire pourquoi ni comment. Ces sentiments légers étaient nouveaux pour elle, et ne savait que faire : devait-elle faire un pas vers lui et céder à cette étonnante attirance ?

Les mots imposés pour cet exercice d'Olivia : automne – nord – chauffeur – ceux-ci – amandier – crayon – page – maison – chantier – ventripotent – azur – philosophie – rubicond – apologie – princesse – rose – bananier – clavier – nid – ruiner – harmonica – coquelicot – magnétique – beurre – comédie

Source image : http://www.flickr.com/photos/creature_comforts/5547832976/in/faves-bouquetdebamboo/
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mardi 6 mars 2012

Pensée fugace

Humeur mélancolique ce matin. Je refuse pourtant de me laisser aller au désespoir, à la crispation, à l'anxiété. Je me suis réveillée à 4h20 du matin, autant dire que la journée va être très difficile à tenir au bureau. Mais je souhaite entamer cette journée sous le signe de l'espoir, de la beauté du monde, de la simplicité des choses. Malgré tout ce qui nous arrive, il est toujours possible de se raccrocher à l'essentiel qui nous anime, à le replacer au cœur de l'important. Le reste n'est que superficialité et contingence : c'est une question de changement de points de vue je suppose. C'est difficile et pourtant, c'est vital : ne garder en tête que l'essentiel. L'image de ces enfants me touche beaucoup : l'espoir est possible partout, la confiance indéfectible en la vie peut nous faire tout réussir, j'en suis certaine.

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Passagère du Silence

Quelle magnifique expression, n'est-ce pas ? C'est le titre d'un livre absolument fabuleux de Fabienne Verdier. Ce livre trônait dans ma bibliothèque depuis presque 5 ans : je l'avais pris à ma mère qui me l'avait conseillé et je n'avais pas encore trouvé LE moment précis où je devais/voulais le lire : ce moment est arrivé la semaine dernière alors que je sortais de mon petit week-end de prostration. Je n'aurais trouvé moment plus propice pour le lire : chaque phrase avait un tel écho en moi que j'en étais émue comme lorsqu'on lit de la poésie dont les mots sont si justes, si bien choisis, qu'ils résonnent en nous et nous émeuvent profondément, faisant jaillir des émotions fourmillantes.

Fabienne Verdier raconte comment, à 19 ans, elle est partie en pleine Chine communiste au début des années 1980, au fin fond du Sichuan, pour apprendre les secrets de la calligraphie antique. Elle nous raconte avec beaucoup d'humilité et de sincérité la façon dont elle a vécu pendant ses "10 ans d'initiation", à travailler jour et nuit, dans des conditions matérielles et d’hygiène terribles. Elle n'a pas simplement appris à peindre comme on le fait en occident. Son maître l'a abreuvée pendant des années, tous les jours, de la culture ancestrale chinoise, de la façon de penser des anciens, d'envisager la vie sous l'angle de la poésie, de la nature, du sens profond des choses. Il lui a appris comment un trait doit saisir la vie, la représenter, la diffuser. Un trait trop réfléchi, pas emprunt de vie, est "mort-né" et alors il faut recommencer, inlassablement... Cette philosophie qu'il lui a enseignée est bouleversante de beauté et fait sens pour moi.
Elle nous raconte sa persévérance, alors qu'on n'a cessé de tenter de la décourager de nombreuses fois. Le travail minutieux, la patience dont elle a du faire preuve en aurait effrayé plus d'un : pendant des mois, elle a du peindre des traits, elle n'a pas eu le droit de faire autre chose avant d'avoir entièrement saisi le mouvement de vie qui devait emplir son trait... je ne vais pas vous raconter tout le roman mais je vous livre quelques passages qui ont retenu mon attention :

"... j'essayais d'entrer en communion avec l'esprit de la peinture, même si je n'avais devant les yeux que de mauvaises reproductions. J'aimais sa phrase 'la mémoire, cette trace furtive, éphémère, nous enseigne doucement, mais sûrement, la saveur de l'immortalité'. J'ai grandi intérieurement à parcourir ces images qui devenaient des entités vivantes."

" 'Il s'agit de suggérer sans jamais montrer les choses, disait le maitre. L'ineffable, en peinture, naît de ce secret : la suggestion. Tu dois parvenir à saisir cet état, entre le dit et le non-dit, entre l'être et le non-être. A un lettré qui avait écrit un poème sur la pensée, son neveu rétorqua : 's'il existe une pensée, un poème ne saurait l'exprimer parfaitement ; s'il n'y a pas de pensée, pourquoi écrire un poème ? - Mon poème se situe justement entre la pensée et l'absence de pensée' répondit le Lettré."

" J'ai compris en arrivant en Chine que mon séjour n'aurait de sens que si je me pliais à un apprentissage rigoureux : si je voulais maîtriser le trait, je devais en effet interpréter les barres horizontales pendant des mois, emprunter la voie des grands peintres. Très vite, je me suis rendue compte en maîtrisant la technique que, pour aller plus loin, je devais m'initier à leur philosophie. Je dois beaucoup à mon maitre qui n'a jamais dissocié la peinture de la pensée chinoise et a tenu à m'enseigner les deux parallèlement. En Chine, je me suis formée à un style de peinture mais peut-être avant tout ai-je formé mon esprit, appris à le gérer pour enfin devenir adulte."


Après son diplôme chinois, elle est revenue en France puis repartie à Pékin comme attachée culturelle. Heureusement qu'elle ne s'est pas attardée à ce poste, car elle n'avait plus le temps de peindre... De retour en France, elle vit désormais de ses œuvres. Curieuse, je suis allée voir son travail sur internet, et ce que j'ai vu m'a coupé le souffle. Il y a des photos d'elle dans Passagère du Silence, lors de son séjour afin qu'on voit son environnement de travail, les maîtres qui l'ont initiée, les lieux des Territoires Interdits qu'elle a visités et dont elle parle... mais pas de photos de son travail. Ce que j'ai vu m'a fascinée. Était-ce parce que j'avais lu ce livre que j'ai ressenti la puissance de ses œuvres, l'énergie fantastique qui s'en dégage ? Difficile à dire. J'en ai parlé à des amis ce WE, pensant que personne ne la connaissait mais si, tout le monde s'est exclamé "Ah mais oui, Fabienne Verdier est incroyable" et quelqu'un m'a dit avoir été soufflé par ses toiles sans même savoir de qui il s'agissait... Peut-être donc que cette énergie vitale est perceptible même si on ne connait pas son histoire.
Ses techniques sont inhabituelles : elle prépare ses fonds de toile pendant des mois, et lorsqu'ils sont secs, elle peint. Si le tableau ne lui convient pas parce qu'il manque de cette force vitale que son maitre lui a enseigné, elle le brûle. Aujourd'hui, elle travaille parfois sur d'immenses format, utilisant des pinceaux géants à la verticale, elle devient elle-même le pinceau, elle danse sur sa toile, lui donnant vie. Je trouve cette femme magique et modélisante, elle est sublime dans sa passion et j'ai hâte de voir ses tableaux en vrai. Elle mérite qu'on lui rende hommage.

"L'inachevé est le principe de ma peinture. Dans le flux du coup de pinceau, c'est le blanc volant au coeur du souffle, c'est le vide qui circule dans le plein du trait et qui laisse advenir la matière." F.Verdier dans Entre ciel et terre
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samedi 3 mars 2012

L'attente

Avant, on pouvait attendre des semaines avant d'avoir des nouvelles d'un être cher parti loin, des mois, parfois des années. On pouvait patienter, s'appliquer, persévérer, prendre le temps de faire les choses. Dans un livre magnifique dont je parlerai bientôt, l'auteure nous raconte ses 10 ans d'initiation à la calligraphie ancienne en Chine communiste, dans les années 1980. Elle travaillait si dur que je me demande si aujourd'hui on pourrait faire de même. Nous vivons dans l'immédiat, dans l'instant. Il nous faut tout, tout de suite, si bien qu'on ne peut aller au fond des choses, mêmes les passions semblent survolées car elles doivent cohabiter avec d'autres passions. Je me sens bouillonnante d'idées et d'envies, je veux tout tout de suite. Impossible d'imaginer le moment où j'aurai enfin mon diplôme : cette dernière année me semble le bout du monde. Il se passe tellement de choses, à l'intérieur de moi mais aussi autour, que je ne peux plus attendre. L'attente est une torture, et je vis dans cette torture quotidiennement en ce moment.
J'attends de connaitre mon affectation Erasmus pour l'an prochain. Je me réveille la nuit en y pensant, j'ai des sueurs froides de ne pas être envoyée là où j'en ai envie, de ne pas faire une spécialisation qui me plaira. J'y pense en permanence, je suis incapable de défocaliser. L'angoisse de partir loin, quitter mon amoureux et ma famille, avoir une nouvelle vie, découvrir de nouveaux lieu dans une autre langue, cette angoisse existe, mais celle qui prend le dessus est le lieu où je partirai... et je veux savoir, maintenant, maintenant ! Je n'en peux plus d'attendre, pourtant ce n'est qu'une question de jours à présent. Je suis en pilote automatique dans tout ce que je fais, dans un tunnel, je ne vis plus que dans l'attente de cet e-mail de délivrance, qui me dira si oui ou non, je partirai dans cette université dont je rêve, ou ailleurs. J'attends ce moment depuis 2 ans, mais le dernier mois est d'une terrible cruauté. Je regarde ma boite mail de l'école 150 fois par jour, sachant pourtant bien que c'était trop tôt pour avoir la réponse. Et hier, une fausse alerte m'a presque fait m'évanouir. J'ai peur de cette nouvelle, je préfèrerais garder mes espoirs sainement jusqu'au bout, mais je me pourris la vie à coup de pronostics, montées d'angoisse, de tristesse, de désespoir. J'en rêve la nuit, et j'ai beau avoir conscience de ma folie, impossible de m'en détourner. Alors je me suis dit qu'écrire, ça m'aiderait peut-être.
Dans quelques jours je saurai, et quelle que soit la destination, je serai soulagée parce que l'attente aura enfin pris fin. 

Comment vivez-vous les attentes, parvenez-vous à les gérer sereinement ?

Source image : http://de.gosupermodel.com/profiles/?id=3244695
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